Le microbiote intestinal, rempart possible contre l’endométriose
Selon les chiffres du ministère de la Santé, l’endométriose concerne pas moins d’1,5 millions de femmes en France. Maladie gynécologique inflammatoire et chronique, elle est souvent diagnostiquée tard, très tard. « Le retard diagnostique lié à la maladie serait de 7 ans« , indique la Fondation pour la Recherche Médicale.
Pour mettre en place de nouveaux outils utiles à la détection et au traitement de l’endométriose, les scientifiques cherchent constamment à mieux la comprendre. Et d’après des chercheurs du Collège de médecine de Baylor (États-Unis), c’est du côté de la flore intestinale qu’il faudrait regarder. Menée sur des souris, une étude, publiée le 25 janvier 2023 dans la revue Cell Death Discovery, suggère qu’un microbiote intestinal déséquilibré peut favoriser l’apparition de lésions d’endométriose.
« Nous souhaitons déterminer si des changements dans le microbiote intestinal pourraient affecter les conditions intestinales et la possibilité de les contrôler en modifiant le microbiote ou avec leurs métabolites », a déclaré le Dr Rama Kommagani, professeur agrégé aux départements de pathologie et d’immunologie et de moléculaire à Baylor, dans un communiqué.
Le lien insoupçonné entre endométriose et bactéries intestinales
Ce lien entre le déséquilibre de la flore intestinale et l’endométriose n’est pas nouveau. Et on sait que les femmes concernées peuvent présenter divers troubles de cet ordre, comme la colite (inflammation du côlon ou d’une partie de celui-ci). Ce que l’on sait moins, c’est par quel mécanisme les bactéries intestinales peuvent jouer un rôle direct dans la progression de la maladie.
Pour tenter d’en savoir plus, les chercheurs de Baylor ont placé sous antibiotiques des souris afin d’éliminer leur microbiote. Ces dernières présentaient des lésions d’endométriose plus petites que celles qui avaient un microbiote complet. Mais lorsque des souris « sans microbiote intestinal recevaient le microbiote intestinal de souris atteintes d’endométriose, les lésions devenaient aussi importantes que celles des souris conservant leur microbiote », assurent les scientifiques.
De telles découvertes suggèrent que les bactéries intestinales altérées favorisent la progression de la maladie. Modifier la composition de certaines de ces communautés de microbes, et/ou les métabolites qu’ils produisent, « pourrait aider à contrôler la condition chez les patients humains », indiquent les chercheurs dans le communiqué.
Diagnostiquer l’endométriose en étudiant les selles ?
Ces résultats donnent du crédit aux précédentes recherches sur le sujet, attestant d’un lien causal entre altération du microbiote intestinal et progression de l’endométriose. Mieux, ils pourraient permettre la mise en place d’un nouvel outil de détection non-invasif.
« Nous étudions si les métabolites du microbiote dans les échantillons de selles humaines pourraient être un outil de diagnostic utile et également si certains de ces métabolites pourraient être utilisés comme stratégie de traitement.
Par ailleurs, ils se sont aperçus que le traitement des cellules endométriosiques des souris avec un métabolite appelé « acide quinique » améliorait « considérablement la prolifération cellulaire et la croissance des lésions endométriosiques, respectivement ». Reste à savoir si la modification du microbiote peut aussi permettre d’améliorer les conditions intestinales des malades.
Source: Lire L’Article Complet