JoeyStarr : "Un peu de citoyenneté, bon sang !"
Lui qui a lâché les études après le collège revient au tableau dans la peau d’un prof à la pédagogie choc dans Le Remplaçant, lundi 12 avril à 21 h 05 sur TF1. L’acteur évoque son rôle, l’éducation des jeunes. Sans filtre, évidemment.
Le générique du Remplaçant précise "sur une idée originale de JoeyStarr". C’est-à-dire ?
JoeyStarr : TF1 est venue me demander si j’avais une idée de fiction. M’est alors revenu ce témoignage d’un lycéen qui n’avait pas eu un seul cours d’anglais alors que c’était l’année du bac. L’Éducation nationale avait dépêché en urgence une institutrice anglaise qui ne maîtrisait pas le français ! On découvrait ni plus ni moins que n’importe qui, avec un bagage minimum, pouvait se transformer en enseignant…
Vous n’êtes pas le premier prof anticonformiste à l’écran. Aviez-vous des modèles en tête ?
Mes références étaient doubles. D’abord Detachment, ce film très noir où un prof remplaçant, joué par Adrien Brody, voit sa vie bouleversée dans un lycée difficile de New York. Et puis à l’opposé, j’ai forcément pensé à Robin Williams dans Le Cercle des poètes disparus.
Vous-même, quel souvenir gardez-vous de l’école et des profs ?
J’étais là pour passer le temps et les profs ramaient pour me faire comprendre que je devais venir pour moi, pas pour faire plaisir à mes parents. J’ai redoublé ma troisième, ma quatrième et aussi ma cinquième, je crois ! Je suis même passé du public au privé avec ses punitions corporelles, mais bon, ça n’a pas changé grand-chose. Alors j’ai tout plaqué après le collège.
Un prof comme celui que vous incarnez, utopie ou réalité possible ?
Je pense sincèrement qu’au départ, quand on décide d’enseigner, c’est pour faire du mieux possible. Transmettre le savoir, ce n’est pas un choix anodin. Après, je pense que le système les use assez vite, ces gens-là. C’est d’autant plus dommage qu’on sait ce que produit un pays qui ne se préoccupe pas de son éducation, donc de sa jeunesse. Et puis l’éducation, ce n’est pas seulement sur les bancs de classe que ça se passe, c’est aussi avant et après. On ne peut pas tout faire reposer sur l’école. Il faut accompagner ses enfants, assurer une vigilance. Ce que je fais avec les miens.
Comment vivez-vous cette crise de la Covid qui n’en finit plus ?
Pour l’instant, je ne l’ai pas chopée. Je fume, je bois, j’ai tous les vices. C’est peut-être pour ça que la Covid ne veut pas de moi. Mais c’est clair, il y a eu un grave problème d’anticipation de la part du gouvernement. Et puis il faut arrêter avec le sentimentalisme. Je ne suis pas partisan d’une gestion à la chinoise, de "droner" les gens… mais je n’en suis pas loin ! Aux moindres soldes, au premier rayon de soleil, allez hop, tout le monde se met à sortir. Un peu de citoyenneté, bon sang !
Un mot sur les deux biopics en production sur votre ex-groupe NTM ?
Il y a le film Suprêmes d’Audrey Estrougo et la série pour Arte, Le Monde de demain de Katell Quillévéré. Deux projets que j’accompagne avec fierté. Mais ça fait quand même tout drôle d’être raconté de son vivant. Ça sent un peu le dépôt de bilan ! (Il éclate de rire.)
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