La suite du jeu « Soldats inconnus » va (encore) vous tirer des larmes
- Le deuxième opus de Soldats inconnus, qui avait bouleversé des centaines de milliers de joueurs en 2014, est sorti sur l’aplication mobile de Netflix.
- Le titre, développé par l’équipe d’Ubisoft à Montpellier, raconte les destins de héros ordinaires, confrontés aux affres de la Première Guerre mondiale.
- « On n’incarne ni des guerriers, ni des tueurs, confie toutefois Paul Tumelaire, directeur artistique et créateur du jeu. Ce sont des personnes du quotidien. Jamais elles ne portent une arme. Et si elles donnent la mort, c’est par erreur. »
En 2014, Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre a bouleversé des centaines de milliers de joueurs dans le monde. Le deuxième épisode de ce jeu poignant, qui narre l’épopée de bidasses enrôlés dans la Première Guerre mondiale, promet, une fois de plus, de nous tirer quelques larmes. Dans Soldats inconnus : Frères d’armes, disponible sur l’application mobile de Netflix, on incarne, toujours, des héros ordinaires confrontés aux affres des combats : on est Anna, une infirmière au chevet des blessés, Ernst, un plongeur allemand, ou George, un étrange aviateur anglais caché derrière d’immenses lunettes.
Mais, surtout, ce nouvel opus, développé par l’équipe d’Ubisoft à Montpellier (Hérault), met en scène deux frères : Freddie, un Américain bien connu de ceux qui ont poncé le premier épisode, et James, un docker, qui, malgré les alertes de son frangin, s’engage dans les Harlem Hellfighters. Un régiment d’Afro-américains, redoutable, particulièrement craint par les Allemands, bien qu’ils aient été moins nourris, et moins équipés que les Blancs. Mais si c’est bien un jeu sur la Guerre, ce n’est pas, du tout, un jeu de guerre. « On n’incarne ni des guerriers, ni des tueurs, confie à 20 Minutes Paul Tumelaire, directeur artistique chez Ubisoft, et créateur de Soldats inconnus. Ce sont des personnes du quotidien. Jamais elles ne portent une arme. Et si elles donnent la mort, c’est par erreur. C’est une mécanique à laquelle nous avons prêté une attention toute particulière. »
Un équilibre « entre le récit vraisemblable et la réalité »
Si on est souvent pris à la gorge, on rit, aussi, souvent. « C’est ça, l’univers de Soldats inconnus, reprend Paul Tumelaire. On a tout fait pour amener de l’émotion, mais il y a aussi de l’humour, notamment dans les attitudes de certains personnages, malgré ce qu’ils vivent, qui est dramatique. » Dans le même univers graphique que Mémoires de la Grande Guerre, proche d’une bande dessinée animée, Frères d’armes nous invite à un savant mélange d’aventure, de plates-formes et de réflexion. On doit se soumettre à un entraînement, résoudre des énigmes, rassembler des objets disséminés ici et là, ou fuir les bombes. Avec, toujours, une place importante pour le récit. Le vrai.
Comme pour le premier épisode sorti il y a neuf ans, Alexandre Lafon, docteur en histoire contemporaine, a veillé à ce que ces aventures collent à la véritable histoire. « Il faut saluer l’engagement d’Ubisoft, qui est parvenu à trouver un équilibre entre le récit vraisemblable de ce que vivent les personnages et la réalité de ce que fut la Première Guerre mondiale », confie-t-il à 20 Minutes. Les lettres qu’écrivaient, presque quotidiennement, les soldats, ont toujours une place aussi importante, dans le jeu. « Utiliser les lettres de civils ou de combattants a un véritable intérêt, car les lettres postales étaient un peu les SMS de l’époque, explique Alexandre Lafon. On estime qu’environ 10 milliards de courriers ont été écrits pendant la guerre. C’est énorme. »
L’entrée en guerre des Etats-Unis, une période méconnue en France, comme outre-Atlantique
Le jeu a, une fois encore, une dimension véritable pédagogique. D’autant que l’histoire qu’il raconte, cette fois-ci, est assez méconnue : l’entrée des Etats-Unis dans la guerre, en 1917. « La guerre américaine est peu connue, en Europe, mais aussi des Américains eux-mêmes, explique Alexandre Lafon. L’historiographie de la Première Guerre mondiale est, souvent, franco-française. On se souvient de la première Bataille de la Marne, de Verdun, de la deuxième Bataille de la Marne, mais peu des troupes américaines, qui arrivent tardivement. Dans les programmes scolaires, il y a une phrase, ou un entrefilet, qui annoncent l’arrivée des troupes américaines. Et de l’autre côté de l’Atlantique, cette histoire a été complètement éclipsée par celle de la Seconde Guerre mondiale. »*
Et si toutes les informations glanées sur cette période pendant les phases de jeu ne suffisaient pas à tarir la curiosité des joueurs les plus passionnés, ils pourront aussi picorer plein d’autres choses sur la Première Guerre mondiale, en parcourant l’option Collections, dans le menu principal, au fur et à mesure qu’ils avancent dans l’histoire. Dans les phases de tests du jeu, Paul Tumelaire a d’ailleurs constaté que les joueurs n’hésitaient pas « à s’arrêter de jouer pour s’intéresser » à ces supports supplémentaires.
Netflix a voulu « qu’on aille au bout de ce qu’on avait envie de réaliser », assure Paul Tumelaire
La grosse différence avec le premier opus, c’est le support : Frères d’armes est sorti en exclusivité sur Netflix. Certains pourront être un peu surpris, au début, par les commandes, sur un smartphone. Mais au bout de quelques secondes, on oublie, et on entre à fond dans l’histoire. Et, comme l’assure Paul Tumelaire, créer un jeu pour Netflix n’a pas d’incidence particulière sur le développement. Au contraire. La plate-forme a accordé à l’équipe d’Ubisoft à Montpellier une liberté totale. « Ils sont très attentifs à notre créativité, ils ne veulent vraiment pas nous mettre de barrières, ils ne veulent pas nous gêner, assure le directeur artistique. Ils veulent qu’on aille au bout de ce qu’on avait envie de réaliser. Il n’y a jamais eu, chez eux, de volonté d’interférer sur quoi que ce soit. »
Frères d’armes est l’un des premiers jeux aussi ambitieux publié par Netflix en France. Alors, forcément, son accueil sera particulièrement scruté. « Soldats inconnus est un jeu complètement adapté à la communauté Netflix, qui aime qu’on leur raconte des histoires, note Paul Tumelaire. Car Soldats inconnus, c’est ça, c’est une histoire. »
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