Ma leçon d’ikigai avec Isabelle Louet

Pour redonner du sens à notre existence, inutile de tout chambouler ou de tout plaquer. Le secret : harmoniser nos aspirations profondes et nos potentiels selon l’ikigai.

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La presqu’île japonaise d’Okinawa est connue pour détenir le record mondial de longévité heureuse. Les chercheurs occidentaux ont tenté de percer le secret de cet éden où des femmes de 85 ans plongent encore dans l’océan sans tuba, où des hommes de 100 ans font de l’aïkido ou leurs courses à vélo chaque matin. Ils l’ont d’abord attribué au régime alimentaire des habitants pour s’apercevoir que l’alimentation de ces centenaires découlait d’un principe ancestral plus global : l’ikigaï. Ce mot-concept japonais, sans équivalent en français, signifie : « raison de vivre » « ce qui donne envie de se lever le matin », « la joie d’être toujours occupé », ou encore, « l’art de vieillir en restant jeune ». Pour les okinawaïens, l’ikigai est la boussole d’une existence et s’en passer serait aussi absurde que d’embarquer sans repère sur un océan déchaîné… Chacun à son ikigai, qui évolue avec nous. L’auteur et journaliste Isabelle Louet, auteur de Je trouve mon Ikigai (éditions Leduc pratique), nous explique comment découvrir le sien à chaque période de notre vie, de sorte d’être toujours en harmonie avec lui.

Pourquoi se tourner vers ce principe millénaire japonais ?

Isabelle Louet : Parce qu’au rythme où le monde change, nous semblant de plus en plus absurde, nous avons besoin de redonner un sens à notre vie. Trouver son ikigai, c’est-à-dire notre raison d’être, se révèle plus que jamais une protection à cette perte de sens puisqu’il permet de se sentir à la bonne place dans son existence. Cet art de vivre procure un équilibre personnel, participe au bonheur de chacun et permet d’établir une relation harmonieuse entre soi et le monde. De toutes les recherches et études existantes, il ressort que l’ikigai favorise le bien-être et contribue à la longévité, car cette raison de vivre semble prémunir du stress et des maladies telle l’hypertension.

Comment connaître son ikigai ?

I.L. : L’ikigai stipule que, même si nous n’en avons pas conscience, il y a obligatoirement quelque chose, dans notre vie et en nous-même, qui nous valorise, nous aide à renforcer notre estime de soi, à augmenter notre potentiel de joie et qui déteint positivement sur notre environnement. C’est au carrefour de tout cela que se situe notre ikigai. Vivre selon lui, à chaque étape de notre existence, est une manière de s’épanouir dans l’action, de regarder son quotidien sous un angle nouveau avec un regard vif, curieux et joyeux en profitant intensément du moment présent. Et il appartient à chacun de faire émerger son ikigai. Si, pour certaines personnes, il est une évidence qui s’impose dès la petite enfance, ce n’est pas le cas pour la plupart d’entre nous.

Le trouver nécessite donc de prendre son temps ?

I.L. : Oui. Et d’ailleurs, l’un des principes de cet art de vivre est justement de reprendre possession du temps. Car dans cette quête d’ikigai, chacun avance à son propre rythme, personne n’est au même stade d’avancement. Certains le portent en eux naturellement sans le savoir, d’autres s’en sont détournés à cause des obligations de la vie, et d’autres encore ignorent qu’ils peuvent en avoir un ou l’ont refoulé depuis longtemps. Et c’est aussi ce qui le rend précieux : la quête, le chemin qu’il faut parcourir pour le trouver et donner du sens à sa vie tout en nourrissant son énergie. Et quelque soit notre âge, même lorsqu’on est retraité, définir son ikigai permet de garder des activités qui nous stimulent et de ne pas se sentir en marge de la société.

Comment faire émerger mon ikigai

Pour m’aider à le trouver, il existe sur internet un diagramme composé de 4 cercles entremêlés. En l’utilisant, cela me permettra d’y voir plus clair dans mes aspirations.

-Chacun des 4 cercles contient un item : 1/ Ce que j’aime faire. 2/ Ce pour quoi je suis douée (mes compétences acquises ou « innées »). 3/ Ce pour quoi je pourrais être payé 4/ Ce dont le monde a besoin.

-Je prends tout mon temps pour répondre, affiner, faire remonter des souvenirs : passions oubliées, ce qui m’a arrêtée dans mon élan, ce que je me suis interdit alors que j’adorais ça ou que j’étais douée, ou encore que ça comptait dans mon idéal, etc.

-Lorsque mes réponses résonnent profondément, qu’elles vibrent en moi, je les note. Chaque item en ouvre deux autres. Là encore, je réfléchis, plus encore, pour que mes réponses à ces doubles items sonnent au plus juste, éclairent vraiment mon horizon.

– « Ce que j’aime faire » ouvre sur les items passion et mission. « Ce pour quoi je suis douée », sur les items passion et profession ; « Ce pour quoi je peux être payée », sur les items profession et vocation. « Ce dont le monde a besoin », sur les items vocation et mission. Comme on le voit, chaque cercle se trouve en partie associé, par ces doubles items, à celui qui précède et à celui qui suit. Il n’est jamais déconnectée. Il forme un tout qui a trouvé sa cohérence. En associant les 4 mots nés de la combinaison des doubles items, j’arrive au centre où un mot attend de résumer l’ensemble : ce sera mon ikigai.

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