Nos conseils pour bien choisir son riz
On aurait du mal à s’en passer, et pourtant, le riz est une denrée en péril. Il est donc urgent de faire des choix plus vertueux.
En bonne place dans nos placards, le riz fait assurément partie de nos « achats réflexes ». Au point que l’on en oublie l’utilisation de semences et pesticides coûteux pour sa culture, les émissions de gaz à effet de serre des rizières ou l’exploitation des agriculteurs. Pour déjouer la pression économique et environnementale, mieux vaut miser sur un riz équitable, bio ou protégé.
Une production menacée
Consommé par quatre milliards d’individus, le riz souffre du réchauffement climatique, de l’urbanisation des terres, et son rendement peine à répondre à la croissance démographique, qui ne cesse d’augmenter. Une situation alarmante s’il n’y avait pas les règlements sanitaires et de biosécurité, l’intervention de scientifiques, ONG et acteurs engagés, œuvrant pour une agriculture durable et éthique.
Des conditions de vie précaires en Asie
En Asie du Sud-Est, le riz est encore produit à la main. « Depuis que je suis allée au pied de l’Himalaya regarder le long et fastidieux travail d’une coopérative bio, chaque fois que je mange un grain de basmati, je repense à ces femmes courbées, les pieds dans la glaise, en train de faire des bouquets de riz, destinés à être ensuite repiqués », insiste, émue, Beena Paradin, créatrice des « prêts à cuisiner » Beendi à base de légumineuses et céréales bio (sur Maisondesmelanges.com).
Un impact sur la planète
« Au regard des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, la riziculture irriguée ne représente que 2%, contre 65% pour l’énergie et 25% pour l’agriculture et la forêt (dont la déforestation) », explique Tanguy Lafarge, écophysiologiste spécialiste du riz et directeur de recherche au Cirad Montpellier. En revanche, le riz participe entre 10 et 20% aux émissions de méthane dans le monde, soit autant que celles produites par le bétail. »
Le choix de l’équitable
Pour contrer les mauvaises conditions de travail des agriculteurs, limiter les produits chimiques et mettre en place de nouvelles pratiques respectueuses de l’environnement, le commerce équitable est la bonne solution. Avec vingt-huit coopératives (Inde, Sri Lanka, Thaïlande, Pakistan), l’ONG Fairtrade-Max Havelaar protège la biodiversité et le patrimoine génétique du riz, riche en nutriments. Les marques qui affichent son logo sont Monoprix, Casino, Aldi et Taureau Ailé (n°1 du riz en France).
Le bio, garantie absolue ?
La riziculture biologique répond aux enjeux de la sécurité alimentaire et du développement durable. Si les normes sanitaires et les moyens de détection se durcissent, certains riz « bio » venus d’Asie ne sont pas certifiés et échappent aux contrôles. On privilégie donc les riz bio italiens, espagnols et français, soumis, eux, au cahier des charges européen.
Le top du Made in France
En privilégiant la rotation des cultures, la Camargue soigne sa terre. Couronnée d’une IGP (indication géographique protégée), sa riziculture, à 23% en bio, représente 2% de la production européenne. « Cette IGP valorise la culture raisonnée, la traçabilité et la qualité, se félicite Bertrand Mazel, président du Syndicat des riziculteurs français. Aussi, pourquoi importer, lorsque 150 producteurs de la région se démènent pour donner le meilleur ? ».
Arsenic et microplastiques
Le riz conventionnel contiendrait de l’arsenic inorganique, issu de sols contaminés par les herbicides. « Sachant que, en France, sa consommation se limite à 4,5kg/an par personne, il n’y a aucun danger pour la santé, tranche le nutritionniste Laurent Chevallier. Prudence, en revanche, avec les sachets de riz à faire bouillir, qui libèrent des microplastiques en quantité trop importante au cours de la cuisson. »
Des canards pour un riz d’exception
A Saint-Gilles, dans le Gard, Catherine et Bernard Poujol produisent un riz bio IGP couvé par une armée de 1.100 canetons. Lorsque les plants sont assez développés, ils grattent le sol de leurs bec et pattes, ce qui stimule la plante, tandis que leurs déjections enrichissent la terre et donnent au riz un goût unique, prisé par les chefs étoilés. Riz rouge Canard des Rizières, sur Canard-desrizieres.fr
L’éclairage de l’expert
Tanguy Lafarge, directeur de recherche au Cirad (Organisme de recherche agronomique pour le développement durable), Montpellier.
« La concentration en CO2 dans l’atmosphère, exponentielle, est favorable au riz. Nous cherchons donc à ce qu’il en assimile plus, pour qu’il produise plus de grains, et que ses tiges et racines emmagasinent davantage de carbone. A l’issue de la récolte, les résidus de riz augmenteront le stockage du carbone dans le sol, ils réduiront les émissions vers l’atmosphère et participeront à la fertilisation de la plante. Certaines variétés prélèvent en fin de cycle de l’azote du sol. L’azote étant, comme le carbone, essentiel au remplissage des grains, il va stimuler naturellement leur rendement. »
Infos sur www.cirad.fr
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