L'Eurovision, un test grandeur nature à l'heure du covid pour les Pays-Bas

  • Cette semaine, Rotterdam (Pays-Bas), accueille le concours Eurovision 2021.
  • Dans la Ahoy Rotterdam, 3.500 personnes, devant respecter un protocole précis, peuvent assister à chacun des shows. 
  • Public, artistes, délégations et médias doivent subir des tests de dépistage au moins toutes les 48 heures. Cet événement sert de test aux autorités néerlandaises.

De notre envoyé spécial à Rotterdam (Pays-Bas)

« J’étais plutôt content de ne pas porter de masque ! Il n’est pas obligatoire à l’intérieur, sauf lorsqu’on se déplace. C’est vrai que ça faisait un peu bizarre. Il n’y avait pas non plus de distanciation physique. Je pensais qu’ils laisseraient des sièges d’écart entre les gens, mais non… » Andreas a profité à fond de la première demi-finale de l’Eurovision mardi soir.

Ce fan du concours, qui n’a jamais manqué une édition depuis 2015, était ravi de retrouver cette « ambiance de fou » qui le transporte à chaque fois. Il n’est cependant pas entré dans la Ahoy Rotterdam, où se tient l’événement, comme dans un moulin hollandais. S’il avait déjà acheté son ticket, il n’a pu y avoir accès, à travers une application, qu’après avoir passé un test antigénique prouvant qu’il n’était pas atteint du covid. Il a aussi dû respecter un créneau horaire pour son arrivée et n’a pas pu choisir sa place. Il devra également passer un autre test dans cinq jours.

La salle était transformée en hôpital de fortune il y a un an

Pour la demi-finale de jeudi et la finale de samedi, rebelote. Si tout se passe bien pour lui, Andreas sera l’un des 3.500 heureux détenteurs d’un ticket pour ce qui sert de test grandeur nature. Le gouvernement néerlandais parle de « laboratoire de terrain » destiné à évaluer la capacité à organiser un événement d’une telle ampleur en évitant au maximum les risques liés à la pandémie de covid. Ironie de l’histoire, cette même salle de concerts qui accueille le grand raout musical cette semaine, avait été transformée, il y a un an, en hôpital de fortune pour désengorger les hôpitaux de la ville.

Si l’on ne regarde que le public qui afflue chaque soir, bardés de drapeaux ou vêtus de tenues bariolées, pour assister aux répétitions ou aux shows en direct, cet Eurovision ressemble à ceux du monde d’avant la pandémie. D’autant plus qu’aux Pays-Bas, le port du masque n’est pas obligatoire en extérieur. Mais si l’on va un peu plus loin sur la droite de l’enceinte, on tombe sur de grands préfabriqués qui abritent le pavillon de tests, où chaque accrédité – journalistes, artistes et autres membres de délégation – doit subir, toutes les 48 heures, un test au souffle ou antigénique, afin de conserver son accréditation. Dans la bulle Eurovision, on ne fait pas cinquante pas sans tomber sur un distributeur de gel hydroalcoolique et le port d’un masque FFP2 est obligatoire au moindre déplacement. Dans la salle de presse, cependant, une fois que les journalistes sont assis à la place qui leur a été attribuée, ils peuvent se démasquer… Quitte à se relâcher ?

Des cas de covid au sein des délégations

Le 13 mai, cinq jours après le début des premières répétitions, l’organisation a tapé du poing sur le clavier en envoyant un mail en guise de rappel aux responsabilités de chacun : « Plusieurs photos et vidéos postées en lignent montrent que les règles de distanciation physique n’ont pas été respectées pendant des interviews. Dans certains cas, les artistes embrassaient les journalistes. »

Mais rappeler le protocole sanitaire n’a pas été suffisant. Ce week-end, un membre de la délégation polonaise et un autre de la délégation islandaise ont été testés positifs au covid, contraignant les artistes qu’ils accompagnent à rester confinés dans leurs chambres. Les organisateurs ont décidé de prendre le maximum de précautions pour la soirée d’ouverture de dimanche en demandant aux équipes maltaises et roumaines, qui séjournent dans le même hôtel que les Islandais, de ne pas faire le déplacement. Les autres délégations ont ensuite été priées de réduire leurs déplacements à l’essentiel, c’est-à-dire au trajet aller-retour entre leur lieu d’hébergement et la Ahoy Arena.

« On a cette chance de pouvoir se produire sur scène, par contre, on est dans une bulle sanitaire. On reste à l’hôtel, on zone dans 20 mètres carrés. Je suis au 11e étage, je ne peux pas ouvrir la fenêtre, j’ai l’impression d’être un rat en cage, mais c’est pour la bonne cause », a raconté la Française Barbara Pravi lors d’un live Instagram avec 20 Minutes mardi.

« Une édition historique »

Ce mercredi, la mauvaise nouvelle est tombée pour les Islandais Daði et Gagnamagnið : l’un de leurs membres a été testé positif au covid. Le groupe, qui a refusé de se produire sans l’un des leurs, reste en course dans la compétition, mais défendra désormais ses chances via l’une de leurs dernières répétitions enregistrées. Ils suivront à distance la demi-finale de ce jeudi pour savoir s’ils seront qualifiés pour la finale.

« On ne peut pas vraiment rencontrer d’autres artistes. C’est dommage, déplore le Belge Alex Callier du groupe Hooverphonic. J’essaye de voir le positif dans le négatif : on peut rester concentrés sur notre performance. Les fêtes, ce n’est pas bon pour la voix. » S’il n’y a pas de couvre-feu à Rotterdam, le traditionnel Euroclub, espèce de boîte de nuit éphémère à la playlist 100 % Eurovision, n’a pas ouvert ses portes cette année. L’Eurovillage, lui, n’existe qu’en ligne.

Organiser le concours est généralement une aubaine pour dynamiser le tourisme de la ville hôte. Rotterdam peut toujours espérer que les shows en direct lui serviront de vitrine, mais pour l’heure, elle n’a pu recevoir qu’une infime portion des dizaines de milliers de fans qui auraient été attendus dans des conditions normales. Comme le dit le cofondateur d’Hooverphonic : « On fait partie d’une édition historique. Cet Eurovision, on ne va pas l’oublier… »

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