"Je n’imaginais pas d’avenir avec ce corps féminin" : dans un doc, ils racontent leur combat pour changer de genre

Rejetant le genre féminin ou masculin de leur naissance, Nathéo, Étienne, Emma et Lexie racontent ce qu’a été leur première vie, dans un corps qui leur était étranger. Et leur renaissance après leur changement de sexe et d’identité.

«Ce qui m’a empêché de mettre fin à mes jours, c’est qu’il y aurait eu mon ancien prénom écrit sur ma tombe et ça je ne l’aurai, je pense, jamais accepté», raconte Étienne, transgenre de 23 ans, dans le documentaire Transidentité, le combat pour être soi (1). Parti à la rencontre de ceux qui ont choisi de se libérer d’un corps qui emprisonnait leur véritable identité, le journaliste Olivier Delacroix a recueilli les témoignages d’Étienne, Lexxie, Emma et Nathéo. Souffrant en silence durant de longues années, ils racontent avec courage et sincérité ce qu’a été leur première vie, menée dans un corps qui leur était étranger, et leur renaissance après leur transition sexuelle. Un long et douloureux processus qu’ils ont mené avec ou sans le consentement de leurs proches, pour être enfin eux-mêmes.

« Totalement étranger au monde des filles »

Etienne, transgenre de 23 ans

«Ce qu’on a dans le pantalon ne fait pas de nous une femme ou un homme», explique Étienne, 23 ans. Petit, il préférait les survêtements aux robes, et les jeux de guerre aux poupées, se sentant «totalement étranger au monde des filles» auquel son sexe l’assignait à la naissance. Enfant introverti et souffrant de dyspraxie (troubles du développement moteur), ses parents n’arrivent pas à mettre le doigt sur ce qui le rend malheureux. Pour lui, qui est né dans un corps féminin mais se sent profondément homme, l’adolescence se transforme en véritable calvaire. Rejetant ce corps qui le répugne, il envisage le pire, avant de trouver le courage de s’ouvrir à ses parents. À 18 ans, il leur annonce son choix de «transitionner» du féminin au masculin. Une annonce difficile que Sylvie et Christian vont finir par accepter sous certaines conditions : parents aimants, ils ont fait le deuil de leur fille et font aujourd’hui de leur mieux pour accompagner «leur fiston» dans sa nouvelle vie.

« J’étais un homme, père de famille »

Une quête de soi qui peut parfois plusieurs décennies comme dans le cas d’Emma, qui a entamé sa transition à la cinquantaine. «J’avais une vie, on va dire classique. Je dirigeais une entreprise, j’étais un homme, père de famille. Et puis, dans un coin de ma tête, ça trottait depuis bien longtemps, il y avait quelque chose qui ne collait pas avec mon identité», se souvient la sexagénaire. Après avoir vécu des années de «honte» et de «secrets», avec cette étrange impression d’être deux, Emma assume aujourd’hui pleinement sa fémininité. Ancien patron d’une entreprise du bâtiment, elle a ouvert le premier restaurant de France tenu uniquement par des personnes transgenres. Pour elle, changer de genre, «c’est un peu un destin, il ne faut pas s’y opposer parce que c’est en vous».

C’est à l’approche de la quarantaine que Nathéo a choisi d’opérer sa transition. «Je n’imaginais pas d’avenir avec ce corps féminin», constate-t-il, après des années de mal-être auto-destructeur. Décidé à changer de sexe pour «se sauver» lui-même, «quitte à tout perdre», y compris Magali, sa femme, avec laquelle il a eu fils par PMA. C’est pourtant ensemble que le couple lesbien va traverser les épreuves physiques et psychologiques liées au changement de sexe et d’identité. Depuis, ils œuvrent pour une meilleure tolérance envers la communauté transgenre. «Nous, on connaît les deux genres et on n’a pas peur de les assumer», revendique Nathéo. Épanoui dans son nouveau corps d’homme, il a créé une marque de vêtements et d’accessoires pour personnes transgenres.

Le droit « d’exister comme tout le monde »

Ne supportant plus d’être qualifiée de «bête de foire ou de monstre», Lexxie, étudiante transgenre, a décidé de lutter contre la transphobie. Avec plus de 50.000 abonnés sur son compte Instagram, l’étudiante parisienne est devenue une porte-voix de la communauté transgenre. Victime de nombreuses agressions et insultes transphobes, elle milite à travers des conférences et des vidéos pédagogiques pour expliquer au plus grand nombre ce qu’est «le troisième genre». Réclamant juste le droit «d’exister comme tout le monde», Lexxie aimerait qu’un jour, la transidentité «ne soit plus un sujet» de société.

(1) à voir sur mardi 11 mai, à 20h50, France 5, puis en replay sur www.france.tv/france-5

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