"M'endors pas", la campagne qui alerte sur les dangers de la soumission chimique
« Pendant plus de dix ans, il l’a droguée à coups de somnifères et d’anxiolytiques. » Dès les premières secondes de sa vidéo dénonçant la soumission chimique, Caroline Darian donne le ton : l’autrice du livre Et j’ai cessé de t’appeler Papa raconte une fois de plus l’histoire de sa mère, droguée et violée par son géniteur, en vidéo cette fois-ci. La campagne, lancée ce lundi 22 mai 2023, a un objectif : sensibiliser et informer le grand public sur la soumission chimique, ou le fait d’être drogué par un proche pour pouvoir plier l’autre au moindre de ses désirs.
La soumission chimique, un danger méconnu
« Jamais je n’aurais pu imaginer que cela puisse se produire dans la sphère privée, et encore moins dans ma propre famille », raconte-t-elle dans sa vidéo, avant d’expliquer le principe de cette pratique sordide : « La soumission chimique, c’est droguer une personne à son insu pour abuser d’elle, sans qu’elle puisse réagir, ou parfois même sans en avoir conscience. »
Un cas, qui sera présenté devant la justice en mars 2024, a fait la Une de la presse : Dominique P., un septuagénaire du Vaucluse, est accusé d’avoir drogué son épouse, « l’amour de (sa) vie » pendant près de dix ans, pour la livrer à des inconnus recrutés sur Internet afin qu’ils la violent. En tout, ce sont cinquante hommes qui ont été mis en examen et écroués depuis le mois de septembre 2020, et qui seront bientôt présentés devant la justice.
La soumission chimique dans le cadre privé
Comme le rappelle l’autrice, dans l’imaginaire collectif, les viols sous soumission chimique font généralement penser au GHB, surnommé la « drogue du violeur » et utilisée dans les bars, les soirées et les boîtes de nuit. « C’est vrai, quand on parle de soumission chimique, il s’agit aussi de ce genre de cas de figure », précise Caroline Darian. Toutefois, elle estime que « ce n’est que la face visible de l’iceberg » de cette pratique, qui est « en réalité beaucoup plus insidieuse » : celle qui se déroule dans le cadre privé, parfois pendant des années entières.
Il n’y a d’ailleurs pas que les femmes qui en sont victimes. « Ce sont parfois des hommes, mais aussi des enfants, jusqu’à des nourrissons ou des personnes âgées, et de tous les milieux sociaux. » Pour lutter contre ce fléau, Caroline Darian s’est entourée de professionnels de santé, mais aussi de nombreuses personnalités francophones, pour lancer le mouvement de prévention M’endors pas, associé au hashtag #Mendorspas sur les réseaux sociaux. Parmi elles, la chanteuse Olivia Ruiz, la présentatrice Daphné Bürki, ou encore l’ancienne Ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques de France Roxana Maracineanu.
Pour rappel, selon l’enquête nationale sur la soumission chimique réalisée auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publiée le 5 décembre 2022, neuf victimes sur dix sont des femmes. Dans 83 % des cas, le but est l’agression sexuelle.
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