« J’adore l’idée de jouer un prof », confie JoeyStarr

Un rôle taillé sur mesure ! Dans Le Remplacant, diffusé ce lundi à 21h05 sur
TF1,
JoeyStarr campe Nicolas Valeyre, un prof de français atypique et charismatique, qui sous ses dehors d’ours mal léché cache un hypersensible. Si ses méthodes fantaisistes convainquent la proviseure (Barbara Schulz), elles ne vont pas faire l’unanimité au sein de la salle des profs (
Sébastien Chassagne, Stéphane Guillon, Nadia Roz, Armelle) ou de la seconde, réputée difficile, à laquelle il est assigné. Une série et un rôle que le rappeur a imaginé. Rencontre avec l’artiste.

« Le remplaçant » est une série « d’après une idée originale de JoeyStarr », qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer cette série ?

En fait, on m’a proposé de faire une série avec un premier rôle et on m’a demandé : « Mais, qu’est ce qui te plairait ? ». Et j’étais un peu sous le coup d’une actu concernant l’éducation nationale. Une jeune fille témoignait et expliquait qu’elle avait le bac à la fin de l’année et qu’elle n’avait pas eu de prof pendant tout le premier trimestre en anglais. Au bout d’un trimestre, un prof est arrivé. Il s’agissait d’une institutrice en Angleterre qui ne maîtrisait pas complètement le français. Et elle allait leur faire cours ! L’éducation nationale recrutait des bacheliers, qui devaient juste compléter leur formation par un stage. Je trouvais l’idée intéressante. Du coup, quelqu’un qui arrivait d’on ne sait où pouvait s’inscrire. Cela ouvrait la porte à des profs différents, des gens avec cette bonne volonté d’enseigner au départ allaient se télescoper avec l’époque, leurs collègues et les élèves. Et je trouvais cela intéressant.

Et cette idée a-t-elle facilement convaincu ?

Je n’ai pas cherché à convaincre. Les producteurs sont venus me voir. Moi, au départ, j’y croyais moyennement. J’ai sorti ce que j’avais en tête sur le moment. J’ai un peu fanfaronné. Je n’ai pas cherché à les convaincre, eux, ils étaient super partants. C’est une prod qui bosse avec TF1 à la base. Et puis, voilà, on a mis ça en place.

Comment décririez-vous votre personnage Nicolas Valeyre ?

Je dirais qu’il est intéressant parce qu’il est sans concession, qu’il agit avant de penser. Et quand il se prend un retour, il en prend acte. Il n’est pas complaisant avec les élèves, ni avec ses collègues. Il a un côté chamboule tout. Je trouve cela noble parce que cela part d’une bonne volonté. C’est une bonne âme. Je le décrirais un peu comme Mel Gibson dans L’Arme Fatale, avec le curseur un peu plus bas.

Qu’est-ce que cette série dit de l’éducation nationale ?

J’ai demandé que l’on sorte du classicisme de l’éducation nationale. Je voulais faire lire du Rimbaud, du Léon-Gontran Damas, des choses un peu atypiques, ou encore des choses de Victor Hugo qui sortent de ce qu’on connaît et que j’ai redécouvert moi-même il n’y a pas si longtemps. Est-ce qu’il faut la voir comme un regard sur l’éducation nationale ? Je ne suis pas sûr. On est plus sur un regard de l’époque plus que sur une série qui va nous dire quelque chose à propos de l’éducation nationale.

Avec ce rôle, vous jouez avec votre image. On sent beaucoup d’autodérision…

Il me plaît de faire du théâtre et du cinéma pour sortir de JoeyStarr. J’adore l’idée d’être un jour, électricien, un jour, flic, un jour, professeur. J’adore cette idée. Cela me conforte dans ma vie d’humain, complètement.

Comment s’est passée votre collaboration avec tous ces brillants jeunes acteurs ?

