Jean-Luc Reichmann : "Jamais Léo Mattéï n’a été autant rattrapé par l’actualité…"

Cette huitième saison de Léo Mattéï, brigade des mineurs, jeudi 8 avril à 21 h 05 sur TF1, est placée sous le signe de l’emprise. Jean-Luc Reichmann, créateur et incarnation de ce commandant au sein de la brigade des mineurs, évoque ses combats.

Comment s’annonce cette huitième saison de Léo Mattéï ?

JEAN-LUC REICHMANN : La bonne nouvelle, c’est qu’on a un défilé de guests complètement fou qui ont rejoint notre cause, à savoir la protection des mineurs. Au début, certains comédiens étaient un peu réticents et demandaient à voir. Huit ans après, beaucoup souhaitent nous rejoindre. Il y a un grand élan de solidarité par rapport aux messages portés par Léo Mattéï.

Et la mauvaise nouvelle ?

La série n’a jamais été autant d’actualité, avec toutes les affaires de pédocriminalité révélées ces temps derniers. Il est venu le temps d’écouter les jeunes !

Un Français sur dix déclare avoir été victime d’inceste. En quoi la série Léo Mattéï peut-elle participer aux campagnes de prévention ?

Tout simplement en restant à l’écoute des enfants et de la société. C’est la réalité qui nous inspire. La première soirée, par exemple, fait écho aux affaires d’agressions sexuelles révélées dans le milieu sportif. Au début, on se demandait ce que je venais faire dans un rôle de flic au sein d’une brigade des mineurs mais plus les années passent, plus Léo Mattéï est en résonance avec mes combats.

Père d’une famille recomposée de six enfants, comment les avez-vous mis en garde contre les dangers qui les menacent ?

Le dialogue ! On se parle sans arrêt et sans tabou. Les dangers, ils sont partout et d’abord sur les réseaux sociaux. Les prédateurs s’immiscent dans le moindre espace. On ne sait jamais d’où ils peuvent surgir. Je l’ai vécu de plein fouet dans mon quotidien.

Vous faites référence à Christian Quesada, condamné en 2020 pour «corruption de mineures» et «détention et diffusion d’images pédopornographiques». Avez-vous tourné la page ?

La justice a parlé et ce n’est plus mon histoire. Il a fallu que je prenne de la distance, ce que j’ai fait depuis longtemps.

Vous avez engagé cette fois des jeunes comédiens handicapés. Pourquoi ce choix ?

Eu égard à mon combat sur la différence et ma volonté d’être au plus près de la réalité, il était impossible de faire jouer le handicap par des acteurs valides. Après avoir passé des annonces dans les journaux locaux gratuits, nous avons donné leur chance à des enfants pas comme les autres, désireux de vivre une première expérience en tant qu’acteur. Ils donnent la réplique à une vraie comédienne trisomique, Marie Dal Zotto, vue dans Mention particulière.Ils nous ont offert des instants magiques qui ont ému les techniciens aux larmes.

Et vous, quel petit garçon étiez-vous ?

Entre 5 et 7 ans, je me souviens que l’on me lançait des piques telles que «Ta mère avait envie de fraises», «Nez râpé», etc. Au début, c’est un jeu et après ça fait mal.

Sans cela, pensez-vous que Léo Mattéï existerait aujourd’hui ?

Peut-être pas, non. Cette différence, soit elle me faisait sombrer dans une solitude insupportable, soit je me disais : «Profites-en pour faire la différence !»

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