Les mauvais réflexes alimentaires qui abîment notre microbiote

• Les régimes restrictifs dérèglent le microbiote
• Le gluten n’est pas un ennemi
• Manger sereinement est aussi important que manger sainement
• Prendre soin de son microbiote n’est pas qu’une question d’alimentation

Prendre soin de son microbiote est devenu de nos jours, un réflexe bien-être indispensable. Notamment quand on connaît l’impact de la santé intestinale sur le reste de notre corps et notre esprit. Et si l’alimentation semble être une voie privilégiée pour cela. 

Sauf que parfois, en essayant de “bien faire”, on commet des erreurs qui viennent anéantir nos tentatives. Quels sont les pièges à éviter quand on veut prendre soin de sa santé intestinale ? 

Les régimes restrictifs dérèglent le microbiote

Selon certaines croyances, il conviendrait de supprimer certains groupes d’aliments de nos assiettes voire même de suivre un régime restrictif et très précis, pour assainir notre microbiote. Or, c’est complètement faux.

En réalité, il est recommandé de manger aussi varié que possible. « Pour maintenir une bonne santé intestinale, il faut ajouter des éléments : une plus grande diversité = un microbiome intestinal plus sain”, explique Sammie Gill, gastro-entérologue à Stylist. 

Surtout, on évite de diaboliser certains aliments, ou certains composés comme les glucides ou les matières grasses, parce qu’ils favoriseraient soi-disant la dégradation de notre microbiote. “La seule chose à enlever, ce sont les aliments transformés, les additifs, les sucres ajoutés. On n’en a pas besoin et ils sont délétères pour nos intestins et notre organisme. Il faut donc manger plus sainement et éviter d’y ajouter du sucre et des aliments industriels”, complète Julien Scanzi, hépato-gastroentérologue au CH de Thiers (Auvergne). De plus, les restrictions inutiles peuvent entraîner “un effet rebond”, alerte-t-il, du grignotage, et donc de nouveaux déséquilibres. 

Le gluten n’est pas un ennemi 

Parmi les ennemis fantasmés du microbiote, le gluten est généralement en première ligne. Or, hormis pour les personnes intolérantes ou allergiques ou souffrant de certaines maladies, les évictions ne sont pas conseillées. « Si jamais l’intolérance est confirmée, le régime et la modification de l’alimentation doivent être accompagnés avec un.e expert.e pour éviter les carences”, précise l’hépato-gastroentérologue. ET il en est de même pour le lactose par ailleurs. 

“La grande majorité des personnes qui ont des problèmes avec les aliments contenant du gluten (pains, pâtes, etc.) sont en fait sensibles aux fructanes contenus dans ces aliments, et non au gluten”, précise de son côté l’experte Sammie Gill à Stylist. 

“C’est vrai qu’on peut se sentir mieux quand on enlève le gluten de notre alimentation. Mais en fait, c’est souvent un faux ennemi : c’est surtout parce qu’on enlève des aliments transformés comme les gâteaux industriels ou les viennoiseries qu’on ressent cela”, ajoute Julien Scanzi.

Et puis, certains aliments qui contiennent du gluten (non transformés) sont même très bons pour nos intestins et notre santé globale comme les céréales complètes. 

Manger sereinement est aussi important que manger sainement

Se concentrer sur le contenu de nos assiettes est toutefois essentiel pour prendre soin de notre ventre. Mais ce n’est pas le seul paramètre alimentaire à prendre en compte : la vitesse des repas, la fréquence ou encore l’environnement jouent un rôle primordial sur la bonne santé de nos intestins. “Si on mange des aliments sains mais qu’on le fait en trois minutes, debout, en regardant l’ordinateur, en discutant de notre travail, la digestion ne sera pas optimale”, alerte Julien Scanzi. 

Dans une vie à mille à l’heure, « nous sommes tous coupables d’engloutir notre nourriture de temps en temps”, rassure la professionnelle de santé à Stylist. Mais si notre digestion est perturbée par notre environnement, notre santé intestinale sera mise à mal. “On aura un inconfort abdominal, des ballonnements, des diarrhées, des maux de ventre et même faim plus vite. Et tout cela nous met dans un cercle vicieux qui n’est pas bon pour l’organisme”, ajoute Julien Scanzi. 

D’où l’importance de bien mastiquer mais aussi de manger assis.e, sans distractions. “Si on prend conscience de ce que l’on mange dans des conditions peu stressantes, on profitera de notre repas et ce sera bénéfique pour notre santé intestinale”, conclut l’hépato-gastroentérologue. Pour cela, évitez de manger entouré.e d’écrans, prenez le temps nécessaire pour bien digérer, appréciez votre repas, et votre ventre et votre santé vous diront merci. 

Prendre soin de son microbiote n’est pas qu’une question d’alimentation 

Outre le contenu de nos assiettes et les conditions dans lesquelles on mange, d’autres facteurs peuvent affecter notre microbiote. La façon dont nous dormons – la quantité et la qualité de notre sommeil – nos émotions comme le stress et l’anxiété ou encore notre forme physique, notamment un manque d’activité régulière, influencent tout autant notre santé intestinale. Ainsi, les cibler sera tout aussi bénéfique. 

“Il y a un réel impact du sommeil, de l’activité physique et du stress sur la qualité du microbiote, sur la qualité de la digestion et sur notre confort intestinal. Du sport, des temps de sommeil suffisants et moins de stress lui seront bénéfiques. C’est prouvé que l’alimentation est importante mais elle ne fait pas tout. Un mode de vie sain est tout aussi important. Et une bonne alimentation favorise un meilleur sommeil et un moindre stress. L’un joue sur l’autre”, détaille l’auteur de Incroyable microbiote (Leduc, 2022).

Par exemple, un manque d’exercice physique peut modifier négativement la composition de notre microbiote en baissant le nombre de nos bactéries intestinales. Ainsi, “les séances d’entraînement plus longues et l’entraînement aérobique de haute intensité, en particulier, contribuaient le plus à la diversité et à la fonction des bactéries intestinales en relation avec le bien-être général”, avait détaillé Sabine Hazan, gastro-entérologue, dans un article pour Forbes.

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