Palmarès Digital Académie 2021 : 8 entrepreneures qui s'engagent pour les nouvelles générations
Madame Figaro et la JFD, accélérateur de croissance fondé par Delphine Remy-Boutang, s’associent pour un nouveau palmarès annuel. Cette édition 2021 est dédiée aux entrepreneures du numérique qui s’engagent et ouvrent de nouveaux horizons.
Cosméto éthique, coaching novateur, intérim vertueux, agriculture régénératrice… Zoom sur huit business models qui ouvrent des horizons pour une jeunesse pas du tout «sacrifiée».
Beauté tracée
Candice Colin, cofondatrice de Beautylitic. L’une des nouvelles voix qui portent sur la planète cosméto, Candice Colin s’est fait connaître grâce au succès de son appli Clean Beauty, sorte de Yuka de la beauté. Avec le lancement d’un deuxième outil, Beautylitic, cette battante milite pour l’irréprochabilité de l’offre en faveur des futures mamans, des ados et des enfants, et accompagne désormais de grands groupes dans leur transformation. Créé avec son associée docteure en pharmacie et cosmétologue, son super logiciel, destiné aux retailers et aux marques, passe à la loupe des milliers de références, autant sur des critères de santé que de développement durable. Pour éliminer les ingrédients controversés des formules, perturbateurs endocriniens en priorité, et mieux accompagner le marché vers plus de durabilité.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Je les trouve infiniment respectueux et courageux. J’espère que cette crise renforcera l’engagement des plus jeunes qui auront été durablement marqués par ce qu’ils auront vécu.»
beautylitic.com
L’IA contre le sexisme
Daphné Marnat, cofondatrice d’Unbias. Les chatbots et les traducteurs automatiques sont-ils sexistes ? Plus qu’on pourrait le croire, affirme cette brillante anthropologue, qui a lancé en mars une solution d’IA (intelligence artificielle) permettant de supprimer les biais discriminants dans les algorithmes de traitement du langage. Selon elle, la machine apprend en nous imitant. Or, dans le milieu des data scientists, à l’origine de ces algorithmes, le manque de parité est criant. Avec sa start-up incubée à Sophia Antipolis, près de Nice, Daphné Marnat a donc créé Unbias, un outil qui part à la rescousse des entreprises désireuses d’accorder leurs éléments de langage à leurs engagements.
En effet, à quoi bon s’investir dans des actions d’inclusion si le chatbot qui répond aux clients multiplie les boulettes ? Usage du féminin pour différentes professions (infirmière, assistante maternelle…), attribution automatique d’un genre dans certaines tournures de phrase («fort» pour chirurgien, «belle» pour chirurgienne). Dans des secteurs utilisant beaucoup l’écrit – comme l’assurance, les transports –, l’accumulation d’erreurs devient vite embarrassante. Pour cette passionnée des sciences sociales qui voit dans le langage le reflet de notre regard sur le monde, le bon usage des mots est bien sûr un acte militant.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Ils ont compris que rien n’était acquis. En acceptant de se couper de ce qui nourrit quand on a 20 ans, ils ont été les plus solidaires. C’est une génération qui sera sans doute moins dans l’illusion du contrôle et qui acceptera mieux l’échec, l’un des moteurs-clés de l’innovation.»
unbias.fr
Ecrire est un jeu
Aude Guéneau, fondatrice de Plume. Mauvais temps pour l’écran ? Pas pour cette ancienne prof de collège, qui a réussi à réconcilier les générations sur ledit objet grâce à Plume, appli ludo-éducative inspirée de la méthode Montessori qui aide les 8-12 ans à développer l’expression écrite grâce à un entraînement quotidien. Chaque enfant voit son récit relu par un comité de lecture avec conseils à la clé. Plume a vu ses ventes boostées depuis le début de la crise, adopté déjà par 3000 professionnels de l’Éducation nationale.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Combativité et résilience. Je suis admirative car les défis à relever sont nombreux : éducation, climat, exclusion…»
plume-app.co
Le sens de l’orientation
Fatma Chouaieb, cofondatrice de Hello Charly.
Fatma Chouaieb, cofondatrice de Hello Charly. «Aucune idée de ce que vous voulez faire plus tard ?» pouvait-on lire sur le site de Parcoursup, quelques mois avant la date limite de l’envoi des fameux vœux. Le message était signé Hello Charly, le nouveau coach d’orientation virtuel référencé par l’Éducation nationale et lancé en 2016 par Fatma Chouaieb. L’entrepreneure diplômée d’HEC s’est fait connaître en 2012 autour de la circulaire Guéant en lançant le Collectif du 31 mai, pour aider les étudiants étrangers à s’insérer sur le marché du travail français.
