Le nouvel album "Terminé Bonsoir" de Marka n’est pas un clap de fin, bien au contraire
Vous nous accompagnez depuis 1981, ça va faire 40 ans. Vous êtes né Serge Van Laeken, vous allez emprunter le surnom de Marka. Ça vient d’où ?
Ça vient d’un t-shirt à l’effigie d’un saucisson qui s’appelle « Marcassou ». On m’a appelé comme ça en pleine période punk alors que tout le monde avait des surnoms puis c’est devenu Marka.
Vous êtes fils de boxeur, votre père conduisait un camion poubelle. Votre mère était grossiste en charcuterie. Aucun artiste chez vous. Famille totalement explosée, d’ailleurs cela n’a pas été forcément toujours très simple. Un jour, vous allez changer de lycée et là, vous allez avoir une énorme révélation. Vous découvrez le mouvement punk. C’est le point de départ ?
En fait, c’était une école avec deux écoles. Il y avait l’Athénée et l’Institut. Je suis passé de l’une à l’autre et à l’institut, il y avait les punks et je les voyais passer dans les couloirs. Ils me faisaient peur, mais en fait, ils étaient adorables. Avec ces mecs-là, j’ai été voir des concerts, j’ai naturellement voulu faire comme eux en jouant d’un instrument. J’ai choisi la basse et je suis devenu bassiste d’un groupe qui s’est appelé Allez Allez et à partir de là, je suis devenu pro.
Vous allez avoir ce que vous appelez « la scoumoune ». C’est vrai qu’il y a eu énormément de malchance dans ce parcours. Le point de départ c’est ce groupe Allez Allez, on est en 1981, un groupe culte en Belgique. La chanteuse va décider alors que cela marche très fort, de fonder une famille.
Oui, en fait, elle rencontre le chanteur du groupe Heaven 17 alors qu’on enregistre le deuxième album. On va à leur mariage à Londres et quand on revient en Belgique, elle nous dit : « Bon, je ne reviens pas« .
En 1992, il y a le début d’une carrière solo et ce titre qui va cartonner au début : Accouplés. Il était vraiment très attendu et en passe de devenir un tube mais retiré de la diffusion par la suite.
Je ne le savais pas, mais en tout cas je l’espérais. Mais il y a eu les attentats de juillet 95, du RER B, et voilà. Ce qui est très drôle en fait, c’est qu’on m’a pris pour une chanteuse arabe, on a trouvé ça très drôle en Belgique mais c’était une chanson arabo-andalouse donc ça ne l’a pas fait.
Que représente pour vous Accouplés, titre très fort ?
Pour moi, il représente ma première voiture. J’ai pu acheter une bagnole grâce aux droits d’auteur !
Finalement, votre plus grande force, la plus belle victoire, c’est que vous avez réussi à transmettre cet amour-là à vos enfants. Vous avez su très vite que votre fille, Angèle, était faite pour ça. Elle vous a accompagné pendant un an et demi avant de vous annoncer qu’elle souhaitait poursuivre une carrière solo.
J’ai partagé cela avec les enfants depuis qu’ils sont tout petits, ils ont une maman qui est comédienne aussi. C’est vrai que je pourrais regarder ma carrière en me disant : « Je n’ai pas eu de chance et tout », mais j’ai quand même une chance incroyable d’avoir des enfants qui, à leurs âges, font un métier qu’ils aiment. Avec ma femme, on est rassurés. De ce côté-là, j’ai énormément de chance.
C’est vrai que les enfants [Les artistes Angèle et Roméo Elvis] ont vécu dans un terreau artistique. J’ai donné le relais et ils l’ont attrapé
à franceinfo
Votre fils par contre, ce n’était pas plus évident que ça pour vous. Il vous a même interdit au début d’aller le voir en concert.
C’était une période un peu difficile avec lui, il a un peu rué dans les brancards. Pendant deux ans, je n’ai pas pu aller le voir c’est vrai, mais le jour où j’ai pu y aller, c’était en première partie de Fauve et je n’ai pas trouvé ça extraordinaire. Je savais que le soir-même, il jouait dans un autre endroit et là, j’y suis allé en cachette et je suis resté deux morceaux et j’ai compris directement qu’il savait le faire. Je trouve d’ailleurs que sur scène, il est incroyable.
Et votre père, que vous-a-t-il transmis ?
La légèreté, l’humour. Mon père était un emmerdeur et je ressemble très fort à mon père.
Il y a aussi beaucoup d’humour dans cet album, c’est ce qui vous définit, avec Poulettes notamment. J’ai l’impression que l’humour était aussi là pour vous protéger.
Quand il y a plein de choses comme ça qui t’arrivent, il vaut mieux en rigoler parce que sinon tu te tires une balle dans la tête. Et puis, je crois que ça doit caractériser pas mal les Belges, en tout cas, l’autodérision.
Pour terminer, je voudrais parler de la chanson En bas. Elle est tellement belle, signée par Myriam Leroy avec une dimension humaine, c’est un lâcher prise.
En fait, c’est la chanson pour laquelle j’ai le plus travaillé. Myriam était venue chez moi pour faire des chœurs parce qu’elle a chanté sur tout l’album. Et puis elle m’a dit : « Mais tu ne m’as même pas proposée de t’écrire un texte« . J’ai dit : « Je vais te faire écouter illico une chanson« . Deux semaines après, quand elle est revenue, elle m’a dit : « Voilà, c’est ça, mais tu ne peux pas la chanter, tu dois la dire« . Et je n’avais jamais fait ça de ma vie. Je l’ai fait, mais je n’étais vraiment pas à l’aise. Pendant un an, une fois par mois, je m’y remettais et j’essayais de la déclamer et finalement, j’ai gardé la première version. Je suis très content de l’avoir mise sur l’album, je ne l’aurais pas choisie honnêtement et c’est le label qui l’a choisie. Et je crois qu’elle termine magnifiquement l’album.
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