Le bol prénom fait son grand retour
Ses oreilles se dressent depuis plus de soixante-dix ans, grâce à une poignée de faïenceries.
Ah la Bretagne, ses bigoudènes, ses kouign-amanns, ses binious et ses bols ! Nous sommes nombreux à avoir dans nos placards ce souvenir de vacances calligraphié à notre prénom. Et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, rares sont les entreprises locales à perpétuer cette tradition initiée au XVIIIe siècle.
De la soupe au chocolat chaud
A l’époque, la fameuse céramique n’a pas encore son allure caractéristique: bords bleus épongés sur fond blanc, deux anses pour mieux la porter à la bouche et motif de Breton en habit folklorique. Sortie des ateliers de la faïencerie Henriot, fondée en 1690 à Quimper par un fabricant de pipes en terre, elle s’inspire des écuelles dans lesquelles les paysans versaient leur soupe revigorante. Changement notable : les bouillons de légumes sont remplacés par de gourmands chocolats chauds.
Le coup de cœur des vacanciers
Et voilà le contenant voguant vers des cieux autres qu’armoricains, emballé pour des touristes, ravis dès 1936 d’expérimenter les premiers congés payés. La production Henriot alors s’envole, incitant d’autres manufactures à se fondre dans le moule. La Faïencerie de Pornic est de celles-là. Et elle a, à sa façon, apporté son bol à l’édifice puisque c’est sous le pinceau de son chef d’atelier, Raymond Cordier, un ancien coiffeur, que le récipient révèle en 1950 ses traits définitifs.
Un patrimoine, deux maisons
Plus de soixante-dix ans plus tard, le bol à oreilles demeure, empilé et indémodable, dans les boutiques de souvenirs. Les deux maisons historiques, dans le Finistère et en Loire-Atlantique, sont toujours là pour défendre ce patrimoine, chacune à sa manière. Chez Henriot, tout est encore modelé sur place artisanalement, tandis que la Faïencerie de Pornic est plutôt versée dans la décoration et achète au Portugal les « biscuits » (céramiques cuites mais non émaillées). La première dessine manuellement ses petits personnages présentés de profil ; la seconde les pose en chromo, soit par décalcomanies. D’où, à l’arrivée, des rendements très différents et des prix de vente allant de 9 à 35 €. Ce sont quelque 400 000 unités produites par an à Pornic, beaucoup moins à Quimper. Mais, forcément, bien davantage pour les copies asiatiques ! Restent les fameux prénoms. Les Maïwenn, Corentin, Soizic, mais aussi les Gabriel, Marie, Louise… Tous, sans exception, sont exécutés à main levée, disponibles de suite ou à la commande. Coup de bol : la mode est au rétro. Nul doute que ce monument breton a encore de beaux matins devant lui.
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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Délices n°16 avril-mai 2021
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