"Les Amants d’Hérouville" : l’épopée du compositeur Michel Magne dans un roman graphique intense
Roman graphique, Les Amants d’Hérouville (Editions Delcourt) revient sur la vie de Michel Magne, compositeur de 80 musiques de films, créateur avant-gardiste, et fondateur du mythique studio d’Hérouville (Val-d’Oise). Il se suicidait en 1984, amoureux et perclus de dettes. Yann Le Quellec au scénario et Romain Ronzeau au dessin signent un récit joyeux et tragique des années 70. Une histoire vraie, comme le souligne le sous-titre de cette biographie documentée, qui témoigne d’une parenthèse enchantée, tuée par l’argent roi.
Grandeur et décadence
1962 : musicien, compositeur en plein essor, Michel Magne achète et rénove avec son ami Jean-Claude Dragomir le château d’Hérouville. Deux ans plus tard, le tout Paris du cinéma, de la musique et des arts défile autour de la piscine pour des fêtes inoubliables. Mort dans un accident de voiture en 1965, Jean-Claude Dragomir laisse seul Magne propriétaire. En 1969, le compositeur perd toute son œuvre dans l’incendie d’une aile du château. Il se relève en créant un studio high-tech qui va accueillir Elton John, David Bowie, Pink Floyd, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou Jacques Higelin, en résidence, avec Dominique Blanc-Francard à la console. Les fêtes s’enchaînent, l’amour fuse entre un Michel fantasque et Marie-Claude rencontrée sur la route, qui deviendra sa femme. Puis les ennuis s’accumulent : dépensant sans compter, Michel s’endette dangereusement, le studio est vendu, l’amour s’effrite, et la parenthèse enchantée se referme.
Emane de ce récit l’image d’un artiste constamment « borderline ». Il est habité d’une créativité, d’une énergie et d’un enthousiasme sans faille dans l’adversité devant faire face à la perte de son ami Jean-Claude Dragomir, à la destruction de l’intégralité de ses partitions et enregistrements, et à la déroute financière. Après une période faste entre 1960 et 1975, la mort rôdait autour de cet être solaire, jusqu’à le rattraper le 19 décembre 1984, suite à une surdose de barbituriques dans une chambre d’hôtel anonyme. Le terme d’une vie brûlée par tous les bouts.
Les Amants d’Hérouville – Une histoire vraie de Yann Le Quellec et Romain Ronzeau, Editions Delcourt / Mirages
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