La distraction peut être bénéfique pour la créativité

Peut-être venez-vous de mettre en pause ce que vous étiez en train de faire pour lire cet article, comme je vous comprends. En plus, il pourrait même vous donner une excuse pour remettre votre tâche à plus tard.

Dans l’Histoire, les personnages créatifs connus racontent que leurs idées les plus originales leurs sont souvent apparues au moment où ils s’y attendaient le moins –peut-être même en plein «délit» de procrastination. Le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart affirmait que la plupart de ses mélodies lui venaient en mangeant au restaurant, en marchant ou au moment de s’endormir. Le mathématicien Henri Poincaré certifiait que ses idées les plus incroyables s’étaient imposées dans les transports en commun ou en marchant au bord de la mer. Pour la romancière Agatha Christie, le déclic se produisait dans son bain ce qui lui a valu d’écrire que «les inventions surviennent dans l’oisiveté et peut-être même dans la paresse».

La période d’incubation

En psychologie, cela porte le nom de «période d’incubation» et désigne ce moment où en se consacrant à autre chose que son travail d’origine, le cerveau peut «mouliner» en arrière-plan. Cela peut se produire en se promenant, en faisant des tâches ménagères et manuelles ou en prenant sa douche. Il se pourrait même que la procrastination au travail –vous savez quand vous lancez YouTube ou Twitter– puisse nous permettre de résoudre certains problèmes créatifs, si elle est pratiquée avec modération.

Ainsi, plutôt que de fixer son attention de manière obsessionnelle sur le but à accomplir, prendre de la distance permet de faire émerger certaines solutions originales. Pour que la période d’incubation fonctionne au mieux, il faut que l’esprit soit distrait par l’exécution d’une tâche simple.

En 2012, le psychologue Benjamin Baird et ses collègues mènent une expérience scientifique pour vérifier ce concept. Dans un premier temps, ils demandent aux participants de trouver des utilisations nouvelles à des objets ordinaires. Après quelques minutes de réflexion, ils leur proposent une pause de douze minutes: un premier groupe n’a rien à faire, un deuxième une tâche simple, un troisième une tâche complexe. À l’issue de ces douze minutes, les participants retournent au problème initial. Les seuls dont la créativité est décuplée sont ceux qui ont accompli une tâche simple pendant la pause qu’ils ont ainsi transformée en période d’incubation. Pour être créatif il faudrait donc déplacer son attention par petites périodes sur des tâches simples.

Cette légère procrastination doit être effectuée avec modération. Dans une étude plus récente menée par Jihae Shin et Adam Grant, les chercheurs confient une mission à un groupe de volontaires: imaginer un business plan de 10.000 dollars pour une start-up, sauf qu’en même temps, ils leur transmettent des liens vers des vidéos humoristiques. Leur créativité est ensuite évaluée. Les plus créatifs sont ceux qui ont regardé quelques vidéos en pointillé de leur réflexion, les moins créatifs sont ceux qui n’en ont pas regardé du tout –ou trop.

Si jamais vous êtes bloqué dans votre travail créatif, octroyez-vous une petit pause: marchez, en intérieur comme en extérieur, faites une petite sieste, entamez une activité manuelle ou ménagère. Bref, évadez-vous.

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