November Ultra mène sa pop de chambre à la rencontre du public
- Six mois après la sortie de son album Bedroom Walls, l’artiste française November Ultra continue à faire voyager ses titres
- Entre berceuses pop et chansons intimes, la lauréate du Prix Joséphine enveloppe grâce à sa voix douce
- Timidité, chambre à soi et place de le monde : la chanteuse nous a parlé de son rapport à la musique
November Ultra, ou Nova pour les intimes, est la reine de la « bedroom pop », cette pop confectionnée entre les quatre murs de sa chambre. La trentenaire a toujours aimé chanter – « au point que ça enquiquinait mes parents », se souvient-elle. Après des années de conservatoire classique et un master en sous-titrage audiovisuel, elle rencontre ceux avec qui elle formera le trio Agua Roja. « J’ai commencé professionnellement la musique à ce moment-là, j’avais 24 ans. Je ne pensais pas que ça pouvait devenir mon métier » raconte-t-elle. Après deux EP [ou extended play, des mini-albums comprenant entre trois et six titres], le trio se sépare et elle commence à travailler sur son album solo.
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Un opus fait main, façonné, donc, dans sa chambre. « Je me suis rendu compte que ça permettait un accès très direct entre ce que j’avais dans la tête et ce que je voulais fabriquer. Mon album est lié au fait d’avoir été seule au début et d’avoir eu des choses vues comme limitantes », explique Nova. Entourée de ses livres, des objets offerts par les gens qu’elle aime, elle a joué tous les morceaux sur la guitare et le piano qui l’accompagnent depuis son enfance.
Cette recherche de familiarité lui a permis de voyager et de créer autour d’elle un espace safe. D’autant que la chanteuse n’est pas une inconnue de la scène contemporaine francophone : elle écrit et accompagne d’autres artistes comme Jaden Smith, Terrenoire, Barbara Pravi ou encore Claire Laffut. « Quand j’écris pour quelqu’un, je m’adapte à l’autre et à ses besoins. Il y a beaucoup de psychologie quand on est avec d’autres artistes », évoque-t-elle.
« Si je me mens à moi-même dans ma chambre, c’est comme mentir à sa psy, ça n’a pas grand intérêt »
Intitulé Bedroom Walls, son premier album, sorti en avril sous le label Hollywood Summer Records/Virgin Records, dévoile tout en douceur ballades et berceuses pop. La place de la chambre reste centrale pour celle qui a « toujours eu peur de l’extérieur » et qui a passé beaucoup de temps dans son cocon, à rêver.
Une chambre à soi, façon Virginia Woolf : « C’est important quand on est une femme, une personne non-binaire ou trans dans ce milieu. Les studios sont encore des endroits très masculins. »
Dans chaque musique, protégée par cet espace qui lui est cher, Nova est allée chercher des émotions pas toujours confortables. « Si je me mens à moi-même dans ma chambre, c’est comme mentir à sa psy, ça n’a pas grand intérêt. Ça permet d’aller parler de dépression, de monomanie, de crushs qu’on peut avoir, et de toutes les choses dont on parle dans un journal intime », avance-t-elle. De Soft & Tender à Miel ou Open Arms, la chanteuse nous amène dans cette aura doucereuse, nuage qui se décline en guitare-piano-voix lors des longues soirées d’hiver.
Depuis sa sortie, l’album voyage dans toute la France et les pays limitrophes. Les concerts s’enchaînent. De ses quatre murs protecteurs, Nova est passée à la scène. « Avec la tournée, c’est ma chambre qui voyage. J’ai l’impression que le public l’a faite sienne. Les gens acceptent ce pacte d’intime pour entrer dans ma chambre et passer du temps ensemble. Je suis très reconnaissante car, grâce à ça, j’arrive à sortir de chez moi sans avoir trop peur ! », confie-t-elle. Avec un concert à la Cigale prévu pour l’anniversaire de la sortie de l’album en avril prochain, les salles se remplissent, et celle qui se définit comme une « grande timide » sort de sa zone de confort.
« Faire de la musique, ça m’a permis de trouver ma place dans le monde »
Ces textes très intimes, qu’elle écrit en anglais, prennent un écho différent quand ils se révèlent sur scène. « J’adore le réel, j’adore les concerts, parce que ça solidifie, ça cristallise tout d’un coup », affirme Nova, qui se débarrasse au fur et à mesure du stress de faire face au public. « D’un coup, tous les morceaux sont multifacettes et prennent vie dans la vie des gens, c’est presque plus beau. J’ai hâte de voir comment les chansons résonnent chez l’autre et existent pour les gens », ajoute-t-elle. Cette introvertie semble avoir trouvé son public : celui avec qui elle fait un pacte, tous les soirs, pour « passer un bon moment ».
November Ultra ne se limite pas aux chansons qu’elle écrit : la chanteuse est particulièrement active sur les réseaux sociaux, dont Twitter et Tik Tok, sur lesquels elle poste des reprises d’ABBA ou de Starmania.
Celle qui a eu un blog musical pendant sept ans a un rapport très « normal » au numérique : là où certains artistes utilisent leurs réseaux dans un aspect marketing, Nova est plutôt du style à poster quand elle veut, à partager ses recommandations de livres, de séries, ses coups de cœur musicaux.
« Je suis trop bavarde, j’aime trop partager » explique-t-elle en riant. Une sincérité et une authenticité qui lui ont valu d’être récompensée du Prix Joséphine en septembre. Ce trophée, décerné par un jury d’artistes, visait à célébrer la production française. « Faire de la musique, ça m’a permis de trouver ma place dans le monde. J’ai toujours eu l’idée de me dire qu’il faut que ma vie serve plus qu’à moi-même, qu’il fallait que mon temps soit utile », déroule-t-elle. Une place qui semble bien trouvée, là-haut, entre deux nuages.
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