Je voudrais insister sur un truc, c’est que, effectivement, ils sont très brillants. Au niveau du scénario, je savais où on allait. Derrière ça, le casting qui a été fait, est très conséquent. Même si on a des comédiens qui sont accomplis pour leur âge, il y avait quand même l’effet de groupe. Quand vous mettez une bande de jeunes ensembles, forcément. Cela m’a obligé quelque part à utiliser mon charisme naturel autant pour le rôle que pour l’aura que je pouvais avoir. Parce que pour certains, pour pas mal même, JoeyStarr, c’est qui, c’est Miss Meteo sur le retour. Les mecs ne savent pas vraiment qui je suis. On s’est bien amusé, en tout cas. Franchement, je suis très content du casting en fait. Je trouve que ça répond super bien. Moi, ils m’ont touché.

Dans la série, un des personnages dit que « les livres peuvent sauver », partagez-vous cette réflexion ?

J’en suis l’exemple même ! Les mots peuvent sauver, à mort ! Il est important d’avoir l’esprit d’analyse pour pouvoir s’exprimer, surtout de nos jours, pour comprendre ce qui se passe, pour pouvoir vivre pleinement son époque, enfin pleinement entre guillemets. Mais bien sûr que les mots sont très importants. Moi, je rigole doucement. J’ai arrêté l’école après la 3e, quand je me retrouve aujourd’hui à faire du théâtre, du cinéma ou même du rap, et que tout ce que je fais existe par des mots. Je fais ma première mise en scène, je coproduis et co écrit des docs à caractère socio. Cela ne s’est jamais arrêté. Je l’ai appris après en chemin parce que je ne l’ai pas compris tout de suite malheureusement.

Vous n’avez pas croisé de professeur charismatique comme Nicolas Valeyre ?

Je ne suis pas assez fétichiste pour m’en souvenir. Mais bien sûr, j’ai eu des gens… J’ai un code pour qu’on me foute la paix. Donc forcément, il y a eu quelques matières sur lesquelles j’avais un engouement par rapport aux gens qui m’ont motivé et distillé ce savoir à ce moment-là. Quant à vous dire exactement qui, quoi, où, comment, j’ai 53 ans aujourd’hui, donc… Je suis le genre de père à dire, si mon gamin me dit : « La maîtresse n’est pas gentille avec moi », je lui réponds : « La maîtresse, ce n’est pas ta copine. Elle n’a pas à être gentille avec toi. C’est là, pour toi ». Vous imaginez l’âge du bambin qui me dit un truc comme cela ? C’est mon dernier, Marcello, qui a 6 ans. Je suis plutôt ce genre de parents là. En fait, je considère que ce n’est pas le tout d’aller dans cet endroit où on les arrose de savoir, je pense qu’il faut les encadrer avant et après aussi. Qu’ils comprennent qu’ils sont là pour eux, mais pas pour nous.

Dans une vidéo publiée récemment par l’INA, Diam’s déclare que NTM a joué le rôle de professeur pour elle. Aviez-vous conscience de cette responsabilité, de ce côté prof ?

On s’est inventé une responsabilité parce que parce qu’on aime la musique. Pour nous, il était important de faire ça. On était un peu arrivés comme ça là-dedans. On a essayé de faire ça le mieux possible. Kool Shen et moi, on a la chance d’avoir des parents… Pour ma part, mon père écoutait de la musique française, donc la teneur des mots, des textes et tout ça, c’est quelque chose qui s’est immiscé au moment où on a commencé. Et surtout, on avait ce truc. Il n’y avait pas les codes d’aujourd’hui où plus tu as l’air d’un voyou de boîte aux lettres, mieux ça passe. Nous, on s’inscrivait dans un truc, où on se disait : « Quand on n’a pas grand-chose, représenter les siens, c’est déjà quelque chose ». On n’était pas dans la posture, en fait. On s’est dit : « Tient, on a un micro, on a une écoute, donc, c’est important d’avoir un truc à dire ». On s’est inscrit là-dedans assez vite.

Les textes de NTM sont aujourd’hui utilisés en classe, cela vous fait quoi ?

On est référencé dans les bouquins des enseignants. Sur le moment, c’est vertigineux et magnifique. Je me dis en tant qu’être humain que je vais laisser une trace.

Envisagez-vous de reprendre le rôle de Nicolas Valeyre pour d’autres épisodes ?

Je ne suis pas autorisé à répondre à cela. Cela devrait être reconduit en juillet, j’attends encore.

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