L’œuvre du Dieu du manga Osamu Tezuka rééditée, revisitée et célébrée

  • L’éditeur Delcourt/Tonkam réédite les œuvres majeures d’Osamu Tezuka en version prestige, à l’instar de Dororo sorti début février
  • Un remake de Dororo est d’ailleurs disponible avec Search & Destroy, une des nombreuses adaptations et hommages de ses personnages et univers
  • Plusieurs artistes français revisitent son travail dans le magazine Tezucomi

Dieu du manga, papa d’Astro Boy et du Roi Léo, équivalent japonais de Hergé… Osamu Tezuka a eu le droit à toutes les dénominations, mais malgré ses 700 œuvres et 170.000 planches signées de son vivant, il est resté longtemps
méconnu en France. Heureusement, l’avènement du manga dans le pays, deuxième consommateur au monde après le Japon avec
près d’une BD vendue sur deux en 2020, a permis de lui rendre honneur avec la publication de ses œuvres majeures, et plus encore, chez différents éditeurs, jusqu’à une rétrospective événement
au Festival d’Angoulême en 2018.

Aujourd’hui est même venu le temps des rééditions, avec le travail de Delcourt/Tonkam et les éditions prestige de ses chefs-d’œuvre L’histoire des 3 Adolf, Barbara, La Vie de Bouddha, MW, Kirihito, ou, début février, Dororo. Une sorte de Pléiade du manga, que l’éditeur accompagne d’adaptations hommages.

Les artistes français, fans de Tezuka

Pour son 90e anniversaire en 2018, Osamu Tezuka s’est même vu consacrer un magazine mensuel, Tezucomi, avec 18 numéros de 400 pages où des artistes de tous horizons étaient invités à revisiter et se réapproprier ses univers. L’édition française en proposera un best of en trois tomes et mettra l’accent sur les auteurs français. Le premier, d’ores et déjà disponible, permet de découvrir un Roi Léo dans le plus pur style shônen de Reno Lemaire, l’auteur-dessinateur de
Dreamland. Le scénariste JD Morvan (Sillage) s’intéresse, lui, à l’une des dernières œuvres du maître, Midnight, et son chauffeur de taxi de nuit. Elsa Brants (Save me Pythie) et Bertrand Gatignol (Les Ogres-Dieux) reprennent le personnage mythique de Black Jack, chirurgien de l’ombre, pour une opération inédite.

« Dororo », le mélange des genres

Quant à Florence Torta et Philippe Cardona (Sentaï School, Noob), ils ont choisi Dororo « pour son mélange des genres, à la fois SF, médiéval et traditionnel japonais » – chaque auteur est interviewé après son hommage. Hyakkimaru est né amputé de 48 parties de son corps offertes à des démons et remplacées par des prothèses, dont certaines sont des armes. Accompagné de Dororo, petit voleur, il cherche un endroit pour vivre en paix mais ne cesse de lutter contre des esprits malfaisants.

Un autre mangaka a été inspiré par Dororo, et pas des moindres. Atsuhi Kaneko (SOIL, Deathco) signe un remake post-apo et cyberpunk de Dororo avec Search and Destroy, dont le premier chapitre est proposé dans Tezucomi et le premier tome déjà disponible en librairie. S’il prend des libertés avec le matériau d’origine (Hyaku devient une femme), c’est pour mieux installer son propre univers et sa propre réflexion sur le thème de l’identité.

« Ayako », préférez l’original à la copie

On ne peut malheureusement pas en dire autant d’Ayako, l’enfant de la nuit, relecture contemporaine du chef-d’œuvre tragique de Tezuka par Kubu Kurin, un dessinateur jusque-là surtout connu pour ses œuvres hentai, pornographiques. L’éditeur évoque « une charge érotique », ce qui semble tout à fait déplacé pour ce drame sur la séquestration puis la reconstruction d’une enfant illégitime. Confirmation, et malaise, dès les premières pages et un dessin tout en courbes et voyeurisme. Mieux vaut relire l’original, à la fois beau et cruel, disponible en intégrale, toujours chez Delcourt/Tonkam.

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