« Les codes du rap, on s’en fout, on a le droit de faire autre chose »
- Après ses sessions acoustiques Ailleurs, Georgio dévoile ce vendredi son nouvel album Sacré.
- Sur ce projet, Georgio a collaboré avec Kalash Criminel, S.Pri Noir, Zikxo ou encore son ami d’enfance et backeur sur scène Sanka.
- À cette occasion de ses 10 ans de carrière, Georgio dévoile, en complément de son album, un livret inédit intitulé Instants Sacrés, dans lequel le rappeur témoigne et invite ses proches (Vald, Laylow, Hologram Lo’, Diabi…) à réagir sur son parcours.
Quelques mois après ses sessions acoustiques, Ailleurs, enregistrées dans des lieux hors du commun en compagnie de
Victor Solf (Her) ou
Tsew the Kid, le rappeur
Georgio revient avec un nouvel album intitulé Sacré. En collaboration avec Angelo Foley et le producteur Phazz, ce véritable hymne aux petits moments de la vie marque également les 10 ans de carrière du rappeur, originaire du 18e arrondissement de Paris.
Pour l’occasion, 20 Minutes a échangé avec Georgio.
D’où vient le nom « Sacré » et qu’est-ce qu’il signifie pour vous ?
Pendant le premier confinement, j’ai beaucoup lu et je me suis renseigné sur le sacré et le profane. Le sacré, c’est aussi relié au rituel et je me suis rendu compte à quel point j’avais des rituels dans la vie : dans mes moments d’écriture, avant de monter sur scène, avec mes amis… J’ai aussi pris conscience de combien la musique, les voyages, l’amitié, l’amour, la famille et la vie étaient sacrés pour moi. Au final, c’était tous les thèmes que j’aborde dans cet album donc j’ai décidé de l’appeler Sacré.
Dans la présentation de l’album que vous avez faite sur YouTube, vous racontez avoir connu des galères au moment d’immortaliser les pochettes de vos projets. Quelle histoire se cache derrière celle de « Sacré » ?
Cette pochette représente un moment que j’ai vraiment vécu avec un ami, qui est d’ailleurs celui derrière l’objectif sur cette photo. Je voulais reproduire cette scène afin d’immortaliser ce moment de vie qui illustre l’amitié, la liberté, le fait de conduire comme ça sur la plage. Pour l’anecdote, on voulait faire la première photo au lever sur soleil. On est parti tôt sur la plage et je n’avais même pas encore fait démarrer la moto qu’un passant avait déjà appelé les flics. Ensuite, on voulait aussi que cette photo rappelle le voyage donc on l’a fait dans un endroit assez éloigné en Bretagne. Sauf que c’était au mois de décembre et on est en tee-shirt, il faisait hyper froid. Je m’en souviendrai de ce shooting photo.
Vous avez invité de nombreux artistes aux univers assez différents sur ce projet. Comment l’alchimie s’est-elle faite ?
J’ai choisi ces featurings au coup de cœur. Il ne s’agit que d’artistes que j’aime beaucoup. Je connaissais un peu Kalash Criminel avant mais on n’avait jamais bossé ensemble, pareil pour S.Pri Noir. Quant à Sanka c’est un ami d’enfance, c’est aussi mon backeur sur scène donc on est très proches. Il n’y a que Zikxo que je connaissais moins mais j’apprécie tellement sa manière de rapper que j’avais envie qu’on fasse un morceau ensemble.
Dans le morceau « Héros » que vous avez sorti en 2015, vous dîtes « maintenant je chante dans mes putains de refrains ». Et dès lors vous avez commencé à introduire un côté plus mélodieux à votre musique. Qu’est ce qui vous a fait passer ce cap ?
C’est ce morceau qui m’a libéré. À l’époque, je me posais beaucoup de questions sur mon authenticité mais grâce aux retours qu’il y a eus sur cette chanson et au plaisir que j’ai eu à la jouer sur scène, j’ai eu la réponse dont j’avais besoin. En fait, les codes du rap on s’en fout, on a le droit de faire autre chose. Au même moment, aux États-Unis, des artistes comme Drake ne se posaient même plus la question et chantaient dans leurs morceaux. D’un coup c’est devenu autorisé pour tout le monde.
Vous êtes un passionné de rap depuis votre plus jeune âge et vous mentionnez souvent les rappeurs avec lesquels vous avez grandi. Mais quels sont les artistes qui vous inspirent en ce moment ?
Ces derniers temps j’ai beaucoup écouté les rappeurs anglais Dave et Slowthai, qui m’ont accompagné dans mes écouteurs lors de la création de mon album. Côté rap français j’aime beaucoup Zamdane et Bekar que je trouve très forts. Et il y a un artiste qui fait partie de ma génération que j’écoute aussi, c’est Moussa. Il est plus dans le registre de la chanson mais il est très talentueux.
Avez-vous déjà des perspectives sur une éventuelle tournée pour « Sacré » ?
Quoi qu’il arrive je défendrai cet album sur scène. Après, quand ? C’est plus compliqué… Quand les shows reprendront ça sera des concerts assis. Donc je réfléchis à une formule qui soit compatible avec un public qui ne pourra a priori pas se lever.
La sortie de cet album est aussi l’occasion de fêter vos 10 ans de carrière. Quel regard avez-vous sur votre évolution artistique ?
Ça fait tellement longtemps que je fais du rap que je n’ai pas envie de remplir un cahier des charges ou de correspondre à 100 % à ce qu’on attend de moi. J’ai toujours fait ma musique avec le cœur, à l’instinct, en faisant exactement ce que j’ai envie de faire. Je veux juste m’amuser. J’aime le rap et la musique autant qu’à mes débuts. Mais, au fil des projets, j’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé mon style à moi avec beaucoup d’instruments analogiques, de la guitare, du piano. Mon ADN c’est à la fois de la mélodie mais aussi du rap avec des textes de plus en plus travaillés. Après, j’ai du mal à écouter mes projets une fois qu’ils sont sortis. Mais quand j’y repense c’est toujours avec nostalgie. Chaque album est fait de manière tellement intime, c’est comme si je me penchais sur des chapitres de ma propre vie.
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