Les secrets des kimonos de Zhang Ziyi dans “Mémoires d’une geisha” | Vogue Paris
L’actrice chinoise fête aujourd’hui ses 41 ans. À cette occasion, Vogue revient sur les kimonos spectaculaires portés par Zhang Ziyi lorsqu’elle incarnait Sayuri, la geisha la plus célèbre du cinéma occidental.
En 2005, Rob Marshall fait entrer le monde dans l’univers très secret des geisha de Kyoto. Fantasme américanisé, casting d’actrices chinoises, erreurs culturelles… Mémoires d’une geisha est l’adaptation d’un livre d’Arthur Golden, déjà très controversé depuis sa sortie en 1997. Mais malgré la polémique, un élément du film n’a de cesse d’être complimenté : les costumes. Aux commandes de l’immense garde-robe des geisha ? Colleen Atwood, avec qui Rob Marshall avait déjà travaillé sur Chicago. La costumière est l’une des favorites de Tim Burton et reçoit son deuxième Oscar pour son travail sur Mémoires d’une geisha en 2006. Pour sa contribution, elle emploie des moyens titanesques. Dans un atelier de la taille d’un terrain de football travaillent des dizaines d’artisans employés à recréer les kimonos les plus authentiques qui soient. Figure centrale du film, le département des costumes n’a laissé aucun détail au hasard.
La garde-robe des geisha
Située dans les années 1930, l’histoire met en scène une maison de geisha à Kyoto, capitale de cet art ancestral. À cette époque, la mode japonaise est extrêmement marquée et les geisha sont de véritables stars. Colleen Atwood s’est rendue à Kyoto pour s’imprégner de la culture nippone. Elle ramène avec elle une nouvelle expertise et plusieurs kimonos dont elle pourra s’inspirer. Le principal objectif de la costumière était de rester aussi proche de la réalité que possible tout en insufflant une part de rêve : “Nous n’étions pas là pour faire un documentaire mais plutôt pour donner une impression de l’époque.” Guidée par ses recherches, Colleen Atwood réalise l’intégralité de la garde-robe de ces personnages féminins fascinants. La costumière témoigne de la difficulté de se documenter et préparer un nombre incalculable de costumes en seulement cinq mois : “Au Japon, il faut environ un an pour fabriquer un kimono. Dans nos ateliers, nous avons du faire en sorte de les fabriquer en une à deux semaines pour le film.”
Mémoires d’une geisha
© Photo12 via AFP
Mais même en accélérant le processus, les artisans de l’atelier de Colleen Atwood ont respecté le processus de fabrication des kimonos. De la couture à la broderie en passant par la teinture des motifs à la main, tout a été fait dans les règles de l’art. Bien différente de la veste vaporeuse en satin portée par les festivalières de Coachella, chaque tenue de geisha était composée de nombreuses pièces et pouvait parfois peser vingt kilos. Colleen Atwood a du se familiariser avec le kirusuke, c’est-dire l’art de revêtir le kimono. Selon Zhang Ziyi, il fallait deux personnes et plus d’une heure pour l’aider à enfiler les couches successives de vêtements de soie. Dernière étape : le obi, cette ceinture ancestrale nouée dans le dos, aussi serrée et restrictive que le corset occidental. Dans Mémoires d’une geisha, le costume prend une dimension sacrée. En plus de faire intégralement partie de la culture japonaise, le kimono est utilisé dans le film comme un témoin de la personnalité de chacune des femmes. De la sage et sophistiquée Mameha, interprétée par Michelle Yeoh, à la rebelle et sulfureuse Hatsumomo, incarnée par l’exquise Gong Li, la soie recèle de nombreux secrets.
Mémoires d’une geisha
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Les kimono de Sayuri
Centré sur le personnage de Zhang Ziyi, Mémoires d’une geisha montre la transformation d’une petite fille en une incroyable geisha. Chiyo et ses tenues grisâtres disparaissent peu à peu pour laisser place à Sayuri, la star de l’hanamachi, le quartier où vivent les geisha. Cette profonde évolution a été parfaitement capturée par Colleen Atwood qui remplace progressivement les tissus fades de la servante par de la soie claire et élégante. Contrairement au personnage flamboyant et amer d’Hatsumomo, Sayuri incarne la naïveté, la jeunesse et la douceur. Sa garde-robe se compose de nuances pastels et de motifs tendres, contrastés par le liseré rouge du sous-kimono, caractéristique des maiko, les apprentis geisha.
Mémoires d’une geisha
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Deux kimonos se démarquent dans le film et expriment subtilement la transformation de Sayuri en femme. Après ses débuts aux côtés de Mameha où Zhang Ziyi porte un kimono pastel, elle se révèle dans une séquence dansée et dramatique. Présentée à toute la ville, Sayuri devient la vedette du moment. Lors de sa performance, la maiko joue une femme devenue folle après une déception amoureuse. Virevoltant sauvagement sous la neige, Zhang Ziyi captive grâce – notamment – à ses longs cheveux noirs et son incroyable costume. Pour mettre en lumière l'intensité de la scène, Colleen Atwood a contrasté le kimono en soie blanc argenté doté de manches fluides de plus d’un mètre, avec un tissu rouge sang en dessous. “Elles ne portent généralement pas de rouge sur les manches du sous-kimono”, admet Colleen Atwood. Mais elle reste fidèle à ce choix audacieux qui permet d’insister sur le passage de Sayuri à l’âge adulte.
Mémoires d’une geisha
© Photo12 via AFP
L’autre costume qui a marqué Mémoire d’une geisha, c’est celui que l’actrice arbore lors du Hanami, le festival des cerisiers en fleurs. Sayuri est vêtue d’un kimono bleu à manches longues et fluides, brodé de fleurs de sakura. Son obi, appelé darari, est attaché très large autour de son buste et possède un motif tissé de pivoine et de treillis. Plus long que l’obi classique, le darari possède le symbole de la maison à laquelle la maiko appartient et mesure environ six mètres de long. Cette longueur est nécessaire pour s'enrouler autour du corps deux fois et pour attacher le long musubi (le nœud du obi) qui identifie la maiko. Mais tout l’art d’habiller la geisha se situe dans sa sensualité. Ken Watanabe, l’interprète du président Iwamura, pointe du doigt le clivage culturel entre Orient et Occident : “Tout le monde a une opinion différente de ce qu’est la sensualité. Au Japon, se couvrir est séduisant. Le dos du kimono qui dévoile le cou est sexy car il est très mystérieux.” La base découverte de la nuque, un furtif aperçu du poignet et le regard faussement innocent d’une jeune fille en fleurs… Si Mémoires d’une geisha n’a pas fait l’unanimité auprès du public japonais, le film de Rob Marshall a tout de même su retranscrire la pudeur si fascinante de la culture nippone.
Mémoires d’une geisha
© Collection Christophel via AFP
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