Lumière sur les mustatils d'Arabie saoudite, ces mystérieux monuments plus anciens que Stonehenge ou les pyramides
Une équipe de chercheurs australiens a découvert que les monumentales structures rectangulaires et rocheuses du nord-ouest de l’Arabie saoudite étaient plus complexes, plus anciennes et plus nombreuses qu’on ne le pensait. Des résultats dévoilés le 30 avril dans la revue britannique Antiquity.
Il ne fait pas partie des nouveaux mots de l’édition 2022 du Petit Larousse, mais retenez-le quand même : mustatil, « rectangle » en arabe. Désigne une structure rectangulaire monumentale du nord-ouest de l’Arabie saoudite.
Dans une étude parue le 30 avril dans la revue Antiquity, des archéologues de l’université d’Australie-Occidentale, à Perth, viennent de montrer qu’il en existait plus de 1 000 et qu’ils auraient été érigés à la fin du sixième millénaire avant J.-C., soit bien avant les pyramides d’Egypte ou Stonehenge, au Royaume-Uni.
Situés sur environ 200 000 km2 dans les régions de Khaybar et d’Al Ula, au nord-ouest du pays, ces monuments ont été identifiés pour la première fois dans les années 1970, mais très peu analysés depuis. Cette récente publication fait la lumière sur ces formations étonnantes et jette un nouvel éclairage sur le néolithique arabe quand nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, ici aussi, ont commencé à se sédentariser et à vivre de l’agriculture et de l’élevage.
Principales caractéristiques des mustatils : de longs murets formant un rectangle d’une longueur de 20 à 620 mètres, un mur de tête plus épais (fait de pierres plus larges, il peut contenir parfois une petite niche ou une sorte de petite pièce) et, dans certains cas, des cellules circulaires d’1 à 2 mètres de diamètre et des orthostates (des blocs verticaux). Grès, schiste… ils ont été construits avec des roches locales.
Pour leur dresser le portrait, les archéologues australiens ont varié les relevés : 350 mustatils ont été photographiés depuis les airs par hélicoptère, 641 autres ont été identifiés par télédétection et 39 ont été étudiés au sol.
Les « premières preuves d’un culte du bétail néolithique dans la péninsule arabique »
Avec des murets trop bas pour avoir servi d’enclos à des animaux, à quoi ces formations pouvaient-elles servir ? A des rites, pensent les scientifiques. Pour l’heure, il n’y a aucune preuve de sépultures humaines dans ou autour de ces structures, bien que des fouilles supplémentaires soient encore nécessaires dans tout le nord-ouest de l’Arabie saoudite pour le confirmer.
En revanche, des fouilles menées au cœur du mur de tête d’un mustatil d’Al Ula ont révélé des os de bovins, de moutons, de chèvres et de gazelles datés d’environ 5 000 avant notre ère, lorsque la région était plus humide et verte que le désert aride actuel. Déposés autour d’une grande pierre verticale, tout laisse à penser qu’il s’agissait d’offrandes : les probables « premières preuves d’un culte du bétail néolithique dans la péninsule arabique », peut-on lire dans l’étude, faisant de ces rectangles géants « les plus anciens et les plus grands monuments rituels paysagers au monde ».
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