Maison de retraite : comment bien la choisir pour son parent âgé

Il faut du temps et de la méthode pour trouver l’établissement qui pourra accueillir dans de bonnes conditions une personne qui ne peut plus vivre seule chez elle.

Restez informée

Certaines familles préfèrent une maison de retraite proche de chez elles, pour s’y rendre plus souvent. D’autres la cherchent près du domicile de leur(s) parent(s), pour qu’il puisse avoir des visites d’amis, lire le journal local…», explique Claudie Kulak, fondatrice du réseau d’entraide La Compagnie des aidants. Les établissements installés en milieu rural ont plus souvent un jardin et sont moins chers que ceux situés dans les grandes villes. Mais attention aux déserts médicaux où l’accès aux soins peut poser problème… Entre émotion et inquiétude, l’entrée en maison de retraite est un moment délicat, pour le parent concerné comme pour ses proches. Cette étape sera plus facile à franchir si vous avez réussi à trouver l’établissement le mieux adapté.

Connaître l’offre de proximité

Sur le site pour-les-personnes-agees.gouv.fr, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie propose un comparateur de prix et un annuaire géolocalisé des 7.500 Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de France. Les adhérents des caisses de retraite Agirc-Arrco peuvent eux faire appel au service Orizea pour sélectionner les établissements répondant à leurs critères, et se faire épauler pour les démarches administratives. De même, le CCAS (Centre communal d’action sociale) dispose souvent d’une liste des Ehpad locaux. « Mais, officiellement du moins, il ne peut en recommander certains plutôt que d’autres. Même s’il connaît les bons et les mauvais », souligne Joachim Tavares, fondateur de papyhappy.fr.
À savoir. En cas d’urgence, le site internet placemaisonderetraite.fr publie les annonces des établissements qui ont des places avec leurs coordonnées, et parfois des photos. Ce service gratuit ne collecte aucune donnée personnelle.

Des critères pour affiner

Attention aux nombreux sites internet qui vous proposent de faire « gratuitement » les recherches à votre place, afin de dénicher la maison de retraite idéale. Nombre de ces opérateurs sont en effet rémunérés par les établissements eux-mêmes, qui leur octroient une commission pour chaque apport de clientèle. Les Ehpad qu’ils vous conseillent ne seront donc pas forcément les meilleurs, les mieux adaptés voire les moins coûteux. Tournez-vous plutôtversunsitequis’engage à ne rien percevoir des établissements qu’il recommande, mais qui facture ses services. Sur papyhappy.fr, l’accès à la base de don- nées est gratuit mais le conseil personnalisé, dont l’impartialité est contrôlée par Bureau Veritas, coûte 249€.
établissements, privé, public ou associatif. Le mode de financement n’est en aucun cas un gage de qualité. «Ce qui compte avant tout, c’est l’équipe. Il y a d’excellentes maisons de retraite privées comme publiques… et aussi de moins bonnes», résume Denis Delobel, fondateur de placemaisonderetraite.fr.
À savoir. Toutefois, les établissements privés pratiquent majoritairement les tarifs les plus élevés. Ce peut être un cri tère de choix déterminant.

Recherche en ligne, prudence

Attention aux nombreux sites internet qui vous proposent de faire « gratuitement » les recherches à votre place, afin de dénicher la maison de retraite idéale. Nombre de ces opérateurs sont en effet rémunérés par les établissements eux-mêmes, qui leur octroient une commission pour chaque apport de clientèle. Les Ehpad qu’ils vous conseillent ne seront donc pas forcément les meilleurs, les mieux adaptés voire les moins coûteux. Tournez-vous plutôt vers un site qui s’engage à ne rien percevoir des établissements qu’il recommande, mais qui facture ses services. Sur papyhappy.fr, l’accès à la base de données est gratuit mais le conseil personnalisé, dont l’impartialité est contrôlée par Bureau Veritas, coûte 249€.
À savoir. Pour la région Ile-de-France, le site internet patou-manou.fr dispose d’un service comparable, mais plus cher.

Les bons réflexes pour s’informer

En faisant une recherche sur le Net, vous pouvez consulter les avis de familles de résidents. Les limites sont les mêmes que pour les avis de consommateurs, mais cela donne un éclairage. Vous pouvez consulter les avis publiés par papyhappy.fr (dont les experts effectuent des visites mystères en établissement). « Plusieurs dizaines de maisons de retraite ont obtenu le label Humanitude (lelabelhumanitude.fr), qui témoigne de l’attention portée aux résidents»,signale Claudie Kulak,fondatrice de La Compagnie des aidants. Une centaine d’autres sont en attente de certification.
À savoir. Une fois votre liste établie, « téléphonez, pour vérifier les prix, les disponibilités ou les délais d’attente. L’accueil que vous recevrez vous donnera déjà une première indication sur l’état d’esprit qui règne dans l’établissement », souligne Denis Delobel.

