Les naissances prématurées pourraient être causées par la présence de produits chimiques dans le vagin
Que ce soit dû à une infection, un diabète ou à de l’hypertension, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que chaque année, 15 millions de nourrissons naissent prématurément – soit avant 37 semaines de gestation.
Et selon des chercheur.euse.s du Columbia University Vagelos College of Physicians and Surgeons (États-Unis), le dérèglement de la flore vaginale pourrait s’ajouter à la liste des causes éventuelles. Selon leurs recherches, dont les résultats ont été publiés le 12 janvier 2023 dans la revue Nature microbiology, l’accumulation de produits chimiques dans le vagin serait liée à des risques plus élevés d’accouchement prématuré.
Selon l’auteur principal de l’étude, le Pr Tal Korem, du département d’obstétrique et de gynécologie du Columbia University Irving Medical Center, ces résultats démontrent que « les métabolites vaginaux ont le potentiel de prédire, des mois à l’avance, quelles femmes sont susceptibles d’accoucher tôt ».
Un déséquilibre de la flore vaginale causé par des produits d’hygiène ?
Pour mener à bien cette étude, les chercheur.euse.s ont effectué une métabolomique (une analyse des micro-organismes issus de l’organisme ou provenant de l’environnement, NDLR) après avoir réalisé un prélèvement vaginal sur 232 femmes enceintes, dont 80 ayant accouché prématurément. 75 % des participantes étaient noires, précise The New Scientist, ce groupe éthnique étant touché « de manière disproportionnée par les naissances prématurées aux États-Unis ».
Parmi les 700 métabolites mesurés, certains étaient issus de la dégradation d’aliments, de médicaments ou de produits chimiques dans le microbiote vaginal. Et c’est ainsi qu’ielles ont découvert que l’agrégationde métabolites non créés par l’organisme dans le vagin était associée à un risque plus élevé d’accouchement prématuré. « Plusieurs de ces métabolites sont des produits chimiques qui ne sont pas produits par les humains ou microbes, ce que nous appelons des xénobiotiques », expliquent les scientifiques.
Si la source de ces xénobiotiques déréglant la flore vaginale est restée inconnue chez les femmes de la cohorte, les scientifiques indiquent que ces produits chimiques peuvent communément être trouvés dans les cosmétiques et produits d’hygiène. « La bonne nouvelle est que si ces produits chimiques sont à blâmer, il peut être possible de limiter ces expositions potentiellement nocives », a déclaré le Pr Korem.
L’espoir de pouvoir prédire une naissance prématurée
De telles observations ont permis aux chercheur.euse.s de développer un « algorithme basé sur les niveaux de métabolites dans le but de prédire le risque de naissance prématurée avec une bonne précision », détaille Version Femina.
Si ce modèle doit être approfondi et validé par d’autres études, ces résultats montrent qu’un prélèvement vaginal réalisé pendant la grossesse peut, potentiellement, permettre le diagnostic précoce d’une naissance prématurée.
« Comme le microbiote peut changer en fonction de divers facteurs tels que les expositions environnementales, il est possible que le modèle produise des résultats différents pour les échantillons prélevés sur la même personne à des jours différents », note toutefois Christine Metz, des Feinstein Institutes for Medical Research à New York, interrogée par The New Scientist.
L’accouchement prématuré est l’une des principales causes de mortalité maternelle et néonatale.
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