Les films de Claude Sautet à revoir sur Netflix

Après les films de Jacques Demy, François Truffaut et Jean-Luc Godard, Netflix met ce mois-ci en ligne cinq réalisations de Claude Sautet (1924-2000). Parfois moins reconnu que les précédents, mais tout aussi important, on garde surtout de Sautet ses films à succès des années 70, des histoires de vie, portraits sublimes de la société française de l’époque.

Sont à découvrir ou à revoir Les Choses de la vie, Max et les Ferrailleurs, César et Rosalie, Vincent, François, Paul… et les autres, et son ultime, Nelly et Monsieur Arnaud, sorti en 1995, cinq ans avant sa mort.

Le style Sautet 

S’immerger dans les films de Sautet, surtout ceux des années 70, c’est découvrir un univers réaliste, qui parle à tous, mais aussi, beaucoup de ressemblances. Dans l’ensemble de sa filmographie, il est toujours question d’histoires, celles de personnes issues de différentes classes sociales, qui travaillent, mais qui aiment tendrement, et souvent même, follement.

Dans les films de Sautet, les musiques sont un personnage à part entière. Les Choses de La Vie (1970) lance sa première collaboration avec Philippe Sarde, qui restera son fidèle compositeur jusqu’à la fin.

Et puis, il y a les amitiés. Elles sont naissantes ou solides, mais toujours essentielles dans le scénario : César et David (César et Rosalie), la bande de ferrailleurs d’Abel (Max et les Ferrailleurs), et celle de Vincent, François, Paul… et les autres.

Que seraient les films de Sautet sans les voitures ? L’accident des Choses de la vie, évidemment, tourné sur dix jours, et puis les trajets, courts ou longs, où il est souvent question de rattraper quelqu’un, ou d’avoir une discussion sérieuse à deux.

Ayant à coeur de représenter la France de son époque, ses rues et ses lieux de tous les jours, chaque film contient une scène tournée dans un restaurant ou une brasserie : l’occasion d’un déjeuner en couple ou de retrouvailles entre amis.

Dans ces histoires simples du quotidien, il y a enfin, toujours, les problèmes d’argent, et les disputes, de celles qu’on oublie rapidement aux plus graves.

Mais revoir les Sautet des années 70 qu’on aime tant, c’est aussi prendre du recul, en étant confronté à des scènes de violences qui seraient difficilement acceptables si elles étaient tournées aujourd’hui. La scène où Rosalie décide de partir, interrompue par César qui s’en prend violemment à elle, en est l’exemple même.

Fidèles à ses acteurs

Ces cinq films se voient et se revoient en partie aussi grâce aux performances de leurs actrices et acteurs. Ceux choisis par Sautet, qui préféra la fidélité, au risque de passer à côté d’autres vedettes montantes de l’époque.

Romy Schneider sera son actrice principale pour cinq films, des rôles qui contribueront à sa légende. « Claude et moi, c’est une amitié qui va bien plus loin qu’une amitié ou une complicité de metteur en scène et comédienne », confiait-elle en 1978. Il dirigea Michel Piccoli à quatre reprises, trois pour Yves Montand.

De ces acteurs, il en fait des personnages forts, des humains avec leurs failles, portant des joies, comme des drames, de la Rosalie libre, solaire, mais hésitante (César et Rosalie), à Lily, la prostituée d’origine allemande au caractère complexe que Romy Schneider insista pour interpréter (Max et les Ferrailleurs). 

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"Les Choses de la vie" (1970)

En 1969, Claude Sautet amorce une nouvelle phase dans sa carrière de réalisateur, en entamant le tournage des Choses de la vie. Après les films policiers, il change de registre pour porter à l’écran un succès de librairie, La Grande Marrade de Claude Néron, sorti en 1967. 

Les Choses de la vie, c’est l’histoire d’un couple, Pierre et Hélène, portés par Michel Piccoli et Romy Schneider, devenus le couple de cinéma phare du réalisateur. 

Pendant son accident de voiture, Pierre voit sa vie défiler. Quelques secondes qui suffisent à réaliser l’importance des petits riens du quotidien. Ce personnage de Monsieur-tout-le-monde nous emporte avec lui, un architecte divorcé, qui ne sait plus si il aime Hélène, ou son ex-épouse, Catherine. De la confusion des sentiments naissent les dilemmes : arrêter ou continuer ? 

Plus qu’une histoire d’amour, c’est celle des tiraillements de la vie, des hésitations, et de l’imprévu. Le film nous attrape grâce à la musique inoubliable de Philippe Sarde. En bonus, La Chanson d’Hélène, interprétée par les deux acteurs, mais ne figurant pas dans le film.  

"Max et les Ferrailleurs" (1971)

Dans la continuité des Choses de la vie, Romy Schneider et Michel Piccoli sont retenus pour être les vedettes de Max et les Ferrailleurs. Initialement, les producteurs pensaient plutôt à Alain Delon et Catherine Deneuve ou Yves Montand et Marlène Jobert. Tant pis, c’est l’occasion de faire de Romy Schneider et Michel Piccoli ses acteurs favoris, et de leur donner à chacun des rôles sur mesure. 

Max est un ancien juge d’instruction devenu inspecteur de police. Passionné par son métier, il n’a qu’une obsession : mettre les voyous en prison. La rencontre fortuite avec un ancien camarade de jeunesse, Abel, tombe à pic. Lui et ses copains ferrailleurs vivent des reventes de métaux volés.

Et puis, il y a Lily, prostituée d’origine allemande et compagne d’Abel, un des plus beaux rôles de Romy Schneider, que Max utilisera pour arriver à ses fins.

"César et Rosalie" (1972)

Impossible d’oublier César et Rosalie, le film de Claude Sautet qui a peut-être remporté le plus de succès dans les esprits.

C’est une histoire simple, celle de Rosalie (Romy Schneider), en couple avec César (Yves Montand), plus âgé qu’elle, sûr de lui et ferrailleur. Ensemble, ils élèvent Catherine, la fille que Rosalie a eue avec Antoine, son ancien mari, peintre, avec qui elle est restée en bon termes. 

David (Sami Frey), ancien amant de Rosalie et artiste discret, parti travailler aux États-Unis, est de retour en France et est invité au mariage de la mère de Rosalie. Tiraillée entre les deux, Rosalie aime toujours César, mais aussi David. 

Avec tendresse et honnêteté, Sautet traite l’amour, la jalousie et l’amitié, entre deux hommes ennemis qui deviendront amis, sous l’oeil de Rosalie et de sa liberté. 

"Vincent, François, Paul… et les autres" (1974)

En 1974, Claude Sautet laisse place aux copains. Une bande d’amis, formée autour de Vincent (Yves Montand), François (Michel Piccoli) et Paul (Serge Reggiani), il y a des dizaines d’années. 

Chacun a ses soucis : argent et mariage qui s’effrite, parfois même les deux. Des difficultés égayées par leurs traditionnelles retrouvailles, les week-ends, à la campagne ou à la ville. Le temps d’un instant, tout est oublié.

Mais les inquiétudes et tensions finissent toujours par reprendre le dessus, mettant en péril les inséparables, jusqu’à ce que la santé de l’un ne remette leurs différends en question.

Mention spéciale à l’inoubliable colère de Michel Piccoli coupant le gigot.

"Nelly et Monsieur Arnaud" (1995)

Dernier film de Sautet, auréolé du César de la meilleur réalisation, il est aussi l’un des plus intimiste et subtil. Nelly (Emmanuelle Béart) enchaîne les petits boulots, un quotidien difficile, mais dont elle se contente, jusqu’à la rencontre de Monsieur Arnaud (Michel Serrault). 

À la recherche d’un assistante pour l’aider à retranscrire ses mémoires, il trouve en elle la personne parfaite. Naît alors une complicité étonnante dans le huit-clos dans un appartement parisien bourgeois. 

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