Les Eurockéennes sont annulées, et un nouvel été sans festival se profile

Ils ont voulu y croire, longtemps, mais sont déjà résignés.
Les festivals d’été de musiques actuelles, aussi appelés les « gros festivals », renoncent un à un à leur édition 2021. Ce vendredi matin c’était au tour des Eurockéennes de Belfort de jeter l’éponge. En cause, la crise sanitaire et les restrictions annoncées il y a plusieurs semaines par le ministère de la Culture.

Les « Eurocks » dénoncent dans un communiqué un « carcan » totalement « incompatible avec l’état d’esprit d’un évènement vivant et remuant ». Pour mémoire, le cadre fixé par le gouvernement pour l’organisation de festivals cet été est de 5.000 personnes maximum, assises et distanciées. Sans pogo donc mais aussi sans buvette ni stand de nourriture…

Des aides insuffisantes

Les Eurockéennes rejoignent une triste liste d’événements d’ores et déjà annulés pour deux années consécutives : Solidays, Hellfest, Garorock, Main Square, Art Rock, Lollapalooza… Pour le moment, parmi les « gros », seuls résistent les Vieilles Charrues (270.000 spectateurs en 2019) et les Francofolies (150.000 en 2019) qui ont promis de se dérouler en s’adaptant. Le Printemps de Bourges, prévu début mai, a été décalé du 22 au 27 juin, et a déjà anticipé en faisant une croix sur sa plus grande enceinte à 10.000 personnes. Mais ses organisateurs sont toujours dans l’attente d’un calendrier pour la réouverture des lieux culturels en France.

Malika Seguineau, du Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété) pointe « l’insuffisance » du fonds d’aide dédié aux festivals : « Sur les 30 millions, il y en 20 pour la musique toutes esthétiques confondues, des musiques actuelles au classique, et 10 en direction des arts de rue et du théâtre. On comprend qu’il faudrait organiser un évènement sur nos fonds propres, alors que nous en aurons besoin pour réenclencher la dynamique en 2022, nous ne pouvons donc pas prendre ce risque pour 2021. »

Festivals en péril

Tous les organisateurs de festivals joints par 20 Minutes font le même constat. Les conditions sont intenables, même avec un doublement des aides d’ores et déjà annoncées. « On sait déjà qu’on va boire la tasse et on est même quasi sûrs de se noyer si on y va. Franchement, ça ne donne pas envie de se lancer dans le bain… », résume une directrice d’un festival qui annoncera dans quelques jours son annulation. Ainsi, les rares festivals de plus de 50.000 spectateurs n’ayant pas encore annoncé leur annulation pour 2021 attendent simplement d’avoir prévenu d’abord leurs partenaires.

« On se rend bien compte que le gouvernement communique sur un espoir retrouvé pour cet été, mais ce sera sans nous, explique Jean-Paul Roland, directeur général des Eurockéennes. Nous ne pouvons pas organiser nos festivals du jour au lendemain, il y a un temps long de préparation, incompressible. On ne nie pas la pandémie, mais ce qui nous fait le plus mal au ventre, c’est qu’on annule encore plus tôt en 2021 qu’en 2020. »

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