Japon : le parti au pouvoir accepte les femmes aux réunions (à condition qu’elles se taisent)

Au Japon, le parti au pouvoir a proposé d’intégrer davantage de femmes lors de ses réunions… à la condition qu’elles participent en tant qu’«observatrices». Il s’agit d’un geste « d’apaisement » après la polémique suscitée par les propos sexistes de l’ex-président du comité d’organisation des JO de Tokyo.

Au départ, il s’agissait de rattraper les propos sexistes prononcés par Yoshiro Mori, membre éminent du parti au pouvoir au Japon, le PLD, et président du comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo. Ce dernier avait provoqué un tollé en déclarant que les femmes avaient des difficultés à parler de manière concise lors des réunions, et que c’était fort « embêtant ». Mais le remède trouvé par son parti semble aussi amer que le mal.

Toshihiro Nikai, le secrétaire général du Parti libéral-démocrate (PLD, conservateur) japonais, a ainsi proposé mardi d’inclure aux réunions du conseil d’administration cinq femmes parlementaires mais sous certaines conditions. Ces femmes pourront «observer», mais sont expressément défendues de prendre la parole lors de ces événements. «Il s’agit de les laisser jeter un coup d’œil», a-t-il précisé, lors d’une conférence de presse mardi 16 février. Selon lui, l’objectif n’est pas de les laisser participer aux prises de décision mais uniquement d’en observer le processus. Une seule possibilité se présente à elles pour faire entendre leurs voix. Ces «observatrices», comme elles sont dénommées, peuvent soumettre leur opinion séparément et par écrit, au bureau du secrétariat.

​Cette décision fait suite aux récents propos sexistes tenus par Yoshiro Mori, environ deux semaines auparavant, alors qu’il occupait la fonction de président du comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo. L’ancien premier ministre, aujourd’hui âgé de 83 ans, s’était plaint que «les conseils d’administration avec beaucoup de femmes prennent beaucoup de temps», car elles ont «du mal à finir» leurs interventions, ce qui est «embêtant». Il s’était également félicité que les femmes membres du comité d’organisation des JO sachent «rester à leur place».

Après s’être maladroitement excusé au lendemain des déclarations tout en excluant l’éventualité de quitter ses fonctions, il a finalement démissionné.

De vives réactions

Après ce scandale, c’est la ministre des JO, Seiko Hashimoto, qui a été nommée présidente des Jeux de Tokyo. À 56 ans, elle était l’une des deux seules femmes du gouvernement à occuper un poste de ministre. Chargée des Jeux olympiques mais également de l’égalité femmes-hommes depuis septembre 2019, cette dernière s’était rapidement dégagée comme favorite pour succéder à Yoshimo Mori.

Les déclarations de Yoshiro Mori avaient suscité une vague de protestations. «J’en suis restée coite», de tels propos «ne devraient pas être permis», a déclaré la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, le vendredi 5 février. «Il est inutile de retirer des mots qui ont déjà été prononcés», avait quant a elle tweeté Shiho Shimoyamada, la footballeuse et première sportive professionnelle ouvertement lesbienne. Avant d’ajouter : «La même chose se reproduira si vous n’admettez pas vos préjugés et ne prenez pas de mesures pour y remédier».

Par ailleurs, la deuxième femme à avoir été élue ministre de la Défense au Japon, Tomomi Inada, aurait échangé avec le secrétaire général du PLD, selon CNN. Cette dernière lui soumettait, dans un courrier, une liste d’idées visant à promouvoir et inclure véritablement les femmes au sein du parti. Recommandations qu’il n’a, manifestement, pas prises en considération dans sa globalité.

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