Ochlophobie, agoraphobie… la terreur de la foule et des grands espaces vides
Trop plein, ou trop vide ! Les deux phobies ont plus d’un point commun. La psychanalyste Florence Lautrédou revient sur la terreur de se trouver pris au piège dans une foule ou encore dans un espace désert.
Qu’est-ce que l’ochlophobie ?
Se retrouver dans un endroit très peuplé, au milieu d’une foule de personnes, peut être insupportable pour certains. Au point parfois de se transformer en panique. On appelle cela l’ochlophobie, (du grec ancien, « ochlos », la foule) ou encore l’agoraphobie. Cette peur s’applique aussi, paradoxalement, aux grands espaces déserts. L’angoisse sous-jacente est qu’il sera difficile, voire impossible, de s’extraire de l’endroit, et que s’il se passait quelque chose de dangereux, il ne serait pas possible d’être secouru. La personne ochlophobe craint de perdre ses repères et de ne plus pouvoir trouver de point d’appui lorsqu’elle se trouve dans un vaste espace.
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Quelles sont les origines de l’ochlophobie ?
Selon Florence Lautrédou, l’ochlophobie n’a pas de raison unique, ni évidente. Elle peut être générée par divers biais de l’inconscient. Le plus important selon la psychanalyste, est de noter que cette phobie peut naître d’une toute autre angoisse, et qu’elle agit comme un catalyseur de celle-ci. « C’est une façon de contrôler une peur qui nous dépasse (une surcharge psychique), de plaquer une angoisse beaucoup plus abstraite, celle de la mort ou de l’accident, par exemple, sur un objet concret : la foule, ou les grands espaces. Cela rend la peur maitrisable : je n’ai qu’à éviter les espaces encombrés et je n’aurais pas peur, peut-on se dire. » Trouver l’explication de la phobie est possible. Il arrive parfois qu’elle soit née d’un traumatisme identifiable, avoir manqué d’une présence rassurante durant l’enfance, avoir fait un malaise dans un concert, avoir été bousculé dans une manifestation sont des exemples. Mais « le lien peut être aussi d’une toute autre nature, en totale déconnexion avec le symptôme ou difficile à établir », précise-t-elle.
Comment se manifeste l’ochlophobie ?
« L’ochlophobie peut se manifester par une montée d’adrénaline, une transpiration subite et excessive, une accélération du rythme cardiaque. On peut sentir que sa déglutition est ralentie, se trouver paralysé, sans plus pouvoir avancer. La personne agoraphobe dans une foule se trouve dans un état de malaise intense et ressent un sentiment d’impuissance très fort. Elle est en détresse. Elle peut aussi être assaillie de pensées automatiques liées à son angoisse, des scénarios catastrophes incontrôlables : une voiture peut arriver et nous faucher, par exemple », explique Florence Lautrédou.
Quels traitements peuvent aider à lutter contre l’ochlophobie ?
Pour traiter l’ochlophobie, Florence Lautrédou évoque deux écoles principales. La psychanalyse, associée à ce que l’on appelle la thérapie narrative (Michael White) qui permet de mettre en place des associations libres, pour que la personne déroule le fil de sa phobie, remontant ainsi à d’autres images corrélées. « Cela permet d’identifier l’émergence et la place de cette phobie dans la construction identitaire du sujet, puis de la circonscrire ou de la replacer différemment dans l’histoire de vie du même sujet, mais cette approche peut prendre du temps, avec des résultats parfois aléatoires. »
L’autre option, ce sont les thérapies cognitives et comportementales (TCC) : « On va prescrire des exercices, de l’auto-observation à la personne ochlophobe. On va l’accompagner dans cette démarche, par exemple en la rejoignant dans un lieu désert ou une rue peuplée. Il y a confrontation et accompagnement en même temps, avec des consignes dédiées. Le résultat est efficace, et plutôt rapide. »
Enfin, « l’hypnose ericksonienne peut aussi être une approche intéressante. Cela dit, les thérapies très brèves peuvent supprimer la phobie sans désactiver totalement la charge psychique associée, laquelle peut alors se déplacer sur un autre thème », termine-t-elle.
Peut-on être pris en charge lorsqu’on est ochlophobe ?
L’ochlophobie (ou agoraphobie) est reconnue comme un trouble anxieux par la sécurité sociale et peut être prise en charge, auprès d’un psychiatre, ou encore auprès d’un psychanalyste, d’un psychologue, d’un hypnothérapeute, en fonction de la complémentaire santé.
L’ochlophobie se guérit-elle ?
On estime que l’ochlophobie, comme tout autre trouble anxieux, peut tout à fait être guérie. Pour exemple, si l’approche choisie est la thérapie cognitive et comportementale, 12 à 25 séances permettent de se défaire de la phobie.
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