À tous les jeunes perdus dans le labyrinthe post-bac ou qui s’interrogent sur leur avenir, ce robot gratuit répond donc par du concret et sans subir l’influence de leur entourage. C’est sur smartphone, via TikTok, Instagram, Snapchat ou par textos, que le dialogue avec eux s’engage. Au fil de la conversation, qui peut durer plusieurs semaines, le chatbot ultrapersonnalisé cerne le profil du futur étudiant, puis lui propose des idées de formation et de métier. Un bot est même dédié aux femmes qui souhaitent se lancer dans le numérique.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Inépuisables ! Malgré ce qu’ils traversent, ils sont en ébullition, en construction, en contradiction, en rébellion, y compris lorsqu’on leur demande de se conformer. Ils sont la source même de la transition que l’on vit aujourd’hui. »
hello-charly.com
L’école des champs
Audrey Bourolleau, cofondatrice d’Hectar. D’ici à trois ans, un tiers des fermes françaises seront à reprendre. C’est pour répondre à ce défi, entre autres, que l’ancienne conseillère à l’agriculture d’Emmanuel Macron, associée au fondateur de Free, Xavier Niel, ouvrira en septembre en vallée de Chevreuse une gigantesque école d’agriculture gratuite et accessible à tous, baptisée Hectar. Un projet qu’elle mûrit depuis fin 2019 pour former 2000 personnes par an à l’agriculture régénératrice, une pratique durable pour la planète, économiquement viable et socialement juste. Et participer par là même occasion à la transformation du secteur. Quand la terre, par le biais de l’agritech, reprend des couleurs.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Ils veulent réussir leur vie plutôt que de réussir dans la vie. Ils ont ainsi des attentes fortes vis-à-vis des entreprises dans lesquelles ils sont prêts à s’engager. Pour autant, ils savent faire preuve d’une grande agilité.»
Le périple jeune
Camille Huyghues Despointes, fondatrice de World is a village. C’est en cherchant un voyage à l’étranger pour son ado que cette spécialiste du childcare, qui a créé en 2008 le réseau de boutiques Viens jouer à la maison (cédé depuis à Sodexo), remarque que les catalogues de séjours linguistiques n’ont guère évolué depuis son époque. Elle reprend donc son bâton d’entrepreneure pour lancer en 2019 World is a Village, une plateforme digitale de homestay réunissant une communauté de tribus contemporaines venant de 40 pays différents. La crise sanitaire a compliqué la donne en stoppant net les déplacements. Mais qu’à cela ne tienne : attendant la reprise des voyages, la start-up résiliente a basculé en ligne sous la forme d’échanges animés par un coach.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Cette crise a permis à ces jeunes de toucher les limites des réseaux sociaux. Ils se sont rendu compte du besoin d’interactions physiques, comprenant au passage l’importance de préserver l’environnement.»
worldisavillage.fr
Mission intérim
Émilie Legoff, fondatrice de Troops. Dépoussiérer le secteur de l’intérim et réinventer son intérêt auprès des jeunes, c’est le pari réussi de cette battante, coprésidente de la French Tech One Lyon. Sa première entreprise, déjà dans l’intérim, lui sert de tremplin et de laboratoire pour imaginer le concept de Troops, start-up pionnière dans la «phygitalisation» (alliance du physique et du digital) des agences de travail temporaire, grâce à un logiciel permettant de se débarrasser de cette paperasse qui plombe la créativité pour se recentrer sur «le cœur de métier».
À savoir ? Accompagner les carrières, faire gagner du temps aux postulants, les aider à avancer dans leur vie, mettre du fun dans leur poste… Bref, tout ce que l’intérim traditionnel n’inspire pas. Le succès de Troops – 55 collaborateurs aujourd’hui – oblige à constater que les propositions de CDI, de toute façon bien moins nombreuses, n’ont plus la cote auprès des jeunes. En août dernier, Troops s’est totalement converti au télétravail, et Émilie Legoff a pu rendre les clés de ses beaux locaux lyonnais pour adopter avec entrain le full remote.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Leur soif de liberté. Ils n’ont plus confiance dans les structures établies, préfèrent garder leur autonomie, sont beaucoup plus responsabilisés qu’avant et veulent rester maîtres de leur choix. C’est vraiment une lame de fond. Comme le disait Périclès : “Il n’y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.” Nos jeunes de 20 ans en 2021 sont le courage incarné.»
troops.fr
La solidarité tous azimuts
Élise Thibault-Gondré, fondatrice de Day One. Après un début de carrière dans la finance, cette entrepreneure dans l’âme opère une reconversion en fondant Day One. C’est de retour d’une mission humanitaire au Népal, alors même que le pays vient de subir l’un des pires tremblements de terre, qu’Élise Thibault-Gondré, riche de cette expérience mais aussi touchée par le courage et la solidarité des Népalais, jette les bases d’une start-up facilitant l’engagement solidaire et social des entreprises. D’un côté, elle voit des associations souffrant de manque de compétences, surtout sur les métiers dits support, et de l’autre, des entreprises prêtes à donner le temps de travail de leurs collaborateurs dans le cadre du nouveau dispositif de mécénat de compétence. Sans parler de la quantité de salariés démotivés face à des carrières en mal de sens…
Transformer l’équation en cercle vertueux, en facilitant, grâce à une plateforme digitale, leur mise en contact : Day One était née. Depuis, petites et grandes entreprises font appel à la jeune pousse pour externaliser leurs actions RSE. Et en quelques clics, le salarié peut trouver à s’engager. Sans avoir à tout quitter.
Avoir 20 ans en 2021 : les atouts de cette génération ?
«Une capacité à rebondir, à innover et à se réinventer. Être jeune en 2021 c’est aussi croire en la force de la communauté pour relever ensemble les grands défis de demain.»
day-one.co
Source: Lire L’Article Complet