La "solitude positive" ou comment être seul nous fait du bien
Souvent redoutée, être seule peut pourtant être bénéfique à notre bien-être intérieur. Deux spécialistes nous aident à relativiser.
Entre la famille, les amis, le travail, et les réseaux sociaux, nous sommes constamment sollicités et avons peu de temps à consacrer à nous-mêmes, peu de temps pour être seuls. Si la solitude est parfois vue d’un mauvais œil, elle est pourtant bénéfique à plusieurs échelles. Précisions.
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Une solitude indispensable
Vouloir passer du temps avec d’autres personnes est naturel, mais il est important de trouver un équilibre. «Quand on est constamment avec les autres, on se perd dans toutes ces relations, on subit en permanence leur influence», explique Hervé Magnin, psychothérapeute et auteur de La positive solitude (1). Selon le professionnel, notre émancipation s’en trouve même bloquée. «Prendre du temps pour être seul est une source d’épanouissement car on prend de la distance par rapport à ce qu’il se passe dans le monde, dans sa vie. Cela favorise une certaine qualité d’introspection», continue le psychothérapeute. Cela permet ainsi de mieux se connaître et de prendre conscience des «signaux faibles» de son corps. «Il s’agit de sensations corporelles, comme une tension musculaire, une fatigue, ou au contraire un apaisement, que l’on n’écoute pas car on est souvent dans l’action», informe Claire Mizzi, psychologue et co-auteure de Votre meilleur ami c’est vous (2).
Se retrouver seul favorise également la connaissance de ses émotions propres, car «en apprenant à se connaître, on finit par s’apprivoiser et cela permet par la suite d’accepter les choses comme elles viennent. On est plus ouvert aux situations et aux personnes étrangères», précise la psychologue.
Plus de tolérance et de patience qui améliorent par la même occasion la qualité des moments passés en communauté. «Lorsque l’on a l’habitude d’expérimenter des choses seul, on est plus serein et on ne cherche pas à tout prix à les vivre à travers et avec les autres», relate Hervé Magnin. Et surtout, conclut Claire Mizzi, «on se consacre plus à l’instant présent, chose que beaucoup ne font pas puisque l’on est constamment envahi par nos souvenirs et nos appréhensions.»
La mauvaise réputation de la solitude
Ceci dit, tout le monde n’est pas capable de passer du temps seul. Et pour cause, certains en ont fait une expérience négative dès le plus jeune âge. Il n’est pas rare de dire à un enfant qui fait des bêtises : «tu es puni, tu vas dans ta chambre». Cette phrase universelle prononcée par les parents semble anodine et pourtant, «elle fait une association directe entre la solitude et la punition. Être seul signifie donc chez l’enfant être exclu du cercle familial et social», explique Hervé Magnin. La solitude ne bénéficierait donc que de peu de place à l’âge adulte.
Sans compter le fait que nous sommes des êtres grégaires. «On fonctionne beaucoup en communauté, on a besoin les uns des autres», souligne Claire Mizzi. C’est pourquoi, «la société ne voit pas d’un bon œil la solitude. Si l’on est seul c’est parce que l’on n’est pas sociable. Et pourtant il est naturel d’être centré sur soi, sur ses besoins», complète Hervé Magnin. Alors si vous n’arrivez pas à convaincre votre entourage sur la destination de vacances d’été, pourquoi ne partiriez-vous pas seul ?
(1) La positive solitude, de Hervé Magnin Éd. Jouvence, 4,95 €.
(2) Votre meilleur ami, c’est vous, de Claire Mizzi et du Dr Céline Tran, Éd. L’iconoclaste, 21,90 €.
* Initialement publié en janvier 2019, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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