"Me mettre à écrire a donné tout son sens à ma vie"

En se lançant dans l’écriture il y a trois ans à peine, Anne-Estelle Dal Pont a trouvé sa vocation. Elle nous raconte la genèse et la gestation de son roman, Les Déboussolés anonymes (éditions Nouveaux Auteurs) qui a obtenu le prix Femme Actuelle du meilleur roman de développement personnel.

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« L’idée d’écrire un roman a surgi de nulle part »

« Avant Les déboussolés anonymes, ma seule expérience d’écriture datait de mon adolescence : de petits textes de chansons pour le groupe de musique que nous avions monté entre amis quand je vivais en Afrique. Puis plus rien, jusqu’en 2018, l’année de mes trente ans. Je traversais à ce moment-là une profonde crise existentielle. Avec mon mari et ma fille, nous étions dans une période de chamboulement. Nous avions décidé d’acheter un camping-car pour devenir nomades mais le véhicule qui correspondait à notre projet était introuvable. Cette attente a décuplé mon anxiété. Lorsque quelque chose n’est pas « aligné » dans ma vie ou que je fais un mauvais choix, mon corps donne l’alerte à travers d’intenses douleurs. Je me suis donc retrouvée avec les genoux bloqués. L’ostéopathe qui m’a reçue m’a demandé ce qui « bloquait » dans ma vie et m’a suggéré de trouver un projet sans enjeu durant cet intervalle. « Cherchez une raison de vous lever le matin pour sortir de l’attente et investir le présent plutôt que le futur. » Qu’est-ce qui ne coûtait pas d’argent et me donnait envie ? L’idée d’écrire un roman a surgi de nulle part, ainsi que le titre : Les déboussolés anonymes.

« J’écrivais tous les soirs et le texte coulait, comme s’il attendait de sortir depuis longtemps »

J’ai commencé à camper mes six personnages, sans trop savoir ou j’irai. Alors que j’avais bien l’intention d’écrire dans mon coin et de ne rien montrer à personne, j’ai vu l’annonce d’un concours pour le roman de l’été sur une plateforme en collaboration avec le magazine Télé loisirs. Décidée à accepter les invitations qui se présentaient dans la vie, je me suis lancée. Avoir une date de fin, une deadline, était très motivant. J’écrivais tous les soirs et le texte coulait comme s’il attendait de sortir depuis longtemps. Avant que l’on trouve enfin notre camping-car et que l’on parte en voyage, j’avais fini mon manuscrit. Pendant toute cette période, j’avais mal partout. Et quand j’écrivais, la douleur physique et morale n’existait plus. Je découvrais des sensations inconnues depuis toutes ces années, comme s’il n’y avait plus de division en moi.

« J’étais en train de sortir de la dépression »

En fait, j’étais en train de sortir de ma dépression qui durait depuis mon arrivée en France. Je retrouvais ma vitalité et ma joie d’enfant, celles que j’avais perdues en arrivant en France. Je suis née en Afrique où ma mère était infirmière et mon père pasteur. J’y ai vécu jusqu’à 16 ans, entourée de toutes sortes de gens aux horizons très différents des miens, et de la nature, aussi. Me retrouver en France fut un choc. Habiter dans un appartement chacun chez soi, aller au travail tous les jours… j’ai essayé mais cela m’a rendue très malheureuse. C’est pourquoi nous avons choisi une vie itinérante. Avec mon mari, nous proposons sur notre site des outils pédagogiques aux enseignants ou aux enfants qui, comme ma fille, font l’école à la maison. Nous sommes attentifs à son niveau d’enthousiasme. Pour le moment, ce mode de vie lui convient. Et c’est une dévoreuse de livres !

« L’expérience du concours m’a permis d’avoir mes premiers lecteurs »

L’expérience de ce premier concours m’a permis d’avoir mes premiers lecteurs et, ainsi, d’améliorer mon texte. Ensuite, j’ai proposé mon manuscrit sur la plateforme des Nouveaux Auteurs pour le concours de Développement Personnel. Au début, avec la volonté de l’affiner encore. Car tous les manuscrits postés sur la plateforme sont accessibles aux autres candidats qui peuvent adresser une fiche de lecture à l’auteur. J’avais participé à un autre concours sur les Nouveaux Auteurs, un an plus tôt, avec un autre roman. Grâce à aux retours des lecteurs, on peut vraiment maintenir certains axes dont on n’était pas sûr, supprimer des éléments pour maintenir la cohérence du personnage principal. Et parfois, insister, enfoncer le clou lorsque l’intention d’un protagoniste n’était pas bien comprise. Parce que c’est comme ça dans la vie : on n’a pas toujours d’explication sur les ressorts qui animent un caractère ! J’ai donc proposé Les déboussolés anonymes pour le concours de 2020 avec Femme actuelle dans cette optique : pouvoir le retravailler encore, et espérer ensuite trouver une maison d’édition.

« J’avais enfin trouvé ma vocation »

Gagner ce concours, être éditée, je ne m’y attendais pas du tout ! En me lançant dans l’écriture, je n’étais pas guidée par le besoin d’exprimer quelque chose, de l’extérioriser pour m’en débarrasser et passer à autre chose. J’ai découvert que j’avais envie de raconter des histoires qui feraient rêver les autres et leur donneraient de l’espoir. Ressentir autant de choses en écrivant et que mon lecteur les ressente à son tour, j’ai compris que c’était ma raison d’être. »

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