Non, la méthode du retrait n’est pas une contraception
- La méthode du retrait, qu’est-ce que c’est ?
- Une technique qui n’empêche ni grossesse ni MST/IST
- Gratuit et naturel : les avantages illusoires du retrait
À cause de la défiance grandissante des femmes envers les contraceptifs hormonaux et les réticences de ces messieurs à mettre un préservatif (on vous voit), la méthode du retrait n’a jamais eu autant d’adeptes. Aux États-Unis, c’était même la deuxième méthode la plus utilisée par les adolescents en 2017, selon un rapport du Centre de Contrôle des Maladies.
Fin 2020, c’est la nouvelle série à succès de Netflix « La chronique des Brigerton » qui met en avant cette méthode. Au cœur de son intrigue, Simon Basset, Duc de Hastings, récemment marié à la jeune Daphne Bridgerton, se refuse à engendrer une descendance. Les rapports sexuels du couple après le mariage, filmés en nombre, montrent le Duc se retirer systématiquement avant l’éjaculation, sans que sa jeune épouse, désireuse de fonder une famille mais peu éduquée sur le sujet, ne soit par ailleurs consciente de son geste.
Problème : le retrait ne protège absolument pas d’une grossesse. Et encore moins des infections/maladies sexuellement transmissibles, comme nous le rappelle la Dre Odile Bagot, gynécologue et auteure du blog Mam Gynéco.
La méthode du retrait, qu’est-ce que c’est ?
Le retrait, aussi connu sous le nom de coït interrompu est « une pratique sexuelle lors de laquelle l’homme retire son pénis du vagin de sa partenaire avant l’éjaculation« , nous explique la Dre Bagot. Le retrait empêcherait alors la fécondation de l’ovule de Madame par les spermatozoïdes de Monsieur.
Vraiment ?
« Si les hommes étaient capables de contrôler parfaitement et à chaque rapport le moment de l’éjaculation et s’ils étaient assez “rapides“ pour qu’aucune goutte de sperme ne soit en contact avec la glaire cervicale, alors le retrait pourrait être considérée comme une méthode contraceptive, oui », s’amuse la gynécologue. Mais il reste un doute sur la présence possible de quelques spermatozoïdes dans le liquide séminal qui pourrait être libéré avant même l’orgasme et l’éjaculation. »
Les premières gouttes de sperme, qui peuvent contenir beaucoup de spermatozoïdes, sortent parfois sans que l’homme ne les sente : ce liquide pré-séminal comme on l’appelle, contient des spermatozoïdes en nombre suffisant pour féconder l’ovocyte et donc entraîner une grossesse. Il est aussi à noter que 37% des hommes ont des spermatozoïdes fertiles (en quantité suffisante) dans le pré-éjaculat.
Une technique qui n’empêche ni grossesse ni MST/IST
De plus, « elle ne protège absolument pas des infections sexuellement transmissibles comme la syphilis ou le Sida, car elles peuvent être transmises à la fois par contact mais également par la pré-éjaculation, contre laquelle le retrait ne protège absolument pas », alerte la Dre Bagot.
Les témoignages des conseillères qui exercent une activité dans les plannings familiaux viennent confirmer les risques de cette technique. « La majorité des avortements auxquels nous faisons face est directement lié à des rapports-retrait. Même si, en théorie, l’efficacité paraît bonne, sur le terrain le retrait est responsable de beaucoup de grossesse non désirée », écrivent-elles sur le Sympto blog.
« Catherine, 34 ans, a décidé d’arrêter la pilule et a commencé à utiliser des préservatifs de manière régulière avec son mari, relate ainsi le site Eden Fertilité. Une fois – sérieusement, une seule fois – ils ont eu un rapport sexuel non protégé et, juste avant de jouir, son mari s’est arrêté et est sorti rapidement d’elle, pour se décharger à l’air libre. ‘Nous avons tout fait correctement’, dit Catherine. Ils ont eu une fille neuf mois plus tard. »
D’après les données de l’Organisation mondiale de la Santé, l’indice de Pearl (indice théorique égal au pourcentage de grossesses « accidentelles » sur un an d’utilisation optimale de la méthode, ndlr) du retrait est de 4. Son efficacité pratique (nombre de grossesses pour 100 femmes par an moyennant l’utilisation habituelle) grimpe jusqu’à 27 !
Gratuit et naturel : les avantages illusoires du retrait
Selon Odile Bagot, cette méthode est très utilisée « à cause de la méfiance par rapport aux méthodes contraceptives traditionnelles et une aspiration au retour à des méthodes naturelles, par ailleurs pourvoyeuses de nombreuses grossesses ».
Autre raison : les idées reçues autour du préservatif. À en croire certains, il serait ainsi un « tue l’amour », coupant toute vigueur à celui qui l’enfile et diminuant les sensations des deux parties lors des rapports. Beaucoup mettent également en avant la gratuité de la méthode et sa disponibilité, en comparaison aux autres contraceptifs.
De prétendus « avantages » qui ne font pas le poids face au risque d’une grossesse non désirée ou celui de contracter une MST, et des conséquences qui incombent toujours aux mêmes : les femmes.
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