La grande histoire du Rabbit, icône de la pop cul(ture)
“Mesdames, j’ai le plaisir de vous présenter…le Rabbit !” Difficile d’évoquer l’historique du fameux vibrateur à tête de lapin sans se replonger dans ce truculent épisode de Sex & The City.
Nous sommes en 1998 et pour ce 9e épisode, les réalisateurs de la série sulfureuse décident de plonger le sourcilleux public américain dans l’univers calfeutré de la masturbation féminine en le consacrant à un objet encore largement méconnu du grand public : le sextoy.
Et pas n’importe lequel : un vibromasseur à la silhouette phallique qui, doté d’une petite tête de lapin à sa base, permet de générer dans le même temps une stimulation interne ET une stimulation externe, démultipliant les sources de plaisir et les “happy end” orgasmiques.
Bref, une sorte de shampoing deux-en-un du sexe ultra-performant qui, comme pour les héroïnes de la série, peut vite s’avérer addictif, certaines avouant le troquer allègrement contre un partenaire de chaire et d’os. Mais comment en sommes-nous arrivées là ?
Ce matin, un lapin….
Tout commence en réalité un beau jour de l’an 1983, quand la marque de sextoys Vibratex (tout est dans le nom) décide d’importer ces vibromasseurs double fonction aux Etats-Unis. Fabriqués au Japon, ces objets de plaisir arborent tous sans exceptions des designs animaliers a priori peu attractifs sexuellement parlant, du moins pour le commun des mortels (après chacun ses goûts, on ne va pas juger).
Un parti-pris étonnant, qui résulte d’une volonté des fabricants de contourner la loi japonaise de l’époque interdisant la production de jouets sexuels, a fortiori de forme phallique. Qu’à cela ne tienne, Shay Martin, big boss de Vibratex, estime que l’aspect “mignon” de ces vibro à tête d’animaux peut s’avérer un efficace argument de vente. C’est ainsi que cette même année, le Castor, le Kangourou et la Tortue font leur apparition avant de laisser place, en 1984, au mythique Lapin et à ses révolutionnaires perles rotatives placées au milieu de la partie phallique de l’engin.
Pourquoi le lapin ? Porte-bonheur au Japon, le lapin est aussi le symbole de l’année de naissance de Shay Martin qui souhaitait ardemment développer cette nouvelle version upgradée des premiers modèles. C’est ainsi que, selon la légende, The Rabbit Pearl est né. Pourtant le succès n’est pas franchement au rendez-vous, du moins pas dans l’immédiat.
Rabbit Fever
C’est en 1997, quand la célèbre boutique d’objets érotiques Babeland ouvre ses portes à New York, que le lapin en plastique tire son épingle du jeu, avec une nouvelle version avec télécommande : the Rabbit Habit.
Un an plus tard, pour les besoins du 9e épisode de Sex and The City “Le lapin et la tortue”, les producteurs de HBO entrent en contact avec Vibratex, demandent l’autorisation de mettre en scène leur produit phare et lui offrent, presque sans le vouloir, une notoriété lui assurant la postérité.
Dès la diffusion de l’épisode, c’est le buzz immédiat et absolu. Le “cours” du vibro monte aux alentours de 90$ et des imitations du Rabbit Pearl fleurissent à chaque coin de rue, démocratisant à une vitesse fulgurante un objet jusqu’alors cantonné aux sex-shops. Une sortie du placard qui tombe d’autant plus à pic qu’elle est boostée par les débuts du shopping en ligne, assurant efficacité et discrétion.
Selon la presse anglaise, il s’en serait vendu près d’un million en seulement un an rien que sur le site internet d’Ann Summers, une boutique britannique spécialisée dans la vente de jouets sexuels. Tout le monde devient accro, de Monsieur et Madame Tout-Le-Monde à la crème de la crème des célébrités.
En 2005, Eva Longoria avoue l’offrir à toutes ses amies tandis que O, le magazine d’Oprah Winfrey le sacre “Rolls Royce des vibromasseurs”. Rabbit Fever, un documentaire britannique aux accents comiques consacré aux Rabbit Addicts, s’applique même à suivre quelques femmes qui affirment ne plus pouvoir s’en passer. Le film ne sera pas franchement salué par la critique mais donne une idée de l’ampleur de ce phénomène inédit.
Du lapin à toutes les sauces
Design minimaliste immaculé digne d’un Jeff Koons, version mini transportable en toutes circonstances, avec (ou sans) télécommande, waterproof ou auto-chauffant : dès le début des années 2010, le Rabbit se décline dans des versions diverses et variées, répondant aux besoins exigeants de la femme moderne.
Au-delà de son apparence, c’est aussi sa technologie et sa méthode de fabrication qui ont sensiblement évolué. Dotés d’une couche de silicone douce et non-poreuse, les vibromasseurs nouvelle génération sont désormais eco-friendly tout en revendiquant une durée de vie prolongée.
En plus, des habituels niveaux de vitesse et types de rotation, on compte également de nouvelles fonctionnalités grâce à la conception de moteurs ultra-sophistiqués, comme “les mouvements de poussée d’orgasme” ou le “balancement du point G”. Certains modèles prétendent même simuler un acte de sexe oral. Quant aux oreilles du lapin, initialement conçues pour la stimulation du clitoris, on les retrouve aujourd’hui sur d’autres sextoys comme les anneaux péniens ou les vibromasseurs dits “bullets”, plus fins et ergonomiques.
Bref, alors que l’hiver glacial approche à grands pas, vous l’aurez sans doute compris : rien ne sert de frémir, il suffira de vibrer à point.
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