Méthode TEACCH : traiter l’autisme par le concret et le visuel

La méthode TEACCH propose à l’enfant autiste un environnement structuré et rassurant avec des repères concrets et visuels, une prévisibilité dans le temps et des apprentissages simplifiés. Le point avec Michel Fabre, Président de l’association Pro Aid Autisme.

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  • Méthode TEACCH : comment ça marche
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[Mise à jour du 2 avril]. La journée mondiale de l’autisme a lieu le 2 avril. Diagnostiqué et pris en charge le plus tôt possible, l’enfant autiste peut évoluer, s’autonomiser et faire d’incroyables progrès. Mais puisque l’enfant avec autisme, trouble qui altère la communication, les interactions sociales et le comportement, traite les informations différemment des personnes neurotypiques (donc sans troubles du spectre autistique), il a besoin d’un environnement extrêmement structuré, stable et apaisant avec des dispositifs d’apprentissage adaptés à son fonctionnement. C’est justement ce que permet le programme TEACCH (Treatment and Education of Autistic and other Communication-handicapped CHildren pour « Traitement et éducation des enfants avec autisme ou souffrant de handicaps de communication apparentés »). En quoi consiste cette méthode ? Peut-elle convenir à tous les enfants ? Comment se met-elle en place ? On fait le point avec Michel Fabre, le président de l’Association Pro Aid Autisme.

Méthode TEACCH : qu’est-ce que c’est ?

Le psychologue américain Eric Schopler fut l’un des premiers à travailler sur les enfants atteints d’autisme, et particulièrement leur façon d’assimiler les informations et leur manière de communiquer. Il en est convaincu : ces enfants ont besoin d’un accompagnement individualisé et d’un environnement stable et adapté. Il prône également la mutualisation des informations entre les professionnels de santé et les parents de l’enfant qui doivent être reconnus comme « co-thérapeutes« . Si bien qu’en 1971, une « Division TEACCH » voit le jour en Caroline du Nord : il s’agit du premier programme de diagnostic, de traitement, de recherche et d’éducation pour les enfants atteints de TSA (troubles du spectre autistique). Recommandée par la Haute Autorité de Santé depuis 2012, la méthode TEACCH est de plus en plus utilisée par les familles et les établissements scolaires français.

« On ne guérit pas de l’autisme, mais on peut apprendre à vivre avec et atteindre un bon niveau d’autonomie »

Méthode TEACCH : l’importance de la formation

Une chose est sûre. « On ne guérit pas de l’autisme, mais on peut apprendre à vivre avec et à développer un niveau d’autonomie remarquable pour s’insérer dans un environnement familial, scolaire, social afin d’avoir la vie quotidienne la plus normale possible« , pose d’emblée Michel Fabre. La méthode TEACCH ne cherche donc pas à mettre la personne avec autisme au même niveau qu’une personne neurotypique. Au contraire, elle propose aux parents, à l’entourage ainsi qu’aux professionnels de santé de comprendre l’origine de ce trouble et les comportements parfois « anormaux » de l’enfant. Comment ? Des formateurs agrées pour enseigner la méthode TEACCH dispensent des formations (généralement sur cinq jours) aussi bien pour les parents que pour les professionnels de santé ou de l’éducation. Ils interviennent également en milieu scolaire ordinaire, mais aussi dans les CLIS (classes pour l’inclusion scolaire) ou les ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire). Enfin, pour que ce programme fonctionne efficacement, une bonne communication entre la famille et les professionnels qui s’occupent de l’enfant (psychologue, éducateur, enseignant, orthophoniste…) est indispensable.

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La méthode TEACCH au quotidien, comment ça marche ?

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La méthode TEACCH fonctionne avec tous les enfants (et même avec les adultes) avec des troubles du spectre autistique (TSA), quels que soient leur âge et leur niveau de développement (de l’Asperger à un degré d’autisme sévère, par exemple). C’est un programme individualisé et adapté aux caractéristiques de chaque enfant. Partant du constat que les enfants autistes possèdent des aptitudes visuelles bien plus développées que leur sens de l’écoute, cette méthode se base sur la structuration du temps et de l’espace. Pour cela, elle privilégie les repères visuels et un environnement calme, épuré, et dénué d’éléments perturbateurs. Mais pour que l’enfant devienne acteur de son environnement et qu’il le maîtrise parfaitement, il faut :

  • Découper le temps en plusieurs étapes. En effet, comme l’enfant avec autisme n’a pas la notion du temps (il a du mal à repérer le début, le milieu ou la fin d’une activité, par exemple) , il a besoin d’une grande stabilité et de repères concrets, sinon il peut très vite se sentir perdu et paniquer, un peu comme nous, neurotypiques, pouvons nous sentir à l’étranger. Concrètement, « par le biais de pictogrammes, des petits symboles, des photos ou des images significatives pour l’enfant, il peut se repérer plus facilement dans sa journée et peut ainsi mieux suivre son emploi du temps« , explique le président de Pro Aid Autisme.
  • Structurer l’espace. La méthode TEACCH conseille d’aménager au domicile de l’enfant une pièce (cela peut tout à fait être sa chambre) dans laquelle la zone de jeu et la zone d’apprentissage sont visuellement bien délimitées (par des couleurs, une cloison qui sépare, des étagères…). Mieux vaut également bien distinguer les espaces repas et nuit. Cela permet de « faciliter la compréhension de l’espace par des zones dédiées à des activités spécifiques« , précise-t-il.
  • Développer ses moyens de communications. Mieux vaut privilégier la gestuelle, les sourires, les câlins… lorsqu’on veut le féliciter ou le regard, quand on veut le gronder. La communication visuelle a plus d’impact que la communication verbale pour un enfant avec autisme. 
  • Agir sur ses centres d’intérêts restreints. La stéréotypie ou le fait de suivre une routine tous les jours est l’une des caractéristiques de l’autisme. Au début, « il ne faut surtout pas entrer en conflit avec l’enfant et lui interdire de répéter inlassablement les mêmes gestes ou de s’intéresser qu’aux mêmes choses« , conseille Michel Fabre. Ce sont des actes qui le rassurent. Petit à petit, on va chercher des dérivatifs pour lui proposer de participer à d’autres activités, mais toujours en lien avec ses centres d’intérêts favoris. Progressivement, l’enfant va abandonner ses stéréotypies et prendre plaisir à faire d’autres activités.

Combien coûte la méthode TEACCH ?

Pour participer aux formations dispensées par un formateur certifié TEACCH, comptez environ 300 euros (aux alentours de 1 000 euros pour les professionnels). Elles se déroulent sur cinq jours pendant lesquels les parents pourront apprendre à structurer l’environnement, à utiliser des supports visuels pour que le temps et l’espace soient plus prévisibles et plus compréhensibles par l’enfant, à développer des outils de langage (oral et visuel) pour améliorer sa communication verbale et non verbale ou encore, à mieux gérer ses colères… Pour plus d’informations, contactez des associations comme Pro Aid Autisme ou Agir pour l’Autisme qui sauront vous renseigner et pourront développer avec vous un projet individualisé et adapté aux spécificités de votre enfant.

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