La tuerie de Chevaline : que savons-nous sur ce cold case plus de 10 ans après les faits ?
Zoom sur ce cold case qui a défrayé la chronique et qui ne cesse d’interroger les enquêteurs depuis plus de 10 ans.
Le 5 septembre 2012, trois membres d’une même famille et un cycliste ont été tués dans des circonstances plus que mystérieuses. Leur corps ont été retrouvés à proximité d’un parking, dans la commune de Chevaline en Haute-Savoie. Plus de 10 ans après les faits, l’affaire n’a toujours pas été résolue, malgré les nombreuses investigations de la police. Aucun suspect ni mobile a été identifié à ce jour.
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Une scène de crime intrigante
Anglaise d’origine irakienne, la famille Al-Hili était venue passer des vacances en France, près du lac d’Annecy. Après avoir visité quelques villages aux alentours, la famille se dirige vers le parking du Martinet, près de la route forestière.
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Parmi les membres de cette famille, le père (50 ans), la mère (47 ans) et la grand-mère (74 ans) ont été retrouvés abattus dans un break BMW rouge, embourbé et plein de sang. Mais le sang de qui ? Des membres de la famille bien sûr, mais également de Sylvain Mollier, un cycliste de la région de 45 ans, dont le corps est retrouvé gisant à côté de la voiture.
S’est-il fait écraser par le véhicule, dont le moteur est toujours en marche et dont les roues continuent de tourner ? Très rapidement, les enquêteurs ont découvert que le corps de Sylvain Mollier est, comme les membres de la famille Al-Hili, criblé de balles.
Non loin du véhicule, une petite fille de sept ans (Zainab) est découverte par la police, titubante et recouverte de plaies au niveau du crâne. Envoyée à l’hôpital, la petite fille s’en sort avec un traumatisme crânien. Mais ce n’est pas tout. Lors de la fouille de la voiture, les enquêteurs étaient loin d’imaginer ce qu’ils allaient découvrir : une fillette de 4 ans (Zeena), cachée depuis de nombreuses heures sous la jupe de sa défunte mère.
Au total, 21 balles ont été tirées en moins d’une minute trente. Mais qui peut bien être à l’origine de ce carnage ? Les enquêteurs, après les brefs détails donnés par Zainab, dressent le portrait d’un tueur de sang-froid, collectionneur d’armes à feu et habitué à manier des armes spécifiques. Effectivement, l’arme identifiée comme étant celle ayant causée la mort des victimes est un Pistolet semi-automatique Luger, une arme très prisée car utilisée par l’armée suisse jusque dans les années 1960. Après plusieurs recherches dans les fichiers, les enquêteurs interpèlent Éric Devouassoux, un policier municipal. Après comparaison des ADN (deux ADN inconnus ont été retrouvés), il est innocenté.
De multiples pistes ont été étudiées au fil des années
Plusieurs pistes ont été étudiées par les enquêteurs. Dans un premier temps, la police a cherché du côté de la famille Al-Hilli. Au cours de leur investigation, ils découvrent que Saad, le père de famille, était en conflit avec son frère Zaid au sujet de l’héritage de leur père, un entrepreneur fortuné.
Effectivement, au moment du décès de leur père, les deux frères ont présenté deux testaments très différents : l’un évoquant un partage équitable des biens, l’autre déshéritant totalement Saad. Très vite soupçonné par les enquêteurs, Zaid est pourtant relâché sans poursuite, à la suite d’une garde à vue non concluante.
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Une deuxième piste a été étudiée par les forces de l’ordre : celle de l’Irak, pays où Saad est connu en tant qu’ingénieur en aéronotique. Était-il soupçonné d’espionnage industriel ? Les recherches s’arrêtent très rapidement, faute de moyens sur place et de véritables suspects.
Une troisième piste a également vu le jour : la femme de Saad, Iqbal, a été mariée à un entrepreneur Américain, James Dudley Thompson, retrouvé mort au volant de sa voiture le même jour que la tuerie de Chevaline ! Après plusieurs recherches, aucun lien n’a été établi entre ces deux affaires, pourtant très similaires…
Les recherches s’accélèrent…
En 2013, les recherches ont mis en évidence le profil d’un mystérieux motard, que les enquêteurs ont mis deux ans à identifier. D’abord considéré comme un simple témoin, il est très vite devenu le potentiel suspect dans cette affaire.
William Brett Martin, un touriste anglais ayant découvert la scène de crime, est formel : il a aperçu cet homme à proximité de la scène de crime. Une version corroborée par les agents de l’office national des forêts, qui l’ont également aperçu au parking où les quatre victimes ont été retrouvées.
Le principal suspect, un chef d’entreprise lyonnais sans problème
Au moment de son audition, le suspect explique qu’il se trouvait à proximité du parking car il rentrait chez lui après un baptême de deltaplane. Il ne cesse de répéter qu’il n’a rien vu, ni rien entendu ce jour-là. Une version qui laisse perplexe les enquêteurs, pour qui il est impossible que cet homme fasse « le lien entre les faits de Chevaline et son passage à proximité malgré le tapage médiatique » comme le révèle Le Parisien.
Sauf qu’à ce jour, rien ne permet de le relier à ce quadruple homicide. D’autant plus qu’après une énième garde à vue, les gendarmes ont conclu qu’il n’était définitivement pas le coupable. Toutes les charges contre lui n’ont pas été retenues et l’enquête se poursuit donc, sans aucun suspect à ce jour.
Des recherches relancées 10 ans après les faits
10 ans après les faits, la procureure d’Annecy Lise Bonnet a demandé à faire transférer ce dossier au nouveau pôle judiciaire de Nanterre destiné aux cold case, disposant de davantage de temps et de moyens pour résoudre ces enquêtes laissées à l’abandon.
L’une des plus grandes énigmes judiciaires
Pour les enquêteurs, le mystère demeure entier. Qui a bien pu réaliser ce quadruple meurtre, et surtout pourquoi ? Au cours de cette décennie, les enquêteurs ont véritablement tout mis en place pour tenter de débusquer l’identité du tueur : 90 gendarmes ont été mobilisés, 700 témoins ont été auditionnées et une cinquantaine de pistes en France, mais également aux quatre coins de monde (Irak, Nouvelle-Zélande, Canada, Costa Rica, etc.), ont été étudiées.
En espérant qu’on puisse enfin comprendre ce qu’il s’est réellement passé lors de cette sinistre journée… Affaire à suivre.
LR
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