Visites indispensables

En vous rendant au moins une fois sur place, vous verrez si les locaux sont en bon état, si les résidents semblent détendus, s’ils sont nombreux dans les salons communs ou isolés dans leurs chambres, de quelle façon le personnel s’adresse à eux, s’il a l’air à l’aise ou fatigué… Discutez avec les uns et les autres, informez-vous sur les animations proposées, les visites du coiffeur, du pédicure, etc. Notez si la cuisine est faite sur place ou livrée, et s’il vous sera possible de partager les repas avec votre parent lorsque vous viendrez le voir. La visite est aussi l’occasion de repérer les chambres susceptibles de plaire davantage à votre parent, pour demander leur prix : dans certains établissements, le tarif varie en effet selon l’étage, l’ensoleillement, le balcon, la vue… « Renseignez-vous également sur l’équipe médicale : tous les établissements n’ont pas d’ergothérapeute ou de psychomotricien », ajoute Jérôme Gobereau, conseiller en activités sociales chez AG2R La Mondiale.

A savoir. « La lecture du dernier compte rendu du Conseil de vie sociale où siègent des représentants des familles, peut être instructive : il doit en principe être affiché dans les locaux », relève Joachim Tavares.

Alléger les formalités

« Certains établissements conditionnent les visites au fait d’avoir déjà rempli le dossier administratif et médical », précise Amandine Jeandon, chez AG2R La Mondiale. Cette démarche peut être faite sur le formulaire officiel (Cerfa14732*03), mais un nombre croissant de départements proposent une saisie en ligne grâce au service Via Trajectoire (trajectoire.sante-ra.fr). « Comme il faut parfois déposer de nombreux dossiers avant de trouver le bon lieu de vie, scannez le formulaire et les justificatifs pour pouvoir les envoyer à tous les établissements qui les demanderaient », conseille Denis Delobel.

A savoir. Certains établissements n’acceptent de visite que s’ils ont des places disponibles, et/ou exigent que votre parent soit présent. « C’est peu recommandable, car vous n’aurez pas pu vous faire un premier avis et vous risquez d’imposer un déplacement inutile à votre parent », critique Denis Delobel. Si un Ehpad impose cette règle, c’est un mauvais point pour lui.

Des détails qui peuvent faire la différence

Si vous hésitez entre plusieurs établissements, regardez les détails du contrat : les frais mensuels seront-ils réduits si vous emmenez votre parent en vacances une ou deux semaines, s’il devait être hospitalisé – en principe, il ne doit plus payer la restauration, etc. Selon votre situation, vous serez plus attentif aussi à la proximité de transports en commun, à la possibilité de stationner sans problème, ou à la facilité avec laquelle votre parent pourra sortir faire des courses.

Bien se repérer dans les tarifs

Le prix d’un séjour en Ehpad est composé des frais d’hébergement et des frais de dépendance, variables selon le degré d’autonomie du parent. « Les frais de dépendance peuvent augmenter si son état s’aggrave, mais pour les personnes très dépendantes, l’APA en finance souvent une très grande partie », souligne Denis Delobel. Additionnez les deux pour comparer les tarifs de plusieurs établissements. Attention aux frais de nettoyage du linge personnel, parfois inclus dans le tarif hébergement, parfois facturés en sus (de quelques dizaines d’euros par mois à plus de 100 €). Certains Ehpad ajoutent des frais pour la télévision ou le téléphone, mais c’est de plus en plus rare.

Prix médian d’une chambre individuelle en EHPAD EN 2018

  • Etablissement public rattaché à un établissement public de santé : 55,26 €/jour
  • Etablissement public géré par un CCAS : 54,61 €/jour
  • Etablissement public autonome : 56,60 €/jour
  • Etablissement privé non lucratif : 60,71 €/jour
  • Etablissement privé commercial : 84 €/jour

Source : Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie

Des aides bienvenues

L’aide sociale à l’hébergement (ASH) est accordée par les départements aux personnes qui ne peuvent financer seules leur séjour en maison de retraite. Destinée à prendre en charge le coût de la chambre, cette aide est récupérable sur la succession du bénéficiaire. C’est pourquoi certaines familles préfèrent ne pas la demander. Le cas échéant, sachez que de nombreuses maisons de retraite, même de très bon niveau, ont quelques chambres concernées. Certains établissements sont même intégralement réservés aux bénéficiaires de l’ASH. L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) finance, elle, les soins liés à la dépendance, et son montant varie donc selon les soins à apporter. Elle n’est pas récupérable sur succession. Enfin, pour les personnes aux ressources modestes, certains caisses de retraite accordent aux personnes aux ressources modestes une aide ponctuelle à l’emménagement en maison de retraite.

L’avis de Joachim Tavares, fondateur de papyhappy.fr

« Entrer en maison de retraite n’est pas la seule solution lorsqu’une personne âgée ne peut plus rester chez elle. Après une hospitalisation ou un accident par exemple, un établissement de « soins de suite » peut suffire à lui permettre de se rétablir, pour reprendre ensuite sa vie chez elle, ou, si elle n’est pas dépendante, dans une résidence senior ou une résidence autonomie, où chacun a son appartement et accès à des espaces communs. Pour éviter la solitude, des formules originales existent, comme le béguinage, la cohabitation, l’habitat intergénérationel, etc. Parfois, il est aussi possible de prévoir en maison de retraite seulement un séjour de quelques mois. L’important est de bien évaluer les besoins de nos parents, et de trouver la solution adaptée. Cela exige un peu de temps. C’est pourquoi l’idéal est d’anticiper, de façon à n’être pas contraint par l’urgence ».

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