Julie de Libran : « L'envie de réaliser mes idées me font sortir de mon lit »
La créatrice vient d’imaginer une collection pour ERES entre lingerie et haute couture, et collabore aussi avec la maison Goossens et Charvet. Autant de raisons pour elle de voir la vie du bon côté !
ELLE. Vous réveillez-vous plutôt du pied droit ou du pied gauche ?
JULIE DE LIBRAN. Disons que je ne suis pas du matin, plutôt du soir car je suis capable de dessiner jusque tard dans la nuit. J’ai surtout le réveil nécessaire, notamment pour mon fils qui va à l’école. Mais ce sont aussi toutes les idées qui se bousculent dans ma tête et l’envie de les réaliser qui me font sortir de mon lit.
ELLE. Un truc pour ne pas s’abandonner à la morosité ambiante ?
J.L. Même si je reste à dessiner chez moi toute la journée, je m’habille comme si je m’apprêtais à aller au bureau, à rencontrer des gens. Je porte des chaussures à talon, des bijoux… C’est une discipline que je m’impose car ne pas se laisser aller physiquement permet de ne pas se laisser aller psychiquement. Et puis, il y a aussi le yoga qui équilibre les émotions exacerbées. J’ai toujours pratiqué au rythme d’une ou deux séances par semaine, iyengar ou ashtanga, et j’ai découvert les cours en Zoom. Résultat, je m’exerce quatre à cinq fois par semaine, et j’en vois clairement les bénéfices : mon corps et mon esprit sont plus légers, mes muscles se sont affinés et allongés. Je me rends compte à quel point cela m’est indispensable : quand je n’ai pas le temps de pratiquer, j’ai mal au dos et le souffle court !
ELLE. Un plaisir dont vous ne pouvez vous passer ?
J.L. La nature ! J’ai besoin de son énergie, besoin aussi de ce décalage entre mon activité sophistiquée de créatrice de mode et ce retour à une forme d’essentiel. Cela est sans doute dû au fait que je suis provençale et que j’ai vécu jusqu’à ma majorité avec mes parents en Californie, près de la mer. C’est en allant étudier à Milan que j’ai pour la première fois vécu en ville ! À Paris, j’ai deux moyens de me reconnecter à la nature : soit j’emmène mon chien pour une longue promenade le dimanche au bois de Boulogne, soit je m’occupe du jardin que nous avons la chance d’avoir au bureau. Je ne suis pas une experte, mais j’essaie de faire au mieux, j’enlève les feuilles mortes, je taille, j’ajoute de la terre, je parle aux plantes. J’en ajoute aussi : des bambous pour nous cacher des voisins, des rosiers jaunes, des mimosas. Le paysagiste qui a dessiné ce jardin m’avait conseillé de ne mettre que des fleurs jaunes, comme un rayon de soleil dans la grisaille parisienne.
ELLE. Qu’est-ce qui vous fait rire ?
J.L. L’humour français : un mélange d’esprit et de légèreté, un côté direct, décalé, intelligent. Très bien incarné par mon mari – qui est donc très drôle.
ELLE. Votre dernier fou rire ?
J.L. Avec ma sœur. Je partage avec elle une énorme complicité. D’ailleurs, on a à peine besoin de mots pour partir dans un fou rire. Quand nous habitions aux États-Unis, je me souviens que l’accent français de mes parents parlant anglais nous faisait régulièrement démarrer au quart de tour. De manière générale, j’aime m’entourer de gens qui me font rire, c’est le garant de ma santé mentale.
ELLE. Que vivez-vous le mieux pendant cette période difficile ?
J.L. Avoir plus de temps en famille. Et j’aime aussi ces webinars pour les échanges qu’ils permettent avec d’autres créateurs. Avant la pandémie, nous avions rarement le temps de nous rencontrer, de discuter des sujets qui nous occupent ou nous préoccupent, et des solutions que l’on peut mettre en place. Récemment, j’étais invitée à parler avec Charles de Vilmorin et c’était très intéressant d’entendre la vision d’un jeune créateur.
ELLE. Une astuce pour vous rebooster ?
J.L. Mettre de la musique et danser. Je fais ça souvent avec mon mari et mon fils, en fin de journée, maintenant que nous rentrons tous très tôt à la maison. Et j’appelle aussi ma famille, mes amis, ils sont le meilleur remède aux coups de blues.
Source: Lire L’Article Complet