Le biopic sur Simone Veil qui évoque l'IVG et un film sur l'homosexualité censurés dans un lycée catholique
« Il nous est devenu difficile de nous rendre sereinement dans ce lycée que nous aimons tant. » Voilà ce qu’affirment plusieurs enseignants de l’école privée Jean-Paul II de Compiègne, dans une lettre ouverte consultée par le Parisien ce jeudi 6 avril 2023. La direction du lycée privé catholique est accusé d’avoir censuré des films traitants de l’interruption volontaire de grossesse et de l’homosexualité.
Les élèves et les enseignants mobilisés
Ce jeudi 6 avril 2023, une cinquantaine d’élèves de l’établissement ont organisé une mobilisation « pour le respect d’un enseignement pluriel et ouvert ». Ils ont reçu le soutien de plusieurs de leurs enseignants, qui affirment : « Nous voulons résister à ce que nous pensons être une dérive grave, inadmissible, dans la manière d’envisager notre mission éducative. »
À l’origine de cette mobilisation, des faits dévoilés dans une enquête de Mediapart, le 31 mars 2023 : la direction de cet établissement catholique de 3 200 élèves (du primaire au BTS) a empêché plusieurs classes de visionner des films sur l’IVG et l’homosexualité. Les œuvres en questions ? Simone, le voyage du siècle, consacré à Simone Veil, et Rafiki, qui raconte l’histoire de deux lycéennes lesbiennes dans une société kényane conservatrice. » Des enseignants rapportent que la cheffe d’établissement aurait affirmé « que l’on doit tout de même 7 millions d’embryons morts à Simone Veil ». Et de préciser : « Nous sommes un établissement qui prône la vie et pas la mort. »
Nous voulons résister à ce que nous pensons être une dérive grave, inadmissible, dans la manière d’envisager notre mission éducative.
Une inspection académique au programme
En ce qui concerne le film portant sur l’homosexualité, le coordinateur du lycée, Étienne Ancelin, aurait affirmé : « L’homosexualité dans notre société est trop banalisée. Heureusement que les homosexuels sont une minorité car sinon, quid de notre humanité ? L’homosexualité n’est pas l’avenir de l’humanité ! » Un discours « sidérant », selon les enseignants présents, qui affirment : « Cette seconde censure ne passe pas.«
Face à l’inquiétude des enseignants, qui dénoncent une « banalisation du racisme » et le « poids de plus en plus fort de l’extrême droite » au sein de l’établissement, le rectorat a annoncé une inspection de l’institution Jean-Paul II de Compiègne. Cette dernière aura lieu le 11 avril 2023, menée par cinq inspecteurs pédagogiques régionaux. « La situation a été prise en compte. Il s’agit d’être au clair avec ce qu’il se passe. Nous sommes tout particulièrement attentifs au respect du contrat d’association », confirme l’académie d’Amiens.
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