Mère SOS : "on répare les petits bobos et grosses blessures"
L’association SOS Villages d’Enfants dévoile un métier peu connu, celui de "mère SOS". Muriel, qui l’exerce depuis 18 ans, raconte son quotidien auprès des enfants placés, qu’elle aide à grandir. Témoignage.
« En tant que mère SOS, il nous arrive d’être désarmées »
Si Muriel raconte surtout de belles histoires de vie avec ces enfants qu’elle a pris sous son aile, il lui est arrivé d’être confrontée à des situations sui l’ont dépassée. Elle se souvient d’avoir été débordée par une jeune fille sous sa garde, qui se mettait en danger et mettait les autres en danger. « C’était très difficile, je ne pouvais rien faire, j’étais impuissante. C’est un métier où l’on se remet tout le temps en question. On peut donner tout ce qu’on veut, mais parfois ça ne suffit pas. Il nous arrive aussi d’être désarmées. On en a discuté en commission et elle a finalement été réorientée vers un centre spécialisé. Cette situation est très rare car en général, lorsqu’ils nous sont amenés, c’est parce que l’ASE estime qu’ils peuvent s’adapter à cette vie et qu’on va pouvoir avancer ensemble », explique-t-elle.
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Concrètement, l’objectif est de permettre à ces enfants d’être autonomes le plus vite possible. De les amener vers une vie où ils pourront évoluer comme tout autre enfant, qui n’aurait pas vécu de situation familiale dramatique. « Ils peuvent être pris en charge depuis tout bébé et jusqu’à 18 ans. Lorsqu’ils atteignent la majorité, la prise en charge s’arrête en théorie. Parfois, ça va un peu plus loin s’ils ont besoin d’aide pour le début des études, 19 ou 20 ans », illustre Muriel. « Ensuite, on les dirige vers un studio, on ne les lâche pas dans la nature, on continue de les accompagner, mais plus de la même manière« , raconte-t-elle. A ce moment-là, c’est difficile pour l’accueillante comme pour les enfants, « on se demande si on va les revoir, comme on n’est pas biologiquement leur parent. Cette séparation est compliquée, mais elle est travaillée avec le jeune, la structure et l’accueillante. Après plusieurs départs, on se rend compte que le lien perdure« . Elle termine sur cette phrase : « le plus beau cadeau pour nous, c’est de les accueillir tout petits et de les voir s’envoler du nid. Là, on se dit : mission accomplie ! »
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