Mérignac : Chahinez, brûlée vive, avait porté plainte contre son ex-conjoint en mars

L’effroi. Le 4 mai, en fin de journée, une femme de 31 ans, mère de trois enfants, a été tuée en pleine rue, devant son domicile de Mérignac (Gironde). L’auteur présumé des faits, son ex-mari, a été Interpellé quelques minutes plus tard.

L’homme aurait d’abord mis le feu au pavillon, avant de tirer dans les jambes de la victime, puis de la brûler vive.

Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête pour « homicide volontaire par conjoint » et « destruction par incendie ».

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Agressée par son compagnon le 15 mars, Chahinez avait porté plainte

Chahinez, la victime, avait déjà été agressée par son compagnon, dont elle était séparée, le 15 mars, annonce le parquet de Bordeaux, relayé par France 3 Nouvelle Aquitaine. Elle a porté plainte le jour-même au commissariat de Mérignac. Une enquête a alors été ouverte, mas les policiers n’ont pas réussi à trouver le suspect.

« Nous lui disions de partir depuis plusieurs mois car cet homme était violent on le savait, et elle aussi, mais elle est restée », a expliqué un voisin de la victime au Parisien. Un autre raconte que le mis en cause a « tenté de l’étrangler devant la supérette au bout de la rue ». « Il était dangereux. Un assassin en puissance. Elle fermait les volets pour ne pas que nous ne puissions pas entendre lorsqu’il venait crier sur elle, mais nous savions tous ce qui se passait », poursuit-il. 

Pourquoi personne n’a rien fait pour empêcher cet homme de lui faire du mal et de lui ôter la vie ?

Des centaines de personnes se sont rassemblés mercredi 5 mai, en fin de journée, avenue Carnot à Mérignac, où a été tuée Chahinez. La veille, plusieurs voisins ont entendu les coups de feu et ont assisté à la scène au loin, cachée par le brouillard de fumée déclenché par l’incendie.

Présente au rassemblement en mémoire de la victime, la meilleure amie de la femme assassinée a dit au Parisien qu’elle « savait ce qui allait lui arriver ». « Elle nous l’avait dit en nous suppliant de nous occuper de ses enfants lorsque ce jour arriverait. Pourquoi personne n’a rien fait pour empêcher cet homme de lui faire du mal et de lui ôter la vie ? Nous ses amies, nous nous sentons totalement impuissantes », a-t-elle déclaré.

Quatre mois de prison pour violences conjugales 

Mounir B. 45 ans, a déjà été condamné le 25 juin 2020 à 18 mois de prison dont 9 mois assorti d’un sursis probatoire de deux ans avec mandat de dépôt pour « violences volontaires par conjoint ».

Des riverains interrogés par France 3 ont précisé que les familles du couple ont insisté pour qu’il vivent ensemble, malgré les faits de violences. Son ex-compagnon, dont elle s’était séparé au printemps 2020, était donc retourné vivre au domicile après sa sortie de prison, fin 2020, malgré l’interdiction d’approcher son épouse ordonnée par le tribunal.

« Chahinez disait que c’était un monstre. En juin, elle avait eu le larynx écrasé. Il n’a fait que trois mois de prison et il continuait à circuler dans le quartier », se souvient une voisine. 

Le parquet a confirmé à la chaîne de télévision locale que la victime ne disposait pas de téléphone grave danger et que son mari violent n’avait pas de bracelet électronique.

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Deux féminicides le même jour, 39 depuis le début de l’année 

Dans la nuit du 3 au 4 mai, une autre femme, âgée de 26 ans, a été retrouvée morte dans les escaliers de son immeuble à Chartres (Eure-et-Loire). Le mari de la victime, âgé de 27 ans, soupçonné du meurtre a été mis en examen et placé en détention provisoire, rapporte Ouest-France. Le couple avait donné naissance à un enfant trois semaines plutôt. 

Ces deux féminicides portent à 39 le nombre d’homicides perpétrés envers une femme par un compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l’année, selon le comptage effectué par les collectifs féministes. 

Sur Twitter, le collectif #NousToutes a interpellé le président de la République : « Dans de nombreux cas, les femmes assassinées avaient alerté. Les forces de l’ordre ou la justice les ont ignorées. @emmanuelmacron, l’absence de politiques publiques et de moyens met les femmes en danger. »

La Fondation des femmes plaide pour « la confiscation immédiate de toutes les armes à feu de tous les hommes contre qui des femmes ont porté plainte pour violences conjugales », avance sa présidente, Anne-Cécile Mailfert à Franceinfo.

« Ce féminicide, comme les 38 féminicides qui l’ont précédé depuis le début de l’année, montre des problématiques de suivi, de défaillance, de vigilance qui ne sont pas forcément toujours là de la part de la police ou de la justice », a-t-elle insisté, soulignant que 13 féminicides sur les 39 perpétrés depuis le début de l’année ont été commis avec des armes à feu. 

Début mars, Marlène Schiappa, ministre chargée de la Citoyenneté, a annoncé que 90% des femmes ayant porté plainte en 2020 pour violences conjugales disent être satisfaites de l’accueil des forces de l’ordre. À la suite d’une enquête lancée en ligne, nommée #PrendsMaPlainte, #NousToutes a collecté des réponses bien différentes. 66% des personnes interrogées évoquent une mauvaise prise en charge par les forces de l’ordre. Des chiffres bien différents.

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