« Les conséquences en termes de santé mentale sont majeures dans cette pandémie »
La pédopsychiatre Angèle Consoli intègre le Conseil scientifique avec trois de ses confrères, a annoncé un décret paru au Journal officiel ce mercredi. Interrogée par ELLE, elle explique rester vigilante quant à la situation des personnes vulnérables.
Angèle Consoli est spécialiste de l’enfant et de l’adolescent. Elle exerce « depuis quasiment 20 ans » à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. « Je suis toujours restée très fidèle à ce service », déclare la pédopsychiatre. Elle se remémore son parcours : « interne, chef de clinique, praticien hospitalier…». Désormais, elle est professeure. En qualité d’experte, Angèle Consoli entend bien se faire particulièrement l’écho des personnes vulnérables au sein du Conseil scientifique : « en mobilisant tout le réseau de psychiatres, psychologues, cliniciens autour de moi, je pense pouvoir apporter un éclairage et un avis », estime-t-elle. Elle intègre ce groupe accompagnée de Catherine Chirouze (infectiologue), d’Olivier Guérin (gériatre et président de la Société française de gériatrie) et Thierry Lefrançois (vétérinaire), comme l’a annoncé mercredi un décret publié dans le Journal officiel. « Je suis honorée, affirme-telle, je trouve que c’est très important qu’il puisse y avoir un psychiatre ou un pédopsychiatre au sein du Conseil, cela montre aujourd’hui l’intérêt qui est porté à la santé mentale de tous les français et particulièrement des jeunes. […] C’est un message fort. Les conséquences en termes économiques, sociétaux et en termes de santé mentale sont majeures dans cette pandémie. »
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Les populations plus fragiles à surveiller
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Pendant le deuxième confinement, les troubles anxieux et dépressifs ont augmenté. « Il y a un continuum entre des manifestations psychologiques plus légères chez certains, indique Angèle Consoli, jusqu’à des troubles psychiatriques plus avérés, où leur aggravation chez des personnes qui en souffraient déjà avant cette crise sanitaire ». Pour l’experte, il y a des publics particulièrement à risque : les malades du Covid, les personnes âgées et les jeunes. « Pour les enfants et les adolescents on a une forte demande de prise en charge, constate-t-elle, beaucoup de passages aux urgences pédopsychiatriques, qui nécessitent une hospitalisation, avec un système de soins complètement saturé ».
Angèle Consoli souhaite également attirer l’attention sur le champ du handicap, particulièrement éprouvé par la pandémie. « Les familles, les aidants se sont retrouvés “H24” avec leurs proches, rapporte-t-elle. Chez les personnes en situation de handicap, il y a aussi des facteurs de comorbidité qui expliquent une inquiétude particulière ».
« Attachée à l’hôpital public »
Engagée, Angèle Consoli signait en 2018 une tribune pour alerter sur la crise de l’hôpital. « Je suis attachée au service public et à l’hôpital public, explique-t-elle. Un hôpital, c’est précieux, il faut être vigilant quant à maintenir une qualité de soins. Le public accueille les patients les plus démunis, qui sont aussi les plus vulnérables dans cette crise sanitaire. La précarité fait également l’objet des préoccupations du Conseil scientifique ». Les moyens matériels sont essentiels pour la pédopsychiatre, mais les moyens humains le sont encore davantage. C’est pourquoi elle invite aussi à la vigilance concernant l’état de santé des soignants, en première ligne depuis un an. « Ils sont aussi confrontés à des enjeux éthiques émotionnels, mais demandent peu d’aide et se sentent assez coupables quand ils le font », déplore la nouvelle membre du Conseil scientifique, désormais composé de 5 femmes et 11 hommes. En termes de parité, Angèle Consoli reconnaît que ce n’est « pas encore parfait », mais note « un effort » dans l’intégration des nouveaux membres, deux hommes et deux femmes.
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