La tribune de Greta Thunberg pour faire face à la crise climatique | Vogue Paris

Dans une tribune exclusive pour Vogue à l’occasion du jour de la Terre, l’activiste suédoise de 18 ans nous invite à mettre la pression sur les dirigeants du monde entier afin que ceux-ci prennent enfin des mesures concrètes bien plus ambitieuses que les objectifs vagues et hypothétiques actuellement en vigueur.

Greta Thunberg avait à peine 15 ans en août 2018 lorsqu’elle a commencé à manifester chaque semaine à Stockholm devant le parlement suédois. Elle ne comprenait pas pourquoi personne ne parlait de l’extrême gravité de la crise climatique que nous traversons. Depuis lors, l’activiste âgée de 18 ans a lancé un mouvement international qui a poussé des millions de personnes dans les rues, et elle s’est imposée comme l‘une des figures de proue de la cause environnementale, dans le monde entier.

Dans cette tribune, Greta Thunberg nous donne les raisons pour lesquelles elle souhaite que nos dirigeants aillent au-delà des promesses en matière de changement climatique.

Pour le Jour de la Terre, le 22 avril, les pays réunis au Sommet international pour le climat organisé à l’initiative du président américain Joe Biden présenteront de nouveaux engagements pour le climat, parmi lesquels un objectif zéro émission d’ici 2050. Ils qualifieront certainement ces objectifs assez hypothétiques d’ambitieux, mais lorsqu’on les lit à la lumière des analyses scientifiques les plus récentes, ces « ambitions  climatiques » révèlent un gigantesque fossé. D’ici 2050, de nombreuses mesures drastiques doivent être prises.

Greta Thunberg: A Year to Change the World (2021)

© BBC Studios / PBS

Nous saluons évidemment tous les efforts visant à la sauvegarde de nos conditions de vie futures et présentes. Ces objectifs pourraient d’ailleurs constituer un bon point de départ, si seulement elles n’étaient pas si éloignées de la réalité et qu’elles n’offraient pas tant de contournements possibles. Quelques exemples : le fait de ne pas inclure les émissions de CO2 des biens importés, d’écarter le domaine de l’aviation et du transport maritime ou encore la combustion de la biomasse, de manipuler les indices de référence et d’exclure la plupart des boucles rétroactives et des seuils critiques, laissant de côté des questions aussi importantes que globales comme l’équité et les émissions historiques, tout en faisant dépendre ces objectifs de technologies de capture du CO2 fantaisistes ou encore à leurs balbutiements. Mais je n’ai pas le temps de vous parler de tout cela ici.

Ce qu’il faut retenir, c’est que nous continuons à avoir recours à un chiffrage fantaisiste des émissions pour pouvoir ensuite prétendre, de façon frauduleuse, que les mesures prises correspondent aux besoins. Mais, si l’on peut duper les autres et même se duper nous-mêmes, on ne peut pas se jouer de la nature et de la physique. Les émissions ne disparaissent pas parce qu’on choisit de ne pas les comptabiliser.

Pourtant, dans la situation actuelle, les dirigeants au pouvoir parviennent à s’en tirer, car la connaissance autour de ces enjeux est très inégalement répartie. C’est le cœur du problème. Si vous trouvez ces engagements et ces serments « audacieux » ou « ambitieux », c’est que vous n’avez pas vraiment pris la mesure de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons.

J’ai rencontré de nombreux dirigeants internationaux, et ils admettent eux aussi que leurs objectifs ne sont pas au niveau de leurs engagements. Rien de plus naturel. Ils ne font que ce qui leur paraît possible d’un point de vue politique. Leur mission est de répondre aux attentes des électeurs et électrices, et si personne ne demande de véritables mesures en matière de changement climatique, alors il est improbable qu’un changement survienne. C’est ainsi que fonctionnent les démocraties. L’opinion publique gouverne le monde libre. Si nous voulons que le monde change, il nous faut continuer à sensibiliser et à rendre possible ce qui semble impossible.

Nous comprenons que le monde est complexe, que beaucoup font de leur mieux et que la situation exige des décisions qui ne sont pas simples à prendre. Et il va de soi que des objectifs insuffisants valent mieux que rien. Mais comment se satisfaire de ce dont l’unique mérite est de valoir mieux que rien ? Il faut aller plus loin, il faut croire que l’on peut y arriver, parce que c’est vrai. Peu de choses sont impossibles aux humains lorsqu’ils décident de faire front et trouver une solution.

Greta Thunberg et Svante Thunberg sur La Vagabonde

© BBC Studios / PBS

“Je ne suis pas prête à abandonner”

Lorsque les dirigeants présentent leurs engagements et qu’ils admettent renoncer à l’objectif de 1,5°C, c’est à leur promesses et à notre avenir qu’ils renoncent. Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne je ne suis pas prête à abandonner. Même dans un million d’années. Nous continuerons à nous battre pour un meilleur avenir. Chaque fraction de degré compte, et comptera toujours.

Vous pouvez nous trouver naïfs de penser qu’un changement est possible, si cela vous fait plaisir. Mais en ce qui nous concerne, nous n’avons pas l’innocence de croire que cette situation sera résolue par les engagements vagues et lointains pris par les États et les entreprises sans aucune pression des médias et de la société civile.

Le fossé entre les mesures que nous devrions prendre et celles qui sont prises ne cesse de s’agrandir chaque minute. Le gouffre entre l’urgence nécessaire et le niveau de conscience et d’attention à ce problème devient de jour en jour plus absurde. Quant à l’écart entre ces soi-disant objectifs climatiques et les constats de la science la plus en pointe, il est impossible à ignorer.

Ces écarts en matière d’action, de conscience et de temporalité sont inévitables, pourtant tout le monde évite d’en parler. Aucun changement n’est possible, aucune solution ne peut être trouvée si nous n’arrivons pas d’abord à combler ces fossés.

Nos rois sont nus, à nous de les dénoncer, mais attention à ne pas tomber dans le fossé.

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