"Jet lag post-année Covid" : conseils de spécialistes pour remédier à la fatigue

Le temps des réouvertures des terrasses et lieux de culture est là. Et avec tout cela, l’envie de renouer avec la vie, de renaître à soi même. Voici notre stratégie, peaufinée avec des experts, pour booster sa forme physique et psychique et amorcer un nouveau départ.

Voilà plus d’un an que l’on alterne entre confinements et déplacements réglementés, seule ou en famille, en télétravail ou inactive, à espérer… la liberté ! Chacune a vécu ces moments différemment : dans le stress, l’ennui, l’angoisse, la déprime, l’hyperactivité parfois. Quoi qu’il en soit, il sera difficile d’en sortir indemne. À moins que… Et si, plutôt que se morfondre, on s’attachait à absorber sans encombres cette onde de choc. On ne perd pas une minute, on prépare l’après, dès à présent.

Recréer son espace vital

«La blessure est grave, confirme Michel Odoul, praticien en shiatsu et auteur de Dis-moi comment aller chaque jour de mieux en mieux, aux Éditions Albin Michel. La crise laissera un gros impact, non seulement au niveau économique, mais dans les corps et dans l’inconscient individuel et collectif. Elle a exacerbé toutes les fragilités et les sensibilités, elle a mit l’accent sur ce qui n’allait plus dans nos vies, devenues hystériques et épuisantes. Il faudra du temps pour se reconstruire, et il faut tout faire pour ne pas retomber dans les vieux schémas.»

Pour notre expert, cela commence par se refabriquer une immunité psychique et émotionnelle, en respectant son besoin vital d’espace personnel. Décider enfin de prendre soin de soi quelques minutes par jour (et accorder cette liberté aux autres), voilà la clé de l’équilibre et de l’harmonie, ce qu’il appelle les «5 justes» : le juste effort, le juste repos, le juste manger, le juste penser et le juste désir.

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Se (re)synchroniser

On a l’impression de ne rien faire et pourtant on se sent épuisée. «L’inaction est un engourdissement psychique», confirme le pape de la résilience, Boris Cyrulnik. Dont on ne sort pas si facilement du jour au lendemain. «La journée est rythmée par des donneurs de temps que sont l’exposition à la lumière, l’alimentation, l’action…, explique le Dr Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Or des études ont montré que, quand on prive l’organisme de ces stimuli, le cerveau est décalé et on observe de la fatigue, de l’irritabilité, de l’ennui, des modifications de l’appétit, voire de la dépressivité.»

Contre le jet lag du confiné, mieux vaut un emploi du temps structuré qui se rapproche des horaires (repas, coucher et lever, travail, activité physique…) habituels, et conserver l’alternance jours de semaine/ week-end. «Si on s’est franchement décalé, on réajuste chaque jour de demi-heure en demi-heure, et on s’expose le matin à la lumière du jour», conseille le Dr Ferreri.

S’extraire de sa chrysalide

Le premier confinement est tombé en plein changement de saison auquel l’organisme doit s’adapter. «En cette période, la sève culmine vers le haut des végétaux, particulièrement aux feuilles, comme l’énergie vitale qui couvre la surface du corps pour la protéger de la chaleur, détaille le Dr Michel Frey, praticien en médecine chinoise (1). Pour éliminer les toxines, il faut agir sur le cœur et l’intestin grêle en privilégiant les aliments de saveur amère et de nature fraîche : agrumes, abricot, rhubarbe, champignons, choux, épinard, laitue, radis, asperge, céleri branche, cabillaud, saint-jacques, maquereau, morue, poulpe, truite, blé, millet, pois sec, orge, sarrasin.» Et pour booster son foie, on boit 15 cl de jus de bouleau par jour (Weleda, Santarome, Evoleum…).

Aimer l’amer

Michel Odoul conseille de réveiller en priorité l’énergie des reins et des poumons, deux organes très affectés par la peur et l’anxiété. Les premiers correspondent aux racines et les seconds à la notion de territoire. «Il faut physiquement réapprendre à respirer, à se réhydrater (et non se surhydrater) en buvant par petites quantités tout au long de la journée. Se permettre un peu de saveur salée et piquante en début de repas. Attention, il ne s’agit pas de quantité… En médecine chinoise, la saveur ne doit pas être surprésente, juste présente et perçue. Des radis avec quelques grains de gros sel ou de piment d’Espelette peuvent suffire.»

Conserver l’assiette healthy

Pas question d’entamer une diète drastique en ce moment. Ils disparaîtront petit à petit avec le retour à la normale. Et puis, tout n’est pas négatif… Pendant les confinements, on a eu le temps de choisir, de cuisiner des produits frais, de se poser à table. Valérie Espinasse, micronutritionniste (2) nous encourage à continuer. On prépare le week-end et on congèle pour toute la semaine.

Ses suggestions : «Au petit-déjeuner, du pain avec de la compote ou du fromage. Au déjeuner, des plats mijotés de viande ou poisson et légumes avec des épices, aromates, tomates… Au dîner, une salade avec un max de légumes et un peu de thon, de sardine… Au dessert, un petit bout de fromage, et en cas d’envie de sucre, une petite part, au goûter, d’un gâteau maison en divisant de moitié la quantité de sucre ou en le remplaçant par une banane, du chocolat…»

Souffler encore

Grâce aux nombreux lives sur Instagram, nous nous sommes enfin initiées au yoga, à la méditation ou à la respiration de pleine conscience sur le balcon ou dans le salon. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? On a plus que jamais besoin de sérénité. Pour Michel Odoul, il existe en plus des outils très faciles, qui peuvent paraître simplistes, mais extrêmement puissants pour se faire du bien. Exemple ? Comme sous le masque, on ne pourra pas sourire aux gens, on se sourit à soi-même chaque matin dans la glace. «Cela peut paraître naïf et rendre sceptique, mais cela fonctionne.»

