Interview de Stephan Gruss : “Nos chevaux sont notre priorité”
Les 25 artistes de la famille sont à Paris avec leur nouveau spectacle "Les Folies Gruss" dans lequel les numéros équestres tiennent une place d’honneur.
Ce n’est pas un, mais bien trois anniversaires que la Compagnie Alexis Gruss fête cette année : les 170 ans de cette dynastie de circassiens, leur 50e saison à Paris et les 80 ans d’Alexis Gruss, qui a fondé cette troupe spécialisée dans les arts équestres. S’il est toujours en piste aux côtés de son épouse Gipsy, ce sont leurs trois enfants, Stephan, Maud et Firmin, qui sont désormais aux commandes. Maintenant que les petits-enfants du fondateur ont également rejoint la partie, ce sont bien trois générations qui se trouvent unies dans l’amour du spectacle et des chevaux. Stephan Gruss, l’aîné des fils, en charge de la mise en scène et de la musique, nous a parlé de la relation si particulière qui les lie à leurs animaux préférés.
France Dimanche : Les représentations ont commencé. Comment vont les chevaux ?
Stephan Gruss : Bien, merci. Cinquante sont dans les écuries, dont trente-huit participent au spectacle. Ils sont semblables à notre famille : il y a les anciens, les expérimentés en pleine force de l’âge, ceux qui guident, et puis il y a plein de nouveaux. On les a habitués aux éclairages et à la musique, mais face aux spectateurs, c’est toujours une première, un grand moment d’émotion pour eux. Des moments que nous partageons ensemble.
À quoi ressemble leur vie ?
Elle est rythmée comme la nôtre, très mouvementée et très chargée, avec beaucoup de travail. Dès 7 heures le matin, on est avec eux sur la piste, nos chevaux sont notre priorité. On fait attention à leur bien-être, à ce qu’ils soient bien dans leur tête et dans leur corps, ce qui permet d’avoir de beaux artistes sur la scène. On essaie de faire toujours de nouvelles choses avec eux et que le public ressente cette relation particulière. On touche à toutes les disciplines, c’est très enrichissant.
En quoi consistent les différents numéros ?
Le spectacle met en avant nos trois spécialités équestres : le travail en liberté avec un maître écuyer au centre de la piste, comme je le fais avec quatre chevaux arabes ; la haute école [le dressage, ndlr] bien sûr, avec mes parents ; et l’acrobatie équestre qui est mise en avant dans le prologue et dans le numéro de jonglage de mes fils, un numéro unique au monde avec de nouveaux chevaux. Pour la clôture du spectacle, ma sœur Maud reprend La Poste, un numéro qui fait partie de notre répertoire. Elle y dirige plus de quinze chevaux de toutes les générations.
Combien de temps faut-il pour en obtenir la maîtrise ?
Comme le résume la devise de mon père, c’est « le travail effacé par le travail ». Nous souhaitons donner une impression de facilité dans tout. Mais celle-ci est le fruit d’années d’entraînement. Dans le spectacle, on a mis en scène une séance de travail dans laquelle mon frère Firmin enseigne l’acrobatie à cheval aux plus jeunes. Les filles n’en sont qu’à leur quatrième année, et il explique que toute l’expérience nécessaire ne s’obtient qu’au bout de sept ans.
Une fois leur carrière terminée, où vont vos chevaux ?
Nous projetons de créer une maison de deuxième vie pour eux à Piolenc, dans notre parc du Vaucluse. Des membres de la Garde républicaine et des cadres noirs [corps de cavaliers d’élite français, instructeurs à l’École nationale d’équitation, ndlr] qui passent leur vie avec leurs chevaux, sont aussi intéressés par ce projet. On pourrait aussi utiliser les plus anciens animaux pour former les plus jeunes et créer un centre de formation.
Et aussi…
Clins d’œil historiques
Alexis Gruss et sa femme Gipsy ont reçu de multiples récompenses internationales. Ensemble, ils effectuaient d’extraordinaires acrobaties à cheval. Nombre de numéros du spectacle ont donc été pensés en hommage aux leurs, dont celui d’Alexandre et Olivia Gruss dans lequel la jeune femme effectue un salto sur les épaules de son mari, lui-même en équilibre sur un cheval au galop. Maud, la fille d’Alexis et de Gipsy, reprend un numéro de fil de fer – qu’elle enseigne à son tour à sa propre fille. Tandis que Venicia, 8 ans, prend aussi exemple sur son grand-père pour son numéro avec des shetlands.
Un spectacle musical
Réussir à rapprocher le cirque de la comédie musicale, tel est le défi qu’a relevé avec brio Stephan Gruss. Ainsi tous les numéros forment les chapitres d’une histoire. Celle d’une jeune chanteuse, Candice Parise, qui veut intégrer la troupe. Guidée par l’homme à tout faire du cirque, campé par Xavier Ducrocq, elle assiste aux différents numéros qu’elle ponctue ou accompagne de chansons écrites pour l’occasion par Grégory Garell. Un pari artistique qui fonctionne très bien !
Infos pratiques
Demandez le programme ! Avant chaque représentation, un préshow permet de manger ou de boire un verre en admirant les performances de la jeune génération. Ensuite vient le spectacle musical équestre et aérien. Enfin, l’aftershow permet la rencontre entre artistes et spectateurs.
Tarifs de 25 € à 79 € Au carrefour des Cascades à Paris (XVIe) jusqu’au dimanche 25 février 2024. Puis à Béziers dès le 6 juillet 2024. Infos sur www.folies-gruss.com et au 01 45 01 71 26.
Julie BOUCHER
Source: Lire L’Article Complet