Interview de Sarika Sor ("Top Chef") : “Le meilleur cuisinier ne gagne pas forcément !”
La gagnante d’Objectif Top Chef, membre de la Brigade bleue, fait son entrée dans la compétition. Rencontre avec une jeune femme qui a tout quitté pour vivre son rêve !
Ici Paris : L’émission Objectif Top Chef que vous avez remportée l’automne dernier prépare-t-elle vraiment à Top Chef ?
Sarika : Oui, c’est un très bon entraînement. Objectif Top Chef m’a permis d’avoir le rythme des épreuves, de surmonter la pression, de m’habituer aux caméras, d’apprendre à parler pendant que je cuisine… Logiquement, tout ça devrait m’aider à bien démarrer dans l’aventure.
“Philippe Etchebest est entier, on a une relation privilégiée”
Il y a aussi votre rencontre avec Philippe Etchebest. Comment le décririez-vous ?
Philippe Etchebest est quelqu’un d’entier, il est comme à la télé, assez brut de décoffrage. Comme chef de brigade, il fonctionne en compétiteur et nous pousse sans arrêt à donner le meilleur de nous. Personnellement, il m’a beaucoup apporté. Le meilleur conseil qu’il ait pu me donner c’est d’« élaguer mes idées », en m’encourageant à préparer des choses simples mais parfaitement maîtrisées. Je n’étais pas forcément sa « chouchoute » mais nous avons une relation privilégiée.
Vous aviez perdu 7 kilos pendant Objectif Top Chef. Combien pendant Top Chef ?
J’ai tout repris ! Objectif Top Chefa été tourné en plein été pendant la canicule à Bordeaux et avec la chaleur, on transpirait beaucoup et on mangeait peu. À l’époque, j’avais un rythme très soutenu avec les tournages la semaine et mon service au Clarance à Lille le week-end. J’ai fini sur les rotules.
“L’émission, c’est 60 % de cuisine et 40 % de télévision”
Éliminé rapidement cette année, Miguel estime que Top Chef « c’est 80 % de télévision et 20 % de cuisine ». Qu’en pensez-vous ?
Il est un peu excessif. Le meilleur cuisinier ne gagne pas forcément l’émission et le meilleur candidat pour les caméras ne va pas toujours en finale. Je dirais 60 % de cuisine et 40 % de télé pour avoir vécu l’expérience deux fois de suite avec Objectif Top Chef, puis Top Chef.
Pourquoi dites-vous que vos parents d’origine cambodgienne vous ont élevée à la dure ?
J’ai reçu une éducation à l’asiatique très orientée sur la réussite scolaire, la réussite sociale et professionnelle Mes parents ouvriers ont mis un point d’honneur à ce que je fasse de longues études.
Plus jeune, je n’avais pas le droit de sortir, pas le droit d’avoir d’amis de sexe opposé. On communiquait très peu, il y avait le respect de l’aîné très présent qui nous interdisait de prendre la parole.
Vous en avez souffert ?
Honnêtement, non. Cette éducation a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. J’ai simplement découvert plein de choses plus tardivement que les autres.
Comment ont réagi vos parents quand vous avez démissionné de votre poste de chef de produit chez Leroy-Merlin pour vous reconvertir dans la cuisine ?
Je n’ai pas osé leur en parler et je leur ai menti pendant 4 mois. Ils ont eu du mal à avaler la pilule. Ils n’ont pas compris pourquoi après tant d’années d’études et un master, je quittais tout pour faire un CAP cuisine. Mes parents ont mis du temps avant de digérer l’information, mais il fallait bien qu’ils acceptent mon choix de vie. Me voir remporter Objectif Top Chef les a un peu rassurés.
“Mes parents ont eu du mal à accepter ma reconversion”
Vous êtes actuellement apprentie dans un restaurant étoilé de Lille. Quelle est votre ambition ?
À court terme, l’objectif est de continuer à me former car cela ne fait que deux ans que je me suis réorientée. Mais d’ici deux à trois ans, j’aimerais beaucoup ouvrir mon établissement.
Avec votre compagnon Valentin ?
Non, il ne travaille pas dans ce milieu et je ne pense pas qu’on puisse s’entendre en cuisine ! On s’est rencontrés pendant notre master, lui était dans le digital, moi dans le marketing. Valentin me rassure pas mal et il a été d’un grand soutien pendant le concours. J’en profite d’ailleurs pour le remercier !
Propos recueillis par Thomas Promé
Des candidats dans les étoiles
Des étoiles plein les yeux ! Dans son édition 2023, Le Guide Michelin a récompensé 4 chefs révélés par l’émission culinaire de M6. Mallory Gabsi, 26 ans, a obtenu une étoile pour son restaurant éponyme situé dans le XVIIe arrondissement à Paris. Le cuisinier a également reçu le prix du Jeune Chef 2023. Thibaut Spiwack, candidat en 2022, et chef d’Anona, à Paris, Nicolas Seibold candidat en 2016 et à la tête de La Mutinerie, à Lyon, et enfin Jordan Yuste, candidat en 2010 aux commandes de L’Arrivage, à Sète, ont aussi vu leurs efforts récompensés en récoltant à leur tour leur première étoile.
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