Le phénomène manga « Demon Slayer – Kimetsu no Yaiba » débarque au cinéma
- Après avoir battu tous les records au box-office japonais, le film d’animation Demon Slayer débarque en France dans plus de 400 salles du réseau CGR Events.
- Il s’agit de l’adaptation d’un manga devenu un phénomène grâce au bouche-à-oreille et à sa série animée.
- Les fans ont déjà pris rendez-vous et même fait sauter la billeterie de réservations.
Déjà évoqué lors du record historique du film au Japon ou du retour en grâce de
son éditeur français, le manga Demon Slayer (Kimetsu no Yaiba en VO) n’avait pas eu le droit à un article rien qu’à lui, pour prendre la mesure d’un phénomène d’abord japonais et aujourd’hui mondial. Et donc français. La sortie du film Le Train de l’Infini mercredi, pile pour la réouverture des cinémas, est l’occasion parfaite, et même un événement de taille, avec plus de 400 copies sur le réseau de salles CGR Events.
Créé par la mangaka Koyoharu Gotōge en 2016 et prépublié dans le Weekly Shônen Jump de la Shueisha, Demon Slayer s’est terminé quatre ans et 23 volumes plus tard (le tome 17 vient de sortir en France), le temps pour le titre de battre des records de ventes et de chatouiller
l’indéboulonable One Piece. Pourtant, le titre ressemble à un shônen manga des plus classiques. Vraiment ?
L’histoire de Tanjirô et sa soeur démon
Le Japon à l’ère Taishô, au début du XXe siècle. Le jeune Tanjirô est un banal fils de marchants de charbon installés à la montagne. Sa vie bascule le jour où son village et sa famille sont massacrées par un démon. Seule survivante, sa jeune soeur Nezuko s’est transformée elle-même en démon au contact du monstre mais montre encore des signes d’humanité. Tanjirô va alors suivre un entraînement pour devenir pourfendeur de démons, avec pour objectif de se venger et de trouver un antidote à l’état de sa soeur.
Le manga aux 150 millions d’exemplaires vendus
Si Demon Slayer se vend bien à ses débuts, ce n’est pas non plus un carton. « En février 2019, alors que la série compte une dizaine de tomes, le tirage est à 3,5 millions d’exemplaires,
expliquait le journaliste spécialisé Rémi Inghilterra. Un an plus tard, on en est à 60 millions, soit 20 fois plus. Du jamais vu. » Il se vend même dix fois plus que One Piece en 2020. Que s’est-il passé ? Une adaptation animée, tout simplement. « La montée en puissance s’est faite petit à petit, et a explosé avec l’animé, son animation de haute qualité et ses scènes déjà cultes. »
Le manga a profité d’un fort bouche-à-oreille, démultiplié par la communauté de fans, les réseaux sociaux et le soutien d’influenceurs et YouTubeurs. Selon Iftékarul Talukdar, rédacteur à Coyote Mag, Demon Slayer doit aussi son succès à son retour au bon vieux shônen, avec « des héros excentriques, un folklore japonais, le fameux nekketsu », en opposition aux titres plus « américains » comme My Hero Academia ou One-Punch Man. Il s’en est ainsi vendu 150 millions d’exemplaires dans le monde, direct dans le top 10 des manges les plus vendus de tous les temps. En France,
après un loupé à son lancement, la série est montée à 1,5 million d’exemplaires vendus, et le tome 1 s’est classé troisième du top 10 des ventes 2020.
La série animée au-delà des espérances
Diffusée en simulcast et en exclu sur Wakanim, la série animée de Demon Slayer a convaincu tout le monde, au-delà des espérances. « J’ai l’humilité de dire que je ne l’avais pas vu venir, pas à ce point-là, avoue Matthias Jambon-Puillet, manager marketing de la plateforme spécialisée dans l’animation japonaise. Pourtant, les Japonais nous avaient prévenus – « Ça va être très gros ! » –, et ont mis des moyens exceptionnels pour une série. » Avant-première au Grand Rex, mise en avant à Japan Expo… Wakanim met le paquet, et l’effet s’en ressent, mais là encore, petit à petit, au bouche-à-oreille, et bien au-delà de la diffusion de la saison 1, terminée à l’automne 2019.
Pour Matthias Jambon-Puillet, si l’animation est d’une qualité rare pour une production télé, il y a autre chose : « Demon Slayer ne réinvente pas la roue, mais il y a une maîtrise et une sensibilité qui font toute la différence. Si certains fans ont pleuré devant la beauté de l’épisode 19, ce n’est pas juste grâce à la réalisation, mais aussi et surtout grâce à un travail d’empathie, d’attachement aux personnages. » Demon Slayer a du coeur, et c’est d’autant plus intéressant et puissant que ce n’est pas démonstratif.
Le film « Le Train de l’Infini » dans 400 salles en France
Le long métrage en salle mercredi est la suite directe de la série animée, et raconte comment, après avoir terminé son entraînement, Tanjirô embarque dans le train de l’infini, accompagné de Nezuko, Zenitsu et Inosuke, pour rencontrer le Pilier de la Flamme, Kyôjurô Rengoku, et l’aider dans sa lutte contre un démon redoutable. Si le film reste accessible à toutes et tous, il s’adresse donc en priorité aux fans. Et ils sont déjà mobilisés, puisque la billeterie du Grand Rex a sauté face à l’afflux de réservations, et le réseau CGR n’a jamais connu autant de préventes de son histoire. Un bon signe, même s’il est peu probable que le film batte tous les records comme au Japon.
Et après ? Si le manga est terminé au Japon, mais continue en France chez Panini, une saison 2 de l’animé est attendue d’ici la fin de l’année et pourrait créer à nouveau l’événement. Même si d’autres titres ont commencé à prendre la relève, comme Jujutsu Kaisen ou Tokyo Revengers, dont les adaptations animées boostent les ventes de mangas. « Il va sûrement se passer ce que l’on a vu avec la dernière saison de L’Attaque des Titans, ou encore avec WandaVision, à savoir que le tout le monde regarde la même chose en même temps », assure Matthias Jambon-Puillet. Ah le « bon vieux temps » de Game of Thrones. « Les gens sont en manque de ces expériences communes et cathartiques. » Comme voir un film tous et toutes ensemble au cinéma ?
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