Les tips écolo de Fanny Agostini, journaliste engagée
Chroniqueuse sur Europe 1, aux manettes d’une émission sur TF1, elle met tous ses talents de journaliste engagée au service de la planète.
ELLE. Comment est née votre vocation ?
FANNY AGOSTINI. Grâce à une enfance à la campagne, en Auvergne, où mon grand-père, maraîcher, apiculteur, chevrier, m’a appris à voir les beautés de la nature. L’espace d’une génération, j’ai vu cette biodiversité se détériorer, les grenouilles venir de moins en moins pondre, les truites fario disparaître, les oiseaux migrateurs se raréfier dans le ciel… C’est ce qui a fait naître mon envie d’agir et d’utiliser les médias pour faire part de mes convictions.
ELLE. Dans vos chroniques, vous mettez l’accent sur les initiatives positives plutôt que sur les nouvelles alarmistes…
F.A. Soit on fait l’inventaire des menaces avec des chiffres qui font froid dans le dos, soit on tient compte des initiatives, même locales, qui permettent d’envisager le futur joyeux d’une planète vivante. J’ai choisi cette dernière option car la culpabilisation n’a jamais mobilisé qui que ce soit. Cependant, en côtoyant sans cesse experts et scientifiques, j’ai une vision très claire de l’impasse dans laquelle nous sommes.
ELLE. L’éducation est un pilier de la fondation Landestini, créée avec votre mari, Henri Landes.
F.A. Les enfants sont spontanément attirés par la nature, ils veulent comprendre, et puis ce sont les acteurs de demain. Ils peuvent même influer sur le comportement de leurs parents. Actuellement, nous organisons la « Coupe de France du potager » où quelque 10 000 élèves sont invités à créer un potager. C’est un formidable outil pour se reconnecter à la terre, découvrir les légumes de saison, saisir le lien entre l’humain et le vivant. Et mettre les mains dans la terre est indispensable car l’éducation passe aussi par les sens.
ELLE. Avoir les mains dans la terre, c’est euphorisant ?
F.A. Oui, des scientifiques ont trouvé qu’il existait dans la terre une bactérie, la Myco-bacterium vaccae, qui a des vertus positives. On l’absorbe par l’inhalation et, en peuplant notre flore intestinale, elle active la libération de sérotonine et de dopamine. On l’appelle la bactérie du bonheur !
ELLE. Vous habitez dans une ferme dans le Loiret, à quoi ressemble votre quotidien ?
F.A. Le matin, avec mon petit garçon de 1 an, on fait la tournée des animaux – chèvres, poules, chevaux… – puis je rejoins le studio que je me suis fabriqué dans la maison pour ma chronique en direct. Pour préparer les émissions, je me nourris beaucoup de rencontres de terrain, agriculteurs, pépiniéristes, apiculteurs… On vit au rythme de la nature ; au moment du coup de froid, on s’est retrouvés à arroser nos vergers à 22 heures pour créer une fine pellicule de glace qui protégerait les bourgeons. Au final, on en a sauvé les deux tiers. En fait, mon travail et ma vie sont complètement imbriqués.
ELLE. Vos conseils de militante ?
F.A. Développer son « savoir voir », sachant que c’est possible même en ville ! Regardez ces plantes qui arrivent à percer à travers le béton, comme la véronique de Perse. On passe à côté sans la voir alors qu’elle a des couleurs incroyables. Savoir reconnaître, nommer, c’est ainsi que les végétaux et les animaux deviennent familiers et que naît l’envie de s’y intéresser, de les protéger. Je conseille aussi de ne pas céder au manichéisme. Par exemple, manger de la viande rouge n’est pas forcément mauvais si elle provient d’un élevage vertueux. Il existe un équilibre et une symbiose entre l’animal et le végétal : quand une vache broute de l’herbe, elle lui permet de repousser et, ce faisant – on apprend ça en primaire –, le végétal absorbe le CO2 puis rejette de l’oxygène, et ce cycle est bon pour la planète. De la même manière, on dit que manger du poulet est moins mauvais pour la planète, mais s’il est nourri aux graines en provenance d’Amérique du Sud, l’empreinte carbone est désastreuse. L’idée n’est pas de suivre des diktats, mais de s’intéresser, de creuser, pour faire des choix éclairés.
« Notre planète », 8 h 39, Europe 1. « Génération Ushuaïa » le samedi, 10 h 35, TF1.
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