Bouger toujours

Les nombreux cours de sport en ligne nous ont aidées à rester en forme et à ne pas déprimer. Surtout, on continue. Rien n’oblige à arrêter le sport à domicile après la réouverture des salles de sport. «C’est une nécessité physiologique, insiste le Dr Ferreri. L’activité physique permet de produire des neuromédiateurs qui contribuent au maintien de l’équilibre émotionnel et « motivationnel » et d’abaisser le stress.» Difficile de continuer le jogging ? On se met – en respectant son niveau – aux entraînements «fractionnés de haute intensité» ou HIIT, enchaînements d’exercices mobilisant une importante masse musculaire avec alternance de périodes d’efforts courts et intenses et moments de récupération. On s’inspire sur litobox.com.

Se shooter à la pensée positive

«Fantasmer est primordial pour le moral, insiste Florence Servan-Schreiber, « professeure de bonheur » (3). Cela provoque dans le cerveau des sécrétions de dopamine.» Alors en attendant la libération, on tient sa liste des merveilles avec les activités qu’on fera (piscine, coloriste, restos, vacances…) et les gens qu’on verra (famille, amis…). Ce que confirme le psychiatre Patrick Clervoy, spécialiste du stress traumatique et auteur des Pouvoirs de l’esprit sur le corps, aux Éditions Odile Jacob. Pour lui, il est important d’entretenir son tonus moral en se projetant dans le futur et en «ayant le courage d’être optimiste», car il n’y a rien de plus anxiogène que de ne pas voir la fin du tunnel.

Pratiquer le Carpe Diem

L’ordonnance de Loïc Ternisien, naturopathe *

Le magnésium, pour apaiser le stress. En agissant sur le terrain, ce régulateur nerveux va bonifier le retour à la vie normale. Sous forme de bisglycinate ou de citrate, 3 à 4 prises de 100 mg étalées sur la journée.

Les complexes de vitamines B, pour réguler le système nerveux. Toutes, et plus particulièrement la B1, la B3 et la B12, permettent d’éviter l’épuisement mental.

Le guarana, pour retrouver du dynamisme. Cette plante stimulante n’a pas son pareil pour donner un bon coup de fouet. ½ cuillérée à café diluée dans un verre d’eau froide, une fois par jour.

Les Fleurs de Bach Mimulus ou Rescue. Ces élixirs floraux traitent les troubles émotionnels aigus. 1 goutte sur la langue, 4 fois par jour, loin des repas.

* Auteur de Naturopathie, le guide saison par saison (Flammarion).

Pour retrouver la pêche, on arrête de lutter en pensée, et on se concentre sur l’ici et maintenant. «Il faut profiter à fond des moments positifs et, par rapport au travail, aux enfants, au ménage, savoir abaisser son niveau d’exigence», recommande le Dr Stéphane Clerget, psychiatre. Florence Servan-Schreiber conseille ainsi de dresser la liste de tout ce qu’on a aimé dans ce confinement, comme ne plus subir la tyrannie du réveil ou du brushing, prendre ses repas avec les enfants, échapper aux transports en commun, jardiner, lire… : «Cette parenthèse enchantée ne reviendra pas ! Il ne faut pas idéaliser l’après qui marquera le retour à de nombreuses contraintes.»

Humer les eaux de consolation

L’historienne du parfum Élisabeth de Feydeau rappelle les vertus thérapeutiques des odeurs, notamment de l’eau de Cologne, qui n’est pas née en Allemagne mais à Florence, au XIVe siècle, sans doute dans le couvent Santa Maria Novella. Cette eau miraculeuse protégeait des maladies, assurait santé et longévité. Composée d’agrumes et de plantes médicinales (romarin, mélisse, essences d’orange, oranger amer, bergamote, néroli, cédrat et citron…), on s’en frictionnait le corps et on la buvait, mélangée à du bouillon ou du vin.

Plus question de l’avaler bien sûr, mais en Turquie on la distribue aux personnes âgées avec des masques pour se protéger du coronavirus… On ne vous garantit rien, mais la Cologne parle toujours de simplicité, de gaieté, de transparence, de légèreté, de partage, de générosité, de vitalité. Tout ce dont on a besoin en ce moment. Les neurosciences ont prouvé les bienfaits de ces bonnes ondes sur la psyché. On ne se lasse pas des grandes classiques signées Guerlain, Hermès, Chanel ou Dior, mais on peut essayer les nouvelles Cologne plus fruitées, plus épicées, plus sophistiquées et, surtout, plus fidèles.

Renouer le contact

Parmi les besoins fondamentaux de l’être humain, il y a celui de reconnaissance et d’amour inconditionnel, insiste Michel Odoul. Il va être fondamental, lorsque cela sera possible, de réapprivoiser le toucher. Au niveau hormonal, cela favorise la sécrétion d’ocytocine, de sérotonine, nourrit le corps et l’âme. Pour lui, le shiatsu est un massage thérapeutique complet qui permet à la fois un travail ostéo-articulaire physiologique et un travail sur les axes énergétiques et les points d’acupuncture. De plus, il se pratique avec un vêtement, ce qui est plus rassurant dans un premier temps. Pour en savoir plus, vous pouvez trouver des adresses de thérapeutes certifiés sur le site shiatsu-institut.fr.

* Cet article, initialement publié en mai 2020, a fait l’objet d’une mise à jour.

(1) La cuisine des 4 saisons selon la médecine chinoise, de Michel Frey, Tredaniel La Maisnie, 233 pages, 19,90 €
(2) Valérie Espinasse, micronutritionniste.
(3) Florence Servan-Schreiber, « professeure de bonheur ».

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