Mon enfant mange mal : 10 astuces pour l'aider
Refus de manger, haut-le-cœur devant un aliment, quand l’enfant a des difficultés pour s’alimenter, les repas deviennent des moments de grande tension en famille. Les conseils de l’orthophoniste pour rompre ce cercle vicieux.
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Jusqu’à 25% des enfants seraient touchés par des troubles alimentaires pédiatriques. Aussi appelé troubles de l’oralité alimentaire ou dysoralité sensorielle, ils sont susceptibles de se manifester particulièrement au moment des deux grandes phases de transition dans l’alimentation : le passage du liquide aux purées et celui de la purée aux morceaux. Un morceau, un goût, une odeur, ou même la simple vue de l’aliment peut susciter chez l’enfant un refus de mettre à la bouche, un haut-le-cœur voire des vomissements. L’enfant peut devenir très sélectif, en refusant de manger autre chose que du lait ou en ne se nourrissant que de purées par exemple. Les repas deviennent un enfer, traînent en longueur. La principale différence avec la néophobie, cette phase de développement où l’enfant refuse de nouveaux aliments ? Cette période n’est pas transitoire, les troubles alimentaires pédiatriques durent dans le temps.
De multiples origines peuvent expliquer ce trouble. Il peut s’agir d’un trouble de la sensibilité, comme l’hypersensibilité sensorielle. C’est par exemple le cas d’enfants qui ont été nourris par sonde qui peuvent garder une sensibilité exacerbée au niveau de la bouche, une fois la sonde retirée. Cela peut venir au contraire d’une hyposensibilité « On reconnaît facilement ces enfants : ils ont souvent le réflexe de former une grosse boule d’un côté de leur bouche, qu’ils finissent par avaler« , remarque Lucie Briatte, orthophoniste et coauteure de « Troubles alimentaires pédiatriques, que faire ? » avec Lauriane Barreau-Drouin aux ed. Tom Pousse. « Dans ce cas, le repas peut durer très longtemps« . Mais les causes de ce trouble alimentaire pédiatrique peuvent être autres. Difficultés de mastication, malformation organique comme une fente vélopalatine, l’origine peut être liée à un trouble moteur.
Dans les familles, le repas tourne vite à l’affrontement. « Quand l’enfant bloque, ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne peut pas » précise l’orthophoniste. Pourtant, pour que l’enfant ait un apport nutritionnel minimum, les parents sont obligés de recourir à des stratégies qui peuvent s’avérer contreproductives. Attention à ne pas le forcer. « On perd tout le plaisir de la découverte« , prévient Lucie Briatte. Mieux vaut éviter également le chantage alimentaire, l’enfant va lier durablement l’alimentation à une récompense. Mettre un écran pour le distraire n’est pas une solution pérenne, « on est dans le contournement de la difficulté. » Lucie Briatte et Lauriane Barreau-Drouin nous donnent quelques pistes pour améliorer les repas.
Lâcher prise sur les règles à table
Se familiariser avec les goûts, les textures, c’est déjà un apprentissage. Laissez l’enfant manipuler l’aliment, manger avec les mains, quitte à ce qu’il en mette partout. « Il faut lâcher sur le côté éducatif pendant la phase de rééducation alimentaire« , explique Lucie Briatte. Le toucher, c’est déjà un premier pas.
Intégrer l’enfant dans la préparation des repas
Proposez à votre enfant de vous accompagner au marché, laissez-le participer au choix des aliments. A la maison, il peut aider à les éplucher ou s’il est petit, à les transvaser du panier au réfrigérateur. Ce contact visuel, olfactif avec les aliments est important. « Mettez des mots sur ce que vous voyez ensemble : « C’est dur », « il y a de la terre »…« , précise l’orthophoniste.
Donner des petites quantités
Une assiette bien remplie peut dissuader l’enfant avant même d’avoir débuté le repas. Préférez des petites quantités dans des récipients adaptés. N’hésitez pas à placer à la fois l’entrée, le plat et le dessert sur la table en lui laissant choisir l’ordre dans lesquels il veut les consommer « En choisissant un aliment qu’il aime bien, il va entrer en confiance dans le repas« , décrypte Lucie Briatte. Il existe aussi des assiettes avec plusieurs compartiments. Cela peut aider un enfant qui a du mal avec les « doubles textures ». Utilisez des couverts colorés, laissez-lui choisir une assiette à l’effigie de son personnage préféré. Il en a une de prédilection qu’il veut garder à chaque repas ? Laissez-le faire. Les adultes aussi ont bien leur mug chouchou pour boire leur café !
Choisir le bon moment
Dans le rush du matin, le soir après une dure journée, ce n’est évidemment pas le bon moment pour commencer de nouvelles saveurs. Choisissez d’introduire de nouveaux aliments quand vous êtes plus disponible, le week-end ou les vacances par exemple.
Essayer l’industriel
N’en déplaisent aux parents adeptes du bio et du fait maison, les aliments industriels peuvent avoir du bon quand il s’agit d’élargir sa palette alimentaire, les textures étant plus homogènes donc rassurantes pour l’enfant en difficulté pour manger. Croustillant, craquant, feuilleté, fondant, les industriels redoublent de créativité pour séduire les papilles de nos enfants. Curly, Pik’n Croq, céréales du petit-déjeuner, mini-pizzas, l’enfant peut s’essayer à apprivoiser différentes textures.
Diversifier les marques
D’une marque à l’autre, pour un même aliment, il y a de légères différences de goût. Si votre enfant ne mange que du camembert, essayez de lui proposer le même dans une autre marque pour élargir en douceur son panel de possibilités.
Utiliser un timer
Chez les enfants qui ont des difficultés à s’alimenter, les repas traînent en longueur. Pour éviter de finir le déjeuner à l’heure du goûter, utilisez un sablier ou un Time timer et chronométrez le temps du repas. « Au-delà de 30 minutes, l’enfant est fatigué. Cela ne sert à rien de continuer, car vous passerez dans une phase de confrontation« , précise l’orthophoniste.
Organiser un pique-nique
Quand les repas tournent mal, il est utile de sortir du cadre habituel. Préparez un pique-nique et faites un repas à l’extérieur.
S’entraîner à la gym de la bouche
Faire des bulles dans le bain, gonfler des ballons, boire à la paille, faire un jeu de grimaces, jouer avec des sifflets, chanter des comptines. Tous ces petits jeux permettent de tonifier les muscles de la bouche, qui ont pu être insuffisamment sollicités. Ils permettent aussi de prendre conscience de cette partie du corps, de réaliser comment les organes changent d’état en fonction des positions. C’est pourquoi il est important de le verbaliser : « je vois que tu gonfles les muscles de tes joues« , « ta langue sort« , « tes dents se serrent« …
Veiller à la position pendant le repas
Si l’enfant est mal installé, cela nécessite pour lui un double effort : manger et bien se tenir. Il est donc important de surveiller sa position. « Certains enfants sont assis dans une chaise haute avec les pieds qui pendent dans le vide », remarque l’orthophoniste. « Il faut veiller à ce qu’ils aient des points d’appui. Attention aussi à ne pas présenter à l’enfant une cuillère trop en hauteur, qui l’oblige à pencher la tête en arrière« , note l’orthophoniste
Si les troubles perdurent
Si les difficultés perdurent, parlez-en à votre médecin ou au gastro-entérologue. Il doit d’abord éliminer les causes organiques (reflux…) qui peuvent être à l’origine de ses difficultés. S’il n’y a pas d’autres causes, le médecin peut orienter vers un bilan orthophonique. Il peut être complété par un bilan chez le diététicien, l’ergothérapeute, le psychomotricien…
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A lire : « Troubles alimentaires pédiatriques, que faire ? » de Lucie Briatte et Lauriane Barreau-Drouin aux ed. Tom Pousse
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