Interview exclusive de Fabienne Amiach : “J'ai le goût du risque !”

Après avoir fait la pluie et le beau temps sur France 3 pendant 32 ans, l’ancienne Miss Météo se lance dans la chanson. Rencontre avec une vraie mélodieuse du bonheur…

Ici Paris : Née à Montmartre en 1959, vous avez grandi dans le sud de la France.

Fabienne Amiach : Oui, rue des Martyrs, mais je n’ai rien d’une martyre ! Je suis ensuite partie dans le Sud, dans la maison familiale, près de la mer et avec le chant des cigales, c’étaient les meilleures années de ma vie ! Là, je me suis connectée avec la nature, en prenant conscience que sans elle, on n’est rien. Après, nous sommes revenus au pied de la butte Montmartre, square d’Anvers. C’était comme un petit village et cela m’a donné l’idée, en 2000, de lancer Immeubles en fête, la Fête des voisins, avec Atanase Périfan, parce que j’avais le souvenir de ces voisins qui se connaissaient tous dans notre immeuble. On se rendait des services. C’est grâce à Jean Réveillon, mon directeur sur France Télévisions, qu’on en a parlé dans les journaux et à la télé. C’était un moyen de créer du lien social.

Vous avez commencé en 1979 en tant qu’assistante d’André Célarié à la rédaction du journal de 13 heures de TF1 d’Yves Mourousi…

C’était l’année du bac, une époque où il y avait des grands reporters et ça me fascinait. J’aurais voulu suivre cette voie, mais dans ma famille, on n’approuvait pas ce choix pour une femme. Comme je faisais de la musique, du théâtre, le deal était de reprendre mes études de journaliste. En 1986, j’ai été engagée par Europe 1 aux côtés de Jean-Marie Cavada, Jean Amadou, puis Nicolas Hulot. Et j’ai été révélée par un casting en 1990, pour présenter la météo. Je suis restée à France 3 pendant trente-deux ans !

“J’ai horreur des zones de confort… On ne m’enferme pas dans un costume trop serré “

Dans C’est pas la mer à boire, vous sautez en parachute. Vous avez le goût du risque ?

Oui, je me remets toujours en question. J’ai horreur des zones de confort. J’ai besoin de sortir du cadre. Mes tenues à la télé étaient d’ailleurs mon mode de liberté. Au début, j’en changeais deux à trois fois par jour.

Vous êtes engagée dans l’humanitaire. Une vocation ?

Oui. J’arrivais en retard à l’école car j’aidais les dames âgées à porter leurs courses, à traverser la rue. J’ai été scout. Et j’ai cet élan envers les autres. J’ai plus tard œuvré pour l’association Les Puits du désert avec Christel Pernet. Elle voulait remercier le chef Touareg Mohamed lxa de l’avoir sauvée alors que son bimoteur était tombé en rade dans le désert du Ténéré. Avec l’aide de son entreprise, en Savoie, elle a récupéré des pompes à eau inutilisées dans les stations de sports d’hiver. La chaîne de solidarité a marché. Depuis, il y a une centaine de puits dans le nord du Niger, de l’eau, des cultures, des écoles. Pendant la canicule, en 2003, avec une amie, Édith Lecoq, on a créé le standard d’entraide pour les personnes en difficulté. Les mairies ont commencé à apporter de l’eau aux personnes âgées. On est tous des personnes âgées en devenir !

Vos deux enfants, 24 et 30 ans, suivent-ils votre voie ?

Ils sont passionnés de sport et de musique, comme moi. Ils ont fait une école de commerce. Le plus jeune, passionné par les alcools, fait une formation de mixologie. Il veut créer un cocktail. L’aîné s’est lancé dans l’écologie, les chaudières à basse température, les panneaux solaires… Il a quitté la maison en janvier, à 30 ans, pour le Sud. Je suis séparée du papa depuis longtemps, je l’ai connu très jeune. Il est dans la publicité. Il vit au Maroc. Les enfants le voient. Tout se passe très bien.

“Pour l’instant, je suis célibataire et mon compagnon, c’est la musique “

Avez-vous un compagnon ?

J’avais. Ça n’a pas duré. Pour l’instant, je suis dans ma musique.

D’où vient cette envie ?

Mon père jouait de la guitare et il chantait en espagnol. J’ai toujours chanté et j’aurais voulu faire ce métier. À l’époque, avec Gérard Holtz, on avait créé les Odieux visuels et on sillonnait la France. Il y avait Nelson Monfort et Patrice Laffont. On faisait des spectacles pour des associations, au profit de causes humanitaires. Aussi, quand j’avais 20 ans, Jean-Paul Cara m’avait écrit un texte Le monde a besoin d’amour. Il vient d’être mis en musique. J’ai aussi écrit L’Hymne de la liberté avec le musicien Pierre Sebaoun. Récemment, j’ai été contactée par Michel Cywie. On est désormais en trio avec l’arrangeur Gabriel Marini.

“Dans mes chansons, je veux redonner de la dimension au cœur”

Vos titres sont engagés…

Oui, il faut que ça ait du sens. Dans J’aimerai, je veux redonner de la dimension au cœur ; J’ose te dire est l’histoire de Mahsa, tuée en Iran à cause d’une mèche de cheveu qui dépassait de son foulard. Je suis contre toute forme de contrainte. Je prends souvent parti pour les opprimés. Je suis présidente de Soleil d’enfance depuis 10 ans et bénévole depuis 25 ans. Nos différences parle de l’enfance handicapée ; Saisons niées, de l’environnement. Je veux faire passer des messages, expliquer avec des mots simples les choses difficiles de la vie.

Vous avez également écrit un essai, Le Potager des grosses légumes (éd. Fortuna, 2017).

C’est une satire politique, un jardin philosophique. La jeune journaliste, c’est moi jeune, et il y a une prof de philo, qui parle à son potager. J’ai humanisé les légumes et déshumanisé les hommes politiques.

Où passerez-vous vos vacances ?

Je conduirai ma mère, qui a 90 ans, en cure. Puis, j’irai au festival d’Avignon, chez ma sœur, dans le Sud-Ouest, et voir mes enfants sur la Côte d’Azur.

Vous avez quitté la télé en juin 2021. Y reviendriez-vous ?

Il faudrait que ça soit très drôle. On ne m’enferme pas dans un costume trop serré. La télé s’est dégradée avec le temps. La grande maison est en déroute. J’ai profité d’un plan de départ car je savais que j’avais une autre vie ailleurs. J’ai chanté récemment avec Negrita la Tzigane. Je serai bientôt à Bonneuil. Je compte écrire pour des interprètes. C’est un nouveau départ.

PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA CHEMOR

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