Les édulcorants sont-ils mauvais pour la santé ?
- Les édulcorants, kézako ?
- Diabète, perte de poids : les édulcorants sont peu ou pas efficaces
- Les effets des édulcorants sur nos organes digestifs
- "Faux sucres" et cancers : quels liens ?
- Quid des effets sur notre système cardiovasculaire ?
- Sucre ou édulcorants : que consommer ?
Qui n’a jamais entendu dire que le sucre était mauvais pour notre organisme ? Obésité, problèmes cardio-vasculaires, cancers : le sucre semble être à l’origine de nombreux problèmes de santé, comme plusieurs études ont alerté ces dernières années.
Également très addictif, le sucre a, pour ces raisons, peu à peu été remplacé par ceux que certain.es appellent des « faux sucres » : les édulcorants. Pourtant, ces substituts, censés être plus « naturels » et plus « sains », sont étudiés par les chercheurs pour leurs possibles effets délétères sur notre santé.
Les édulcorants, kézako ?
« Édulcorer veut dire adoucir, sucrer. Les édulcorants sont des substances qu’on utilise pour leur action sucrante. Leur but ? Améliorer le goût de l’aliment en donnant une saveur sucrée, mais ayant une valeur nutritive faible ou nulle”, commence Faïza Bossy, médecin nutritionniste.
Il en existe trois types : les édulcorants naturels, les édulcorants de masse et les édulcorants de synthèse, artificiels. Ainsi, les plus célèbres sont l’aspartame, le saccharose ou encore la stévia.
Vantés comme peu caloriques et peu sucrés, les édulcorants ont gagné en popularité au sein de l’industrie agro-alimentaire et des consommateur.ices. Mais « les édulcorants ont un pouvoir calorique et un index glycémique très différent. Les édulcorants de synthèse n’ont pas de calories et un index glycémique proche de zéro. Les édulcorants naturels ont un index glycémique élevé et sont caloriques. Pour finir, les édulcorants de masse sont caloriques mais ont un index glycémique bas”, continue la spécialiste.
Mais qu’en est-il de leur effet sur notre santé ?
Diabète, perte de poids : les édulcorants sont peu ou pas efficaces
Si les édulcorants sont présentés comme la porte de sortie saine au sucre, ils n’auraient pas d’effet notable sur la perte de poids.
“Remplacer les sucres libres par des édulcorants n’aide pas à contrôler le poids à long terme. Les gens doivent envisager d’autres moyens de réduire leur consommation de sucres libres, comme la consommation d’aliments contenant des sucres naturels, comme les fruits, ou d’aliments et de boissons non sucrés”, a déclaré Francesco Branca, directeur du Département Nutrition et sécurité sanitaire des aliments lors d’une conférence à l’OMS.
D’autant que ces substances « ne réduisent pas la production de ghréline, hormone sécrétée par l’estomac, qui stimule l’appétit et n’activent pas la sécrétion du peptide, censé réguler la satiété (…) À terme, ces produits peuvent engendrer une prise de poids », souligne le Dr Pierre Nys, diabétologue, endocrinologue et nutritionniste à Paris, au Figaro.
De plus, ces substituts, conseillés aux personnes atteintes de diabète, s’avèrent parfois contre-productifs. “On avait proposé ces alternatives chez les patients diabétiques, car ils ne sont pas caloriques et possèdent un index glycémique bas. Mais cela n’a aucun effet, ça ne change rien car ils ont ce fort pouvoir sucrant en bouche, qui est très agréable car on sent le goût sucré, mais qui fait que finalement on en surconsomme”, explique à son tour Faïza Bossy.
Les effets des édulcorants sur nos organes digestifs
Ces remplaçants semblent, selon les résultats de différentes études, aussi nocifs pour notre organisme que le sucre.
Tout d’abord, ils seraient à l’origine de graves problèmes intestinaux : une étude, publiée en mai 2021 dans l’International Journal of Molecular Sciences, s’est penchée sur les effets néfastes des édulcorants artificiels les plus consommés – saccharine, sucralose et aspartame – sur deux bactéries intestinales, la bactérie E. coli et la bactérie E. faecalis. Ces « bonnes bactéries » seraient transformées en agents pathogènes par les édulcorants.
“Notre étude est la première à montrer que certains des édulcorants les plus couramment trouvés dans les aliments et les boissons – saccharine, sucralose et aspartame – peuvent rendre les bactéries intestinales normales et ‘saines’, pathogènes […] Ces changements pourraient conduire à l’invasion de nos propres bactéries intestinales et causer des dommages à notre intestin, ce qui peut être lié à une infection, une septicémie et une défaillance multiviscérale”, explique l’auteur principal de l’article, le Dr Havovi Chichger.
« Faux sucres » et cancers : quels liens ?
Les édulcorants favoriseraient également l’apparition de certains cancers. Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de INRAE, de l’Université Sorbonne Paris Nord et du Cnam, ont analysé leurs effets sur 102 865 adultes. Les résultats, publiés en mars 2022 dans PLOS Medicine, ont alors révélé une association entre les substituts au sucre et un risque accru de cancer. Précisément, l’aspartame et l’acésulfame-K engendreraient un risque supérieur de développer un cancer du sein ou un cancer lié à l’obésité.
Ainsi, « les édulcorants artificiels, utilisés dans de nombreux aliments et boissons en France et dans le monde, pourraient représenter un facteur de risque accru de cancer”, relate Charlotte Debras, première auteure de l’étude. “Ces résultats ne soutiennent pas l’utilisation d’édulcorants en tant qu’alternatives sûres au sucre et fournissent de nouvelles informations pour répondre aux controverses sur leurs potentiels effets néfastes sur la santé”, a conclu de son côté Mathilde Touvier, coordinatrice des recherches.
Quid des effets sur notre système cardiovasculaire ?
Puis, une étude, publiée dans le British Medical Journal en septembre 2022 a également fait le lien entre édulcorants et maladies cardiovasculaires. « L’aspartame était plus étroitement associé au risque de maladies cérébrovasculaires (les AVC et les accidents ischémiques transitoires). L’acésulfame-K et le sucralose ont montré une association au risque de maladies coronariennes (infarctus du myocarde, syndrome coronarien aigu, angine de poitrine, angioplastie)”, explique Sciences et Avenir.
« Dans notre étude, les principaux édulcorants consommés étaient l’aspartame E951 (58 % des apports en édulcorants), l’acésulfame potassium E950 (29 %) et le sucralose E955 (10 %). Et les principaux groupes d’aliments vecteurs étaient les boissons sans sucres ajoutées (53 % des apports), les édulcorants de table (30 %) et les produits laitiers édulcorés (8 %) », a précisé Charlotte Touvier, directrice de l’équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle à l’Inserm, au média scientifique.
Sucre ou édulcorants : que consommer ?
Alors que choisir quand on est face à une cannette de soda à base de sucre et une autre à base d’édulcorant ? Idéalement, « Ni l’un ni l’autre ».
Mais pour Faïza Bossy, « le problème est surtout les sucres ajoutés, dont la consommation doit être évitée. L’OMS recommande un apport quotidien en sucres ajoutés qui ne devrait pas représenter plus de 10% des calories totales, idéalement 5%. Pour une femme entre 30 et 50 ans, cela équivaut à 10 morceaux de sucres par jour, idéalement 5. Mais les édulcorants, trop sucrés, nous font largement dépasser les recommandations », se désole la médecin nutritionniste.
Finalement, ce sont les excès, de sucre ou d’édulcorants, qui sont à éviter. « Il est préférable de réduire autant que possible tous les édulcorants. Mais tout le monde ne peut pas le faire. Donc, s’il n’y a pas d’autres options, vous pourriez envisager de passer temporairement du sucre aux édulcorants artificiels. Mais encore une fois, en fin de compte, il est préférable de passer à des moyens naturels et de réduire les édulcorants en général”, illustre Bruce Y. Lee, directeur du Global Obesity Prevention Center, à Very Well Health.
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