Peau et microbiote : les incroyables vertus des probiotiques
On connaissait leur action dans les yaourts, pour réguler la flore et renforcer l’immunité… C’est exactement ce qu’ils font aussi pour votre peau.
On s’est familiarisés avec eux grâce à une célèbre marque de produits lactés, mais ces bactéries bénéfiques n’agissent pas seulement au niveau de l’intestin. Sur la peau, il existe aussi un microbiote composé de milliards de micro- organismes vivants appelés probiotiques (bactéries, virus, levures…), qui interagissent fortement avec nos cellules. Une découverte qui bouleverse la façon d’envisager le soin de la peau.
« Il y a vingt ans, on pensait que les virus et les bactéries provoquaient des maladies. On sait désormais que c’est de l’équilibre au sein du microbiote cutané que dépend la santé de la peau », explique Richard L. Gallo, président fondateur du service de dermatologie à l’université de Californie, à San Diego, et découvreur du microbiote cutané. De quoi revoir toute notre pratique hygiéniste. Plus question de décaper l’épiderme et de tuer toutes les bactéries ; le but est plutôt de choyer cet écosystème pour ramener ou préserver un équilibre bienfaisant.
Un probiotique, c’est quoi ?
En 2001, l’Organisation mondiale de la santé a défini les probiotiques comme des « micro-organismes vivants qui (…) exercent des effets positifs sur la santé ». Nous avons des probiotiques dans tout le corps et, sur la peau, le microbiote est composé d’un millier de variétés. Leur diversité et l’équilibre entre les populations assurent un rôle protecteur en formant une barrière physique, mais aussi en synthétisant des peptides antibactériens et en stimulant l’immunité cutanée.
Quand des bactéries pathogènes, donc nocives, tentent de s’installer, ces probiotiques envoient des messages aux cellules de l’épiderme pour amplifier la réponse immunitaire. Mais si, finalement, celles-ci parviennent à déséquilibrer le microbiote, la peau va présenter des signes d’inflammation – rougeurs, irritations, sécheresse… – qui peuvent aller jusqu’à des pathologies comme l’acné ou l’eczéma.
Pré, pro et postbiotiques, quelle différence ?
« Les prébiotiques apportent des éléments nutritifs (corps gras, sucres, minéraux…) aux micro-organismes pour favoriser leur développement », explique Luc Aguilar, directeur de la recherche clinique et biologique de L’Oréal Recherche & Innovation. C’est le cas de l’inuline ou du jus de yacon. Les probiotiques des crèmes sont ceux présents à la fois dans l’intestin et dans la peau, car on bénéficie de l’étude plus ancienne du microbiome intestinal.
« Les Lactobacillus acidophilus ou Lactococcus sont des “espèces clés” qui créent un terrain favorable aux autres », observe Marie Drago, créatrice de Gallinée, dont tous les produits contiennent des pré, pro et postbiotiques. Ces derniers sont sécrétés naturellement par les probiotiques. Certains sont obtenus par biotechnologie à partir de la flore des eaux thermales (chez Avène, La Roche-Posay…). Ces bactéries étant des fractions désactivées, le terme probiotique est utilisé de façon générique, car il est plus connu.
Quels bienfaits pour la peau ?
« Ils ont démontré leur intérêt pour rééquilibrer la flore, produire des molécules quasi thérapeutiques et moduler les interactions entre les micro-organismes de leur hôte », note Luc Aguilar. Luc Lefeuvre, directeur R & D d’Uriage, précise : « Les prébiotiques, en nourrissant les probiotiques de la peau, aident à rééquilibrer le microbiote, tandis que les pro et les postbiotiques stimulent l’immunité ». Ils traitent aussi les désordres cutanés : eczéma, acné, pellicules et peaux sensibles, lesquelles se caractérisent par un microbiote où une bactérie surreprésentée crée un déséquilibre.
Sans oublier leur effet anti-inflammatoire. Or l’inflammation joue un grand rôle dans ces pathologies, mais aussi dans le vieillissement. Pour Marie Drago : « D’une manière générale, les probiotiques permettent de retrouver une peau belle et jeune ».
Les probiotiques de ma crème sont-ils vivants ?
« Non, répond Luc Aguilar. La majorité des crèmes proposent des extraits de bactéries, de probiotiques. Les bactéries vivantes sont difficiles à formuler et pourraient compromettre la propreté bactériologique des soins ». Elles ne sont d’ailleurs pas autorisées en cosmétique. Diverses biotechnologies ont donc été développées pour conserver à ces probiotiques « désactivés » des propriétés similaires.
Chez L’Oréal, on cultive les probiotiques en réacteurs et on les filtre pour ne garder que ce qui peut être assimilé par le microbiome. « Chez Gallinée, ce sont des lactobacilles désactivés à la chaleur qui agissent comme des “probiotiques fantômes” et sont reconnus par les autres bactéries », souligne Marie Drago.
« Chez Aurelia Probiotics, il s’agit de bifidobactéries mises en croissance par fermentation, puis désintégrées pour en tirer des “lysats”, qui aident à agir sur le système immunitaire », ajoute Antonia Knox, responsable de la marque. Les probiotiques vivants ? Les labos y travaillent et les avancées technologiques permettront sûrement d’en envisager l’usage, mais il est trop tôt pour en parler.
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