Les 12 règles d'or de la permaculture
Et si on créait un jardin quasiment autonome ? En collaborant avec la nature, on adhère aux préceptes de la permaculture, véritable philosophie du vivant. Voici douze principes à connaître avant de se lancer sur le chemin de l’autosuffisance alimentaire tout en honorant la biodiversité.
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QU’EST-CE QUE LA PERMACULTURE ?
Dès 1929, le géographe Joseph Russell Smith avait planté les graines du concept d’agriculture permanente mais le mot permaculture apparaît en Australie dans les années 1970 sous la plume du biologiste Bill Mollison et de l’essayiste David Holmgren. Ce dernier la définit comme des « paysages élaborés en toute conscience, qui imitent les schémas et les relations qui ont été observés dans la nature et qui fournissent la nourriture, les fibres et l’énergie pour subvenir aux besoins locaux ».
L’acceptation moderne a été élargie à l’idée de culture de la permanence car elle inclut des aspects sociaux comme la bienveillance et l’équité. En effet, la permaculture, c’est toute une philosophie de vie visant à prendre soin de la terre et de l‘humain, et à trouver sa juste part (réfléchir à ses besoins, redistribuer les surplus aux voisins…). Elle intègre le jardin dans un écosystème global où les plantes, les animaux, les hommes et l’environnement sont reliés, et où la collaboration prime sur la loi de la jungle. Ainsi, elle va plus loin que le potager bio qui consiste simplement à éviter pesticides et engrais, elle s’inspire du vivant pour créer un système durable et interconnecté. Les forêts ne sont jamais arrosées, les prairies naturelles, jamais désherbées, alors pourquoi ne pas copier cet équilibre parfait dans son jardin ? David Holmgren ayant édicté douze principes faisant foi chez les permaculteurs, voici ces règles d’or et leurs applications concrètes pour maîtriser la permaculture du bout des doigts.
1. OBSERVER ET INTERAGIR
Avant de planter quoi que ce soit, la nature du jardin s’étudie ! On analyse par conséquent le sens des vents, l’ensoleillement, la topographie, les accès, la nature du sol, les zones humides ou plus sèches, on découvre les plantes, les insectes et les oiseaux de la région. L’idéal est d’observer son environnement pendant une année entière. Ensuite, on teste et on agit ! On peut essayer diverses méthodes pour attirer les butineurs, mettre plusieurs types de paillage sur le sol, examiner la réaction des plantes en fonction de chaque expérience…
2. COLLECTER ET STOCKER L’ÉNERGIE
Le bois, l’eau, l’action des animaux et de la microfaune, les savoirs, la nourriture et le travail du jardinier doivent être considérés comme des sources d’énergie. L’idée ? Optimiser ses efforts pour maximiser les récoltes. Pour cela, l’énergie solaire est notre meilleure amie. On mise donc sur les abris, les châssis, les serres et les voiles de culture pour réchauffer les plantations. Mais également sur les éléments existants car les arbres et les haies protègent du vent, les feuilles mortes empêchent le sol de refroidir trop vite, le compost et le fumier dégagent de la chaleur. Et puisqu’on imite la nature, on évite les engins à moteur qui consomment des énergies fossiles ou de l’électricité d’origine nucléaire.
3. OBTENIR UNE PRODUCTION
L’idée n’est pas de chercher à tout faire pousser mais de choisir en priorité des espèces au rendement intéressant comme les arbres fruitiers par exemple. Avec le surplus, on pourra fabriquer des conserves et des confitures, faire du troc avec d’autres jardiniers, proposer des paniers aux banques alimentaires ou aux maisons de retraite, contacter des épiceries solidaires, penser à des sites comme trocalimentaire.com et les-ptits-fruits-solidaires.com. Le but ? Partager et créer du lien social, une idée chère à la permaculture.
4. APPLIQUER L’AUTORÉGULATION ET ACCEPTER LA RÉTROACTION
Derrière ces termes compliqués se cache simplement le fait de remédier aux déséquilibres et aux erreurs passées. On n’hésite pas à abandonner ce qui ne fonctionne pas et à en faire moins si on n’arrive pas à tout suivre. On peut s’aider de plantes alliées, peu demandeuses en eau et/ou résistantes aux insectes ravageurs, et on transplante ailleurs celles qui ont du mal à pousser à un endroit. On améliore également les zones non productives en semant des engrais verts (moutarde, seigle, luzerne) qui fertilisent naturellement le sol et en automne on enrichit la terre de fumier composté, de compost demi-mûr et de paillis de feuilles mortes.
5. UTILISER ET VALORISER LES RESSOURCES RENOUVELABLES
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On privilégie les matières qui peuvent se reconstituer au moins aussi vite qu’elles sont consommées comme les engrais verts plutôt que les engrais de synthèse. On se renseigne auprès des agriculteurs locaux ou des clubs hippiques s’ils ont du fumier à donner. Pour rendre les cultures naturellement plus résistantes, on peut fabriquer ses propres extraits fermentés avec de l’ortie, de la consoude, de la prêle ou de l’ail. Enfin, on proscrit les matières non renouvelables comme la tourbe et le lithothamne.
6. NE PAS PRODUIRE DE DÉCHETS
Récupérer le plus possible et recycler au maximum, voici l’un des piliers de la permaculture. On peut tout à fait tendre vers un jardin zéro déchet en donnant une seconde vie aux cartons, papier journal, conteneurs en plastique… et en se servant des matières organiques – compost, branches, gazon coupé… – pour optimiser l’écosystème.
7. PARTIR DES STRUCTURES D’ENSEMBLE POUR ARRIVER AUX DÉTAILS
Puisque tout est interconnecté, on envisage l’espace dans sa globalité. On commence par dessiner un croquis représentant les bâtiments, les chemins, les arbres, les pentes, les enrochements, puis on liste nos besoins, nos priorités, nos buts. Après la vision vient le concept : on décompose le jardin en différentes parties – potager, mare, aire de compostage, poulailler, serre, bacs de récupération d’eau, parking à vélo, terrasse etc. Enfin, on finalise le plan en indiquant les variétés souhaitées, les surfaces et les quantités tout en tenant compte d’un budget réaliste.
8. INTÉGRER PLUTÔT QUE SÉPARER
La mare influe sur le potager, la haie abrite la faune des alentours… Tout est relié ! On fait donc des associations de plantes qui vont s’apporter des bénéfices mutuels. Par exemple, le basilic repousse les pucerons des tomates tandis que ces dernières créent de l’ombre très appréciée par les aromates. À l’opposé de la monoculture, on marie les arbres fruitiers aux cultures potagères et aux petits fruits, on plante des légumes parmi les fleurs et inversement.
9. UTILISER DES SOLUTIONS LENTES ET À PETITE ÉCHELLE
Tout vient à point à qui sait attendre ! On suit le rythme de la terre, des saisons et de la microfaune car il est impossible de modifier une partie sans affecter le tout. On préfèrera donc convertir son jardin à la permaculture de manière progressive, en faisant des tests, en ajustant les techniques d’une saison à l’autre. Par exemple, si la terre est lourde, on évite les apports massifs de sable mais on l’enrichit de compost sur plusieurs années. D’ailleurs, on évite les accélérateurs de compostage.
10. UTILISER ET VALORISER LA DIVERSITÉ
On accueille de nouvelles plantes au fur et à mesure tout en continuant à abriter les autres espèces pour créer un écosystème équilibré qui pourra supporter quelques pertes inévitables. On cultive la diversité en misant sur plusieurs variétés d’un légume donné plutôt que sur une seule. On introduit des plantes vivaces (capucines, thym, tomates, ail) nécessitant moins d’entretien, des espèces à floraison hivernale et précoce (bruyère, chèvrefeuille), et on laisse le lierre terrestre en place car il nourrit les insectes en pleine hibernation. D’ailleurs, ces petits auxiliaires vont nous aider à lutter contre les parasites ; pour les attirer, on sème des carottes, de la menthe, de la moutarde et des oignons.
11. UTILISER LES INTERFACES ET VALORISER LA MARGE
Les bords des allées, les limites et les bords reculés sont les endroits les moins utilisés du jardin, pourtant la biodiversité y est plus élevée qu’ailleurs ! Par conséquent, on met en lumière les marges à l’aide de plantes aromatiques, on exploite le fond du jardin avec des champignons, on fait grimper des potimarrons sur les surfaces verticales et on décore le pied des haies avec des fleurs.
12. RÉAGIR AU CHANGEMENT DE MANIÈRE CRÉATIVE
On s’adapte aux bouleversements et aux méthodes qui ne fonctionnent pas. Un arbre mort ? Ce n’est pas un drame, on récupère le bois pour faire du paillage, du bois de chauffage, une assise avec le tronc… Une haie en berne ? On la remplace par un équivalent local mélangé à des petits fruits. Le jardin en permaculture est comme la nature : vivant !
Sources :
« Permaculture, le manuel pour un jardin vivant et productif, avec les permaventures de Julie », de Julie Bernier, éd. Solar.
« Les leçons de permaculture de ZeProfDortie », de Jean-Christophe Bar et Catherine Delvaux, éd. Larousse.
« La permaculture au jardin, Principes, techniques et mise en œuvre », de Jean-Michel Groult, éd. Ulmer.
« Je m’initie à la permaculture », de Blaise Leclerc, éd. Leduc.
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