Le saviez-vous ? Il est illégal de manger à son poste de travail
Afin d’éviter la propagation de la Covid-19 dans les entreprises, notamment dans les espaces de restauration, un décret publié ce dimanche 14 février 2021 a suspendu provisoirement la mesure du Code du travail qui interdit de déjeuner à son poste de travail.
Parce que oui, en réalité, manger un sandwich devant son ordinateur ou dans la salle de réunion commune fait de vous un hors la loi, comme le stipule l’article R4228-19 dudit Code : “il est interdit de laisser les travailleurs prendre leur repas dans les locaux affectés au travail”.
Des sanctions pour le salarié, jusqu’à 3.750 euros d’amende pour l’employeur
« Tous les jours, je mange à mon poste, sans savoir que jusque là j’étais hors-la-loi. Le temps du coronavirus, je préfère manger dans mon bureau, la fenêtre ouverte », avance ainsi Sarah au micro d’Europe 1. Une de ses collègues, Sophie, va plus loin et n’aborde même pas la question de la situation sanitaire : “Je ne suis pas fan de la cantine, j’aime bien m’acheter à manger et je m’apporte aussi des petits plats. On gagne du temps”, explique-t-elle.
Si le décret suspend pour un temps l’interdiction, en temps normal, ces deux salariées – ainsi que toutes celles et tous ceux qui ont pris l’habitude de manger en tête-à-tête avec leur écran ou dans une salle non prévue à cet effet – s’exposent en réalité à des sanctions disciplinaires. Sans compter l’employeur qui peut recevoir une amende de 3.750 euros, pour non-respect des règles d’hygiène.
Une question d’hygiène
Comme le souligne Le Monde, ce sont initialement “des impératifs d’hygiène qui avaient conduit l’exécutif à légiférer”. “Le décret de 2008 répondait à un problème de mauvaises conditions sanitaires. Des enquêtes avaient révélé que le taux de bactéries sur certains espaces de travail était supérieur à celui qu’on enregistrait dans les toilettes. Même si ce ne sont pas les mêmes bactéries et que la fréquence d’entretien n’est pas la même, rappelle Régis Bac, responsable du service relations et conditions de travail de la DGT, interrogé par le quotidien.
Mais la crise sanitaire ayant renforcé les mesures d’hygiène et le nettoyage des espaces de travail, les repas pris dans les locaux semblent alors plus acceptables, d’autant que la plupart des espaces de restauration ont fermé.
Déjeuner en paix ?
Cette suspension à but sanitaire pose toutefois la question de la santé mentale des salariés.
Est-ce que les salariés déjà très affectés par la situation ne risquent pas d’avoir encore plus de difficultés en devant déjeuner seuls, devant leur écran, sans réel moyen de couper ? De plus, comment s’assurer d’une réelle pause déjeuner quand celle-ci se déroule devant son outil de travail ?
Enfin, cette nouvelle disposition s’applique-t-elle vraiment dans tous les espaces : n’y a-t-il pas des open spaces trop petits ou des dispositions de bureaux (face-à-face par exemple) dans lesquelles les salariés seraient à la même distance que dans une cantine ?
Des questions en suspens qui nous permettent de rappeler que le télétravail reste la règle à privilégier pour celles et ceux qui le peuvent. Et bien évidemment, quand on travaille de chez soi, il n’est pas question de déjeuner devant son ordinateur, n’est-ce pas